23. L'annoncer à Camille.

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Adèle se réveilla en sursaut parce qu’elle avait entendu du bruit en provenance du salon de l’appartement de Bertrand. Elle n’était pas souvent restée dormir chez lui, préférant le confort d’être chez elle pour dormir avec son amant.

Elle soupira doucement, ce devait être Camille. Adèle ferma les yeux et pinça les lèvres… Elle allait se confronter à la fille de son amant… Plus uniquement à la fille de son ami. Même si elle savait bien que Camille semblait souhaiter cette situation, elle stressa un peu ; entre le souhait d’une adolescente et une confrontation à une réalité de ce type… Adèle avait peur de heurter Camille ; cela la placerait dans une autre position face à celle qu’elle considérait comme une nièce, depuis toujours.

Elle regarda Bertrand qui dormait encore et se décida à aller à la rencontre de Camille ; seule à seule, peut-être que cela se passerait bien ?

Elle se leva, Bertrand bougea sans se réveiller. Adèle revêtit un pyjama et passa une robe de chambre par-dessus, puis ouvrit la porte de la chambre à coucher.

Camille était assise dans le divan sur lequel elle et Bertrand avaient fait des galipettes la nuit précédente, cela fit sourire Adèle qui se remémora rapidement la scène.

Adèle souriait tandis que Camille la regardait sortir de la chambre. Elle était bouche bée et retirait ses écouteurs au ralenti puis un sourire éclaira le visage de Camille qui fit signe à Adèle de venir vers elle.

Une fois à sa hauteur, Adèle s’assit sur le divan, là où Camille tapotait pour lui indiquer la place à côté d’elle.

Adèle ne dit rien… Rien ne lui venait, c’est Camille qui engagea la conversation.

— Est-ce que c’est ce que je crois ? Tu as « dormi » avec papa ?

Adèle se sentit un peu rosir et s’en voulu… Zut, elle n’avait plus seize ans, elle était adulte… Qu’est-ce qui la rendait si « midinette » tout d’un coup ?!

Camille la détailla et lui fit remarquer,

— Ah, oui, c’est ça… Non seulement, tu rougis, mais en plus, je vois bien que tu n’as pas dormi dans le pyjama que tu portes… Tu as donc dormi avec papa… Et sans pyjama !

Lorsqu’elle croisa le regard de Camille, les deux éclatèrent de rire. Adèle la prit dans ses bras et lui confirma,

— Je ne peux pas te le cacher plus longtemps. Oui, ton père et moi, nous sommes ensemble, Camille.

Elle attendit la réponse de Camille qui plongea sur sa poitrine et s’y lova avant de lui dire,

— Je suis super contente tatie Adèle, j’étais sure que ça arriverait un jour, je l’ai toujours voulu, depuis que j’étais petite.

Étonnée, Adèle répéta,

— Depuis que tu étais petite ?

— Oui, avec toi, il n’y avait jamais de dispute ; oui, on discutait ferme, parfois, mais jamais d’engueulades comme avec maman, et papa a toujours été heureux et complice avec toi, je le voyais, même quand j’étais petite.

Camille fit une petite pause puis reprit, alors qu’Adèle lui caressait le dos,

— Je t’ai toujours considérée comme ma deuxième maman… Parfois, j’aurais préféré que tu sois ma maman.

Adèle sentit ses entrailles se nouer…

— Camille, je ne suis pas ta maman… Je…

Voyant son embarras, Camille lui précisa, avant de la serrer, à nouveau, dans ses bras.

— Je sais, mais avec toi, je peux tout te dire, c’est ça que j’aime bien chez toi, tu ne me juges pas. T’inquiète, je ne dirais jamais ça à maman… Mais je n’en pense pas moins. Et je suis super contente que papa et toi, vous soyez ensemble.

Camille se redressa et lui dit,

— T’as envie de prendre un bon petit-déjeuner ? J’ai ramené des petits pains, pour papa et moi… Il faudra partager, mais on pourrait faire des toasts en plus, il y a du pain de mie, je crois.

— Va pour un bon petit-déjeuner, j’ai faim !

Adèle s’arrêta sur le chemin les menant à la cuisine, Camille l’interrogea du regard et se rapprocha d’elle. Adèle l’enlaça et lui dit,

— Merci Camille, pour tout ce que tu m’as dit, mais aussi pour m’accepter dans ta vie et celle de ton père.

Camille l’enlaça aussi et lui répondit,

— Moi, je suis contente que ce soit finalement arrivé entre vous deux, tatie Adèle.

Soudain, Camille se sépara d’Adèle, se planta devant elle et lui demanda, les yeux dans les yeux,

— Mais, je dois t’appeler comment maintenant ? Belle-maman ?

Adèle s’esclaffa de rire, mais ne sut que répondre, lorsqu’elle entendit, derrière elle, la voix de Bertrand annoncer doucement,

— Tu peux continuer à l’appeler tata Adèle, Camille, nous verrons pour la suite.

Elle dépassa Adèle pour embrasser son père puis fila vers la cuisine en déclarant qu’elle allait préparer des toasts et qu’ils n’avaient qu’à s’installer autour de la petite table de la cuisine.

Bertrand enlaça Adèle par-derrière et lui glissa,

— De ce que j’ai pu entendre, cela m’a l’air d’être passé comme une lettre à la poste, non ?

— Oui, ça s’est super bien passé.

Elle se retourna pour lui faire face et lui glissa, au creux de l’oreille,

— Je t’aime Bertrand.

Le regard de Bertrand s’éclaira et lui répondit,

— Je t’aime aussi Adèle.

Il posa ses lèvres sur celles d’Adèle lorsque Camille les appela, s’étonnant qu’ils ne soient pas encore assis et prêts à déguster ses toasts.

Les deux amants se sourirent et Bertrand lui glissa à l’oreille, avant de la pousser vers la cuisine,

— Nous disserterons autour de notre amour un peu plus tard, je crois, lorsqu’elle se décidera à aller faire un tour quelque part sans nous.

Ils déboulèrent tout sourire dans la cuisine, Camille souriait autant qu’eux.

***

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