J’étais en train de déguster mon déjeuner lorsque mon téléphone sonna. C’était un SMS, provenant du destinataire « 32 ». 32 était un code pour désigner une société secrète luttant pour la protection de notre monde, contre les forces démoniaques des Spectres, qui tentaient de l’envahir. Le message était crypté, mais l’habitude acquise avec mes années de service me permettait aujourd’hui de le lire facilement.

Un Mégaspectre s’était matérialisé dans l’intermonde, au centre de la ville, et menaçait de passer dans notre plan. Mon rôle était clair : je devais intervenir.

Je n’avais pas toujours été un héros protégeant l’humanité. Il y a six ans, j’ignorais tout de cette réalité dissimulée, mais mon destin m’a appelé à lui, et mes yeux se sont ouverts le 16 août 2011. Je nettoyais mon logement, et pour la première fois, j’utilisais pour les toilettes la brosse que j’avais récupéré quelques jours plus tôt.

J’étais alors en vacances, seul, dans la montagne, voulant renouer avec les forces pures d’une nature immaculée en m’adonnant au Kemi, un art martial ancestral que j’avais inventé. Au détour d’un sentier, je tombai sur une grotte, derrière une cascade. Le bruit de l’eau masquait le tintement qui m’attira inconsciemment à l’intérieur. Là, sur un piédestal, reposait la brosse à chiottes. Noire. Comme sculptée dans le jais. Hypnotisé, je l’emportai.

Ce 16 août 2011 donc, lorsque je l’employai pour laver mes toilettes, une chose stupéfiante se passa. Soulevé à quelques centimètres au-dessus du sol, une vague d’énergie me submergea, et je vis mon corps se recouvrir d’atours étranges et colorés. Un diadème ceignit mon front, et une voix me parla.

« Tu as été choisi, dit-elle. La Brosse t’a choisi pour lutter contre les forces du mal. Te voilà investi de sa puissance, héritée du fond des âges, pour l’héritier des gardiens célestes. »

Dès ce jour, je sentis mes forces décuplées, mon endurance infinie, une volonté de fer.

Puis le 32 me contacta.

Je posai mon téléphone et rejoignis la salle de bain. La brosse de jais reposait sur son socle, près de la toilette, telle Excalibur, majestueuse et impressionnante. Je m’en saisis, et le pouvoir afflua. La transformation m’étourdit, et, ouvrant la fenêtre, je m’envolai vers le ciel pour répandre la justice et le Bien.