Elle s'appelait Sarah...

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   Sarah n'avait que cinq ans et sa vie venait de s'achever. Plus jamais on entendrait son rire cristalin, plus jamais elle ne sourirait en montrant ses fossettes. Plus jamais elle n'irait courir dans ces bois qu'elle affectionnait tant. Plus jamais, elle écouterait sa grand-mère maternelle lui lire une histoire, confortablement assise sur ces genoux. Plus jamais, elle ne pourrait câliner sa peluche hérisson qu'elle adorait plus que tout. Plus jamais elle n'irait rejoindre ses copains à l'école.

   Elle n'avait que cinq ans et ce peu d'années où elle avait vécu, elle n'avait connu que très peu de bonheur. Mais chaque occasion était bonne pour profiter de la vie, pour sourire et vivre ce qu'elle appelait "des aventures".

   Elle n'avait que cinq ans et elle avait rencontré des gens formidables, des gens qui l'avaient poussé à survivre, des gens qui l'avaient encouragé encore et encore. Mais elle avait aussi rencontré des gens malfaisants, des gens qui lui avaient fait du mal, des gens qui aimaient faire souffir.

   Son père faisait partie de ces gens malveillants. Toute sa petite vie, il lui avait reproché la mort de sa mère pendant l'accouchement. Etait-elle fautive d'avoir tué sa mère avant de naitre ? N'aurait-elle pas voulu, elle aussi, rencontrer cette femme qu'on disait extraordinaire ? Elle aimait toujours quand sa grand-mère lui parlait de sa maman.

- Un jour, elle a couru si vite que j'ai cru qu'elle s'envolait, dit mamie Jeanne.

- Elle a volé maman ? demanda Sarah.

- Non, elle est tombée et s'est écorchée le genoux. Elle a beaucoup pleuré.

- Oh, la pauvre.

- C'est pourquoi toi aussi, tu dois faire attention quand tu cours vite.

- Oui, mais si j'arrive à m'envoler, je pourrais aller voir ma maman.

- Oh Sarah... gémit mamie Jeanne.

Elle prit tendrement sa petite-fille dans ses bras et la berça.

   Sarah aimait quand mamie Jeanne lui racontait les aventures qu'avaient vécues sa mère. Elle voulait la copier, faire encore mieux. Mais son père la grondait toujours. Fort, trop fort. Elle n'aimait pas quand son papa sortait sa ceinture pour lui donner une leçon. Elle n'aimait pas la brûlure qu'elle ressentait encore des jours après. Elle avait beau essayer d'être une gentille fille pour son papa, cela ne suffisait jamais. Elle faisait toujours quelques chose qui lui déplaisait. Un sourire de travers, un regard un peu trop appuyé, une tache sur ses vêtements. Jamais rien n'était parfait. Et quand elle faisait une grosse bêtise, son papa l'enfermait deux jours dans sa chambre, les volets fermés et sans lui donner à manger. Elle passait alors son temps à pleurer sur son lit, étouffant ses pleurs pour éviter une autre correction.

   Sarah avait cinq ans aujourd'hui. Et elle avait décidé que la journée serait belle, fantastique, inoubliable. Elle avait décidé que ce dernier anniversaire serait fabuleux. Elle passa la matinée avec sa grand-mère à se préparer, s'habiller d'une nouvelle robe, se coiffer ses cheveux bruns soyeux.

   Sarah était une petite fille très jolie. Elle était brune, comme sa mère, mais ses cheveux étaient bouclés, comme son père. Elle tenait de sa grand-mère des yeux bleus. Quand on regardait Sarah, on voyait une petite fille comme les autres, peut-être un peu plus belle que certaine, mais une petite fille heureuse et enjouée. Et elle était enjouée, ce jour-là. Ces copains de l'école avait été invité à venir pour le gâteau. Ils étaient tous là, ses copains préférés comme elle disait. Ses copains, qu'elle aimait autant qu'elle aimait sa grand-mère.

   Après le dessert, elle s'esquiva avant d'ouvrir ses cadeaux. Son père était renfrogné dans son fautuil devant la télé. A chaque fois qu'elle croisait son regard, il lui montrait sa ceinture. Oui, il n'appréciait pas tous ces gens chez lui. Mais, il pouvait bien faire ce qu'il voulait, Sarah serait morte avant ce soir.

   Elle récupéra sa peluche hérisson puis sortit de la maison par la porte arrière, faisant le moins de bruit possible. Elle alla vers la route qui était toujours envahie par de nombreux chauffards, comme mamie Jeanne disait. Aujourd'hui, elle avait cinq ans et elle allait enfin rencontrer sa mère.

   Quand elle vit la voiture arriver à toute vitesse, elle attendit le dernier moment pour se jeter sous ses roues. Le bruit des crissements de pneu fit sortir toute la maisonnée dehors. Mamie Jeanne accourut vers sa petit-fille. Ses beaux cheveux et ses beaux habits étaient tâchés de sang. Elle entendait vaguement les gens appeler les secours ou mettre leurs enfants dans la maison pour qu'ils ne voient pas. Pour qu'ils ne voient pas que leur amie était en train de mourir sur la route, le jour de son anniversaire.

   Elle s'appelait Sarah, elle venait d'avoir cinq ans et son premier réel bonheur, elle venait de l'avoir en se jetant sous une voiture.

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C'était mon premier récit "défi" alors soyez indulgent !

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