Chapitre 8: La Prophétie. 

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«Le prophète s'assure de l'événement avant de le prédire»

- De Horace Walpole / Lettre à Thomas Walpole.

Alexandre marchait le long d'un chemin sinueux en compagnie de Laure. Tous deux étaient habillés d'une longue cape rouge flamboyant, représentant leur nature de divinité du Feu. Alexandre enleva sa capuche et avança seul jusqu'à un immense arbre. Il leva la main et posa sa paume sur la souche rugueuse. Il ferma les yeux, attendant d'être analysé. Il sentit une décharge en lui et s'écarta de l'arbre qui se divisa en deux, laissant un passage. Alexandre fit signe à Laure de le suivre et ils entrèrent. Ils virent une petite pièce très sombre, faiblement éclairées par des bougies. Un vieil homme était assis au centre sur une montagne de coussins. Il leva la tête et leur fit signe de venir le rejoindre. Alexandre le remercia d'un hochement de tête et fit ce qu'il lui demanda. Une fois tous assit, l'homme du futur lui dit.

— Merci de nous accepter dans votre antre, Aigle-Voyant.

— C'est avec plaisir, Loup Solitaire. Qui est donc ton accompagnatrice?

— Laure, la mère de Maëlys, répond Alexandre -Loup Solitaire- d'un regard appuyé.

— Je vois, ravi de faire votre connaissance, Lionne Enflammée, dit Aigle-Voyant d'une voix faible.

— Lionne Enflammée? reprit-elle surprise.

— Aigle-Voyant aime donner ce type de nom qui selon lui révèle notre personnalité, lui expliqua Alexandre.

— Puis-je savoir la raison de votre visite? leur demanda le vieil homme.

— Laure s'inquiète pour Maëlys. Je lui ai appris l'existence de la Prophétie et je me suis que vous êtes le mieux placé pour lui en parler.

— Je vois, murmure Aigle-Voyant. Tenez, prenez ces tasses de thé, je vais tout vous raconter.

Laure et Alexandre le prirent et burent quelques gorgés. Le vieil homme prit une pipe et inspira une gorgée. Il patienta quelques instants et commença son récit.

— Une guerre sans nom naîtra entre les cieux. Une fille de flammes et un garçon du vent naîtront. Ils s'uniront sans le vouloir et auront une lignée d'hybrides, mi-flammes, mi-vents. Un d'entre eux sera plus flamme. Il sera d'une puissance inégalable. C'est grâce à lui que la guerre cessera et que les flammes triompheront.

— Excusez-moi, je ne vois guère le rapport avec ma fille, intervint Laure.

— Votre fille sera la mère de ce héros, votre fille engendrera ce dieu unique qui aura le pouvoir d'anéantir les forces de l'Eau.

— Pourquoi alors ils ne la tuent pas?,demanda la mère perplexe. Pourquoi n'éliminent-ils pas le risque?

— Ils n'ont que quelques bribes de cette prophétie. Il existe aussi une autre alternative bien qu'elle soit quasiment impossible. Ils pensent pouvoir détourner Maëlys du clan des Flammes et qu'elle influencera son fils.

— Autant dire qu'ils n'y arriveront jamais, ricana Alexandre.

— Ne jamais dire jamais, Loup Solitaire, lui rappela Aigle-Voyant. Si cette possibilité existe, c'est qu'elle peut arriver. La preuve que tu es ici, à nos côtés.

Alexandre se tut, le visage froid. Il ne le savait que trop bien pourquoi il était ici. Il voulait changer les cours des choses. Le vieil homme reprit.

— Néanmoins, vu les événements actuels, il n'y aura que la première possibilité. Tu as pour l'instant réussi Loup Solitaire.

— Vous m'en voyez soulagez, Aigle-Voyant, lui répondit-il.

— Alors Maëlys ne craint rien? voulut se rassurer Laure.

— Non, elle est toujours en danger car certains veulent quand même la tuer mais il n'y a guère de chances qu'elle meurt de ces attaques, dit le vieillard.

Il posa sa pipe et les fixa gravement. Il les mit en garde.

— Vous savez le futur. Mais n'oubliez pas qu'il peut toujours changer. Ne restez pas là à vous dire que vous avez déjà gagné. Vous ne savez que la forte probabilité.

Ils hochèrent la tête à l'unisson. Laure et Alexandre se levèrent et Aigle-Voyant murmura quelques mots au jeune homme qui sembla agacé. Il lui répondit à son tour, les traits durs sous les yeux remplis de tristesse du prophète. Après ce petit moment de tension, Alexandre et Laure repartirent de là. La mère lui demanda.

— Comment as-tu su pour la Prophétie?

— Tout le monde l'a su là où je viens. Et on a vu les cours de choses. Je suis le seul à être suffisamment puissant pour voyager dans le temps alors je me suis absenté.

— Tu risques de retourner dans un monde totalement différent, lui murmura Laure.

— Je le sais que trop bien, Laure. Mais je prends le risque, pour le peuple d'Astramo,lui répondit l'homme d'une voix triste. Crois moi, je préfère qu'il change.

Alexandre et Laure disparurent de l'étrange forêt, sous l'oeil vigilant et attristé d'Aigle-Voyant.

***

Maëlys Black, désormais Maëlys Turin, se tenait sur le balcon. Elle observait le soleil se lever. Ses doux rayons caressaient tendrement le visage de la jeune mariée. Ils lui donnait un air de poupée. Elle sourit et ferma les yeux, profitant des biens faits de la planète de feu. Elle appréciait ce calme, cette sérénité. Elle sait très bien que cela n'est que provisoire. Elle entendit un bruit très étrange et un mouvement d'ailes. Elle ouvrit les yeux, légèrement paniquée. Elle poussa un petit cri de frayeur. Un animal grotesque était posé sur la rembarre et la fixer avec de gros yeux inertes. Un pigeon. Un vulgaire petit pigeon la fixait. Elle le fixa à son tour. Il y eut une bataille de regards. Soudain, le pigeon roucoula et pencha sa tête sur le côté. Maëlys lui dit d'un ton hésitant.

— Bonjour ?

— Rou rou! lui répondit simplement l'animal.

— Tu as un prénom? lui demanda-t-elle innocemment.

— Rou !

— Je prends ça pour un non, s'esclaffa-t-elle. Alors je vais t'en donner un. Pourquoi pas... Steve!

— Rou rou rou!, répondit le dénommé Steve qui semblait ravi.

— Tu parles à un pigeon?,intervint une voix.

— Louis!, s'exclama-t-elle en se retournant, les joues en feu. Je ne lui parlais pas, je le regardais simplement, il m'intriguait.

— Donc tu n'as jamais vu de pigeon de ta vie?, se retint de rire Louis face à l'embarras de son épouse.

— Il s'appelle Steve, arrête de le dénommer par "ce pigeon", ne put s'empêcher de dire la jeune femme.

Steve roucoula et entra dans la chambre. Il alla se nicher dans les couvertures du lit, sous les cris indignés de l'empereur et sous les rires de l'impératrice. Ce fut à partir de ce jour que le couple royal adopta un Steve.

Quelques semaines sont passèrent depuis l'incident. Les serviteurs semblèrent s'habituer peu à peu à l'étrange animal compagnie de sa majesté la reine. Maëlys avait appris le protocole qu'elle essayait d'interpréter au mieux. Louis et elle avaient été désigné comme étant les nouveaux empereurs de la Magie. Le peuple se posait des questions: ils étaient bien jeunes, allaient-ils les gouverner comme il le faut? En plus de cela, on disait dans le royaume que l'impératrice était faible et couarde.

Maëlys avait entendu ces rumeurs et elle n'en fit rien.

— Qu'ils parlent ! disait-elle d'un ton désinvolte.

Elle s'en moquait et vivait sa vie avec insouciance, apprenant de plus en plus à connaître Louis. Ce dernier l'emmena devant un immense lac où on pouvait y apercevoir à la surface quelques poissons. L'impératrice s'assit devant cette surface et y trempa les pieds. Son mari s'assit à ses côtés et lui demanda.

— Tu aimes cette vie?

— Je commence à m'y adapter, répondit-elle en riant.

— Tu m'en vois soulagé. Néanmoins, j'ai entendu des rumeurs...

— Oui, comme quoi je suis couarde. Je les ai entendu aussi, mon bel empereur, mais ne t'inquiète pas, cela me passe au dessus, argumenta Maëlys sans lâcher l'eau du regard.

— Je sais. Mais ce n'est pas de ces rumeurs que je voulais te faire garde, rétorqua son époux.

— Ah, vraiment? Qu'as-tu entendu dire?

— Que tu es en danger...De mort.

Maëlys tourna la tête en direction de son interlocuteur et le regarda fixement, attendant qu'il se trahisse. En vain et là, elle comprit qu'il n'était on ne peut plus sérieux. Sa peau pâlit légèrement, bien qu'elle était déjà extrêmement pâle, et elle murmura.

— Des femmes jalouses que je sois ton épouse sans aucun doute. Ce n'est guère sérieux, je saurai me défendre, surtout que l'on m'a prescris des cours de magie.

— Non, Maë... Les dieux des forces de l'Eau veulent ta mort. Ils veulent le responsable de la mort de mon père et ils en tiennent rigueur les Flammes. Puisque ces derniers nient toute responsabilité, ils te veulent comme victimes, s'inquiéta Louis.

— Les Flammes, fit-elle d'un ton faussement étonné. Mais pourquoi je suis désignée comme cible si les responsables seraient ces dieux?

Elle savait très bien qu'elle appartenait à ce clan. Mais elle savait également qu'elle était censée l'ignorer. Alors elle joua son jeu, légèrement culpabilisante. Louis lui répondit, gêné également.

— On ne sait pas trop. Certains pensent que tu pourrais être la tueuse puisque mon père semblait ne guère t'apprécier. D'autres pensent que tu aurais voulu me tuer moi mais que tu t'es trompé de cible.

— Je vois et donc sur un malentendu et sur des rumeurs, on veut m'ôter la vie? Ces dieux sont tout à fait charmants, ironisa-t-elle.

— Il y aurait aussi une prophétie sur toi. Elle dirait que tu pourrais les mener à leur perte, ajouta-t-il précipitamment. Je ne suis pas censé te le dire mais je ne veux pas qu'on te tue.

Il la prit dans ses bras et se firent une étreinte où on pouvait y lire un amour naissant. Louis l'écarta légèrement et lui remit une mèche derrière ses cheveux tout en murmurant:«Je tiens trop à toi pour qu'on t'enlève à moi.

— Serais-ce une déclaration, monsieur Turin?, le taquina-t-elle.

— Peut-être bien, lui répondit-il sur le même ton.

— Je vais survivre, Louis, je t'en fais la promesse.

Elle se leva et lui fit un chaste baiser, les joues rougies par la timidité mêlée à la gêne. Elle s'éloigna et partit précipitamment, sous l'oeil amusé et inquiet de Louis. Maëlys avança vers le château. Elle repensa à la scène du lac et rougit de plus belle. Elle commençait à l'aimer. Il était beaucoup trop tôt, cela faisait seulement 1mois et demi qu'elle était sa femme. Mais pourtant, quelque chose sembla les relier. Quoi, elle l'ignora mais cela attisa sa curiosité. Tandis qu'elle réfléchissait, elle ne vit pas les ombres derrières elle. Soudain, Maëlys hurla. On venait de lui passer un capuchon sur la tête. Instinctivement, ses mains se remplirent de flammes et elle les porta sur celles de son ravisseur. Ce dernier gronda et cria.

— Fichtre ! Tu m'avais dis qu'elle ne savait pas se servir de ses pouvoirs, Diane!

— Oh, excuse moi, je ne savais pas, ajouta une voix féminine qui assomma Maëlys avec un de ses pouvoirs. Ce n'est pas grave, on te soignera là-bas. Partons avons que Louis comprenne que quelque chose ne va pas.

— L'imbécile, il lui révèle la prophétie et la laisse partir seul, se moqua le kidnappeur.

Ils éclatèrent de rire et emmenèrent l'impératrice avec eux.

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