Six personnes se retrouvaient coincées dans une pièce minimaliste, sans fenêtres, mais avec assez de néons pour faire pâlir d'envie n'importe quel nightclub des années 80. À l'intérieur, quelques meubles mal assortis – une table bancale, un canapé déchiré digne d'un mauvais film d'étudiant, et un écran plat éteint qui semblait beaucoup trop menaçant pour un objet inanimé.
Le grand type musclé – clairement sorti d’un casting pour le prochain Fast & Furious – croisa les les bras et fronça les sourcils comme s'il essayait de déclencher une explosion juste avec la force de son regard. "OK, c’est quoi ce délire ? Quelqu’un a vu Saw récemment ?"
Affalé dans le canapé déchiré, un gars maigre avec une chemise à carreaux levait nonchalamment les yeux vers le plafond. "Non, mais j'ai vu Fight Club trois fois de suite. Si ça peut aider."
"Ça n’aide en rien," grogna une femme assise près de la table. Ses cheveux roses détonnaient dans cette atmosphère morose. "Et si quelqu’un sort un joker Matrix en mode ‘What is real ?’é, je le frappe avec cette chaise." Elle désigna une chaise en plastique qui semblait prête à céder à la moindre provocation.
Un bruit électronique grinçat. Tous se tournèrent vers le grand écran plat accroché au mur. Il clignota, puis s'alluma brusquement. Une voix monotone et synthétique, façon HAL 9000, s’éleva dans la pièce. "Bonjour. Bienvenue dans le Grand Jeu Ultime. Vous avez été choisis pour... "
"Ah non," interrompit une petite femme, assise en tailleur sur le sol. "Ça sent la mauvaise télé-réalité. Où sont les caméras cachées ?"
Le type à la chemise à carreaux éclata de rire. "Ouais, comme dans Le Truman Show. Sauf que nous, on n’a même pas Jim Carrey pour nous faire sourire."
Le muscle, toujours aussi intense, fixa l'écran. "Si c'est un piège, je suis prêt. J'ai vu Die Hard quinze fois."
La voix synthétique, complètement ignorante de leur humour de série B, poursuivit. "Pour sortir de cette pièce, vous devezvez trouver le bouton mystère."
"Évidemment, le fameux bouton," ricana la femme aux cheveux roses. "C’est comme dans tous les jeux vidéo rétro où tu dois appuyer sur un machin pour ouvrir la porte."
"Ou c’est comme dans Indiana Jones," ajouta l’homme en chemise, "où tu appuies sur le mauvais bouton et bam, les murs se rapprochent pour te transformer en pâte à modeler."
La petite femme aux jeans déchirés soupira. "Si on peut éviter d’être écrasés façon Star Wars dans le compacteur, ça m’irait."
Un léger silence s'installa avant que le gars au fond, caché derrière un livre qu'il semblait lire depuis le début (un classique Le Seigneur des Anneaux), ne lève la main. "Et si... on cherchait vraiment ce bouton ?"
Tous le regardèrent. C’était peut-être la première idée sensée de la journée.
La femme aux cheveux roses haussa les épaules. "OK, allons-y. Mais je parie qu’il ressemble à celui du Faucon Millenium. Plein de faux espoirs, et toujours un peu cassé."
Ils se mirent en quête du bouton, fouillant chaque recoin de la pièce. L’écran continuait à débiter des instructions absurdes, dans un style narratif qui évoquait une tentative ratée d’intelligence artificielle.
Finalement, le type musclé, après avoir retourné tout le canapé, tomba sur un petit objet derrière un coussin. "Je l’ai !"
Le bouton était rouge. Parce qu’évidemment, il devait être rouge.
"Si tu appuies et qu’on se retrouve dans un remake de Jurassic Park, je te préviens, je te pousse en premier vers le T-Rex," plaisanta la femme aux cheveux roses.
Le musclé sourit, appuyaz sur le bouton... et la porte s'ouvrit. Simplement. Sans fanfare, ni explosions hollywoodiennes.
Ils se regardèrent, incrédules.
"C'était….. facile," dit la femme en tailleur. "Pas de piège, pas de course poursuite avec des aliens ou des nazis zombies ?"
Le gars en chemise à carreaux haussa les épaules. "Peut-être qu’on est dans un film d’auteur. Vous savez, ceux où il ne se passe rien, mais c’est censé être profond."
La voix synthétique intervint à nouveau. "Merci d’avoir participé au Grand Jeu Ultime. Pourriez-vous évaluer cette expérience sur une échelle de 1 à 10 étoiles avant de quitter la pièce ?"
"Je donne un zéro," lança la femme aux cheveux roses. "Où est l’action ? Où sont les retournements de situation ? Franchement, je m’attendais à plus de drame."
"Moi, j'ai faim," ajouta le gars au livre. "J'espère qu'il y a au moins un food truck de tacos dehors. Sinon, ce n'est pas Mad Max qui commence, mais une révolte."
Ils sortirent tous de la pièce, perplexes, mais plutôt soulagés.
Après tout, survivre à une expérience absurde sans menace réelle, c'était déjà pas mal... même si un peu plus de Matrix ou de Star Wars aurait rendu le tout plus divertissant.
Et comme toujours, l'écran resta allumé, attendant la prochaine bande de victimes pour son Grand Jeu Ultime, sans jamais vraiment comprendre que les références "pop culture" faisaient tout le sel de l’histoire.