30. Mise au point.
De retour de son travail, Olivier trouva des sacs dans le petit corridor de l’appartement de Daphnée. Il l’interpella, tout guilleret,
— Dis, c’est quoi tous ces sacs ? Tu déménages ?
Il arriva dans le salon où Daphnée l’attendait, assise dans le fauteuil près du téléphone. Dès qu’elle le vit, elle lui répondit,
— Non, c’est toi qui déménages. Tes parents sont prévenus, ils t’accueillent le temps de réfléchir à la situation.
— Que… Quoi ? Quelle situation ?
Daphnée soupira doucement, et, sûre d’elle, lui demanda,
— Tu maintiens toujours la version de l’avortement d’Adèle derrière ton dos ? La version de la rupture qui venait de toi ?
Crispé, il lui lança,
— C’est Marine, c’est ça ? Il ne faut pas la croire, elle voulait que je sois avec elle, j’ai pas voulu, elle se venge !
— Oh, elle n’a pas été ta maîtresse pendant plus de six mois alors ?
Il hurla,
— Non, elle ment !
— Ah, et donc, Adèle ment aussi quand elle m’explique qu’elle t’a foutu dehors après que tu lui ais avoué que tu pensais que la maîtresse, que tu n’avais pas, était enceinte, alors ?!
Olivier pâlit brusquement,
— Comment ? Adèle ?
— Oui, j’ai eu des contacts avec Adèle, j’ai eu sa version et la version de Marine. Pas vraiment celle que tu m’as donnée, non ?
Olivier s’écroula en pleurs, en songeant,
Non, non, pas ça ! Non, merde ! J’ai encore réussi à tout foutre en l’air. Con, je suis con !
Il s’approcha de Daphnée en la suppliant,
— Je suis désolé Daphnée, oui, je suis fautif, je n’aurais pas dû te donner cette version-là, pardonne-moi mon amour !
Elle le repoussa en exprimant du dégoût face à son approche. Sur un ton brusque, elle lui dit,
— Arrête de chialer comme un gosse, retourne chez tes parents pour faire le point, si tu en es capable. A l’heure actuelle, je ne veux plus de toi ici !
— Mais, et notre bébé ?
— Il est toujours dans mon ventre… Mais bon, je pense que je demanderai à faire des tests de dépistage lors de ma prochaine visite chez le médecin ; on ne sait jamais, tu vas peut-être me sortir que tu vois encore Caroline depuis qu’on est ensemble ?
Olivier se tut, d’un silence coupable que Daphnée repéra de suite. Elle fulmina,
— Une chose est de mentir sur tes expériences passées, mais là … Tu me dégoûtes!
Elle étreignit les accoudoirs du fauteuil et hurla,
— Sors de chez moi, connard !
Résigné, Olivier chargea les sacs qu’elle avait préparés dans sa voiture et roula jusque chez ses parents.
Ces derniers l’attendaient dans le salon. Il entra, un peu penaud,
— Salut p’pa, salut m’man.
— Bonsoir mon fils, dit rudement Charles
— Bonsoir Olivier, dit Marie.
Sa mère lui avait parlé sans même le regarder, se concentrant sur le livre qu’elle avait dans les mains. Charles tourna la page de son journal.
Alors qu’il restait planté, là, sans bouger, Marie lui indiqua, toujours sans le regarder,
— Ta chambre est prête, il y a un restant de repas dans le frigo.
— Et quoi ? Chuis puni, c’est ça ?
Sur un ton glacial, son père lui dit, en le regardant dans les yeux,
— Prends-le comme tu veux, mais nous n’aurons pas de discussion à ce sujet ce soir, nous te laissons réfléchir aux conneries que tu accumules ces derniers temps.
— Mais, non, c’est…
Il fut freiné par son père qui leva la main afin de stopper la discussion. En râlant, Olivier se rendit dans la cuisine avant de monter quelques sacs et de s’enfermer dans sa chambre.
Marie regarda son époux et lui dit,
— Mais qu’est-ce qu’on va faire Charles ? Il casse tout, il ne respecte rien !
— Il doit prendre ses responsabilités et assumer ses actes, Marie. Il commence sérieusement à m’énerver !
Marie sentit des larmes lui monter aux yeux. Elle soupira tristement.
***
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