54. Dernier Noël en famille.
Vanessa déclinait doucement, mais restait vive d’esprit. Elle avait prévu des petits cadeaux pour chacun en cette veillée de Noël qu’ils avaient choisi de faire en toute intimité, au vu de la situation de Vanessa.
Le matin du vingt-quatre décembre, Camille ouvrit la porte à un livreur qui lui confia quatre boites en carton.
Vanessa se dirigea péniblement vers la porte et sourit. Camille réagit vivement et sermonna sa mère ;
— Mais maman, qu’est-ce que tu fais debout ! Tu vas tomber, retourne te coucher ! Viens, je te raccompagne.
Vanessa accepta l’aide de sa fille, elle sentait bien ses forces la quitter. Heureusement qu’elle avait la morphine, cela lui permettait de tenir sans se tordre de douleur. Elle glissa, tout bas, à sa fille,
— Mes commandes sont arrivées, je suis contente.
— Oui, ce sont des colis à ton nom, maman. Tu as commandé par internet ?
— Oui, un dernier petit plaisir avant de partir.
Camille sentit son cœur se serrer et dit à sa mère,
— Maman…
Elle l’aida à se remettre dans son lit. Vanessa la retint.
— C’est pour bientôt, Camille, je le sens.
Tristement, Camille lui dit,
— Je le sens aussi maman, mais je n’en ai pas envie !
Sa mère lui caressa le bras puis lui demanda,
— Tu serais d’accord de dormir à côté de moi ce soir ? Tu sais, comme je faisais quand tu étais petite et que tu étais malade.
Camille prit sa mère dans ses bras et lui glissa, à l’oreille,
— Je ne te laisserais pas seule, maman, je serais là, avec toi, ce soir.
— Merci.
Vanessa envoya sa fille aider son père et Adèle puis se reposa. Le fait de s’être levée l’avait terriblement épuisée et ses maux de tête étaient de plus en plus intenses… La faute à la métastase qui grossissait.
Le repas de fête fut serein, Vanessa grignota ce qu’elle put, d’autant plus que le menu avait été confectionné en fonction de ses goûts à elle.
Elle était heureuse, elle avait eu des réticences à venir habiter chez son ex-compagnon et son épouse, mais finalement, elle se sentait réellement en famille. Adèle la soutenait plus qu’elle ne l’aurait espéré, elle était devenue une véritable amie. Bertrand restait proche d’elle. Sa fille était entre de bonnes mains. Elle pouvait partir sereine et rassurée.
Elle fut ravie de voir les mines surprises et heureuses lorsqu’ils découvrirent les cadeaux qu’elle leur avait commandés. Elle avait été attentive aux envies de chacun dès le moment où elle avait emménagé chez eux. Ce Noël était son but, elle voulait tenir jusque-là et les remercier pour leur hospitalité et la tendresse avec laquelle ils l’avaient soutenue.
Sa fille poussa un petit cri en découvrant une tablette dernier cri.
— Tiens, tu pourras tester cette minicarte SD dès demain.
Elle lui tendit une petite boite contenant ladite carte.
— J’y ai mis des photos de toi et de moi, une petite compilation.
Camille prit sa mère dans ses bras et ne la lâcha pas de la soirée.
Adèle découvrit une liseuse, accompagnée d’un abonnement prépayé pour l’achat d’ebook.
Voyant la mine réjouie de son amie, Vanessa précisa,
— Comme ça, quand tu es dans le bus, ce sera plus pratique que les bouquins qui pèsent lourds dans ton sac.
— Merci Vanessa ! J’en ferais bon usage !
De son côté, Bertrand ne disait rien, il était plongé dans la découverte du livre qu’il avait reçu.
Vanessa l’interpella,
— Et toi, Bertrand, que penses-tu de ce que je t’ai concocté ?
Bertrand avait le regard humide, il lui dit,
— C’est génial, un bouquin sur nous, sur Camille… Avec des photos dont je ne me souvenais même plus. C’est magnifique.
Elle sourit,
— J’ai retrouvé ces clichés en faisant mes caisses. Je suis heureuse d’avoir eu le temps de le faire éditer.
Il prit sa main et la serra très fort en articulant un « merci » silencieux.
Antoine reçut aussi sa part, Adèle et Bertrand découvrirent une gourmette sur laquelle Vanessa avait fait inscrire « Antoine et Camille, frère & sœur pour la vie ».
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