5. Cadeau empoisonné.
Sortant de chez son gynécologue pour le résultat des tests, Adèle ne savait plus quoi penser. Elle était estomaquée… Une infection à chlamydia, une infection sexuellement transmissible, c’est ça qui avait entraîné sa fausse-couche !
Le médecin lui avait précisé que l’infection semblait récente et que le traitement, à base d’antibiotiques, ferait son effet rapidement. Elle devrait cependant effectuer un nouveau dépistage dans trois mois pour être sure.
Elle n’avait eu qu’un seul amant ces dernières années, Olivier. Ce devait donc être lui qui lui avait refilé cette bombe à retardement.
Il avait dû l’attraper via Marine. Il ne pouvait s’agir que de ça ; au début de leur relation, ils avaient passé tous les tests avant d’arrêter les préservatifs. Et à l’époque, il n’était pas infecté.
Dans le parc qu’elle traversait sans trop y faire attention, elle s’assit sur un banc public. Elle était perdue dans ses pensées…
Le médecin lui avait expliqué qu’elle devait se soigner, elle, mais aussi son partenaire… Et les partenaires de son partenaire.
Elle avait confié ses doutes au médecin, à propos de la façon dont elle avait pu être infectée. Il lui avait conseillé de prendre contact avec son ex-compagnon pour qu’il se fasse tester.
Toujours assise sur le banc public, elle en pleura de rage. Celle qui lui avait enlevé son compagnon en lui faisant miroiter son utérus était probablement celle qui lui avait refilé cette crasse… À moins qu’Olivier ait eu d’autres aventures ? En fait, elle n’en savait rien… Elle n’avait plus aucune certitude le concernant. Elle s’en voulait ; elle n’avait pas « senti » qu’il la trompait depuis ces six derniers mois.
Finalement, une fois rentrée chez elle, Adèle prit son courage à deux mains et contacta Olivier par mail. Elle ne voulait pas entendre sa voix, l’entendre, lui.
Rien qu’à cette idée, une boule de colère lui gonflait l’estomac.
La fausse-couche est due à une infection à chlamydia. Mon infection est récente, tu as été mon seul amant ces quatre dernières années, tu dois donc être infecté et m’avoir infecté.
Une cure d’antibiotique et tu en seras débarrassé, sauf si l’utérus sur pattes te réinfecte, elle ou d’autres de tes utérus de réserve.
Adèle.
Il répondit rapidement, par texto :
Je vais me faire tester, Adèle.
J’aimerais qu’on parle, toi et moi, de ce qui s’est passé.
Olivier.
Elle lui répondit :
Ce qui s’est passé ? Tu parles de quoi ?! De ta trahison ? Du fait que tu es responsable de ma fausse-couche ? Il n’y a rien à discuter Olivier, tu as tout gâché entre nous !
Olivier resta un peu penaud face à son téléphone portable, mais n’insista pas.
Le fait qu’il soit potentiellement à l’origine de la fausse-couche d’Adèle le tracassa. Par texto, il contacta Marine pour lui donner les informations qu’il venait de recevoir.
Marine l’envoya paître en lui adressant le message suivant :
N’importe quoi, cette nana est folle, t’as bien fait de la quitter.
Il souffla, de toute façon, c’était fini avec elle, leur liaison avait pris fin quelques semaines après la rupture d’avec Adèle… Il avait dû rester chez elle, le temps de se retourner et de trouver un studio pour se loger après qu’Adèle l’ait mis à la porte de son appartement.
Dans son petit studio, il mit une pizza au four et alluma sa télévision ; il allait regarder quelques séries policières pour se changer les idées.
En se préparant une bière avant de sortir la pizza du four, il se dit,
— Comme si ce n’était déjà pas compliqué… J’espère que je ne suis pas contaminé et Marine non plus !
Il souffla,
— J’aurais dû la laisser parler avant moi, le jour de la rupture… Si j’avais su pour le bébé, je ne lui aurais pas dit pour Marine et ça se serait réglé tout seul, surtout vu que c’était une fausse alerte pour elle. J’ai vraiment été con sur le coup.
Il embarqua son plat et sa boisson et s’installa confortablement pour commencer son marathon télévisuel.
***
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