«Le futur a été créé pour être changé.»

- Paulo Coelho.

24 février.

A ma tendre fiancée,

Je suis toujours emprisonné. Aaron croit m'avoir battu. Il pense aussi me tenir enfermer. Il me fait doucement rire. Je peux partir en quelques secondes, ma puissance le surpasse entièrement. Malheureusement, je ne peux pas lui prouver. Ma nature serait révélé. Aaron avait déjà des doutes, c'est pour cela qu'il a accepté l'échange. Je l'ai laissé me battre volontairement. Ça a été dur pour ma fierté mais au moins, je me suis protégé et j'ai également protégé Maëlys et Louis.

Tu sais, Anyssa, c'est dur d'être loin de toi. Je t'écris pour compenser ma tristesse. Je sais que tu m'avais formellement interdit. Tu disais que je risquais de changer tellement le passé que notre rencontre pourrait ne pas avoir lieu. Je m'en moque. Je sais que nous deux, quoiqu'il arrive, on est destiné à être ensemble. Et si par le pire des malheurs, lorsque tu recevras cette lettre, tu ignores qui je suis, je préférerai mourir.

Pour revenir au présent, ou devrai-je dire au passé, tout se déroule bien. Maëlys a été kidnappé. Louis et James sont venus la secourir. Je me suis joints à eux. Je sais que je n'aurai pas du, Aigle-Voyant me l'a souvent répété, mais je n'ai pas pu m'en empêcher. Tu sais ce qui me lie à eux. Je ne peux pas me contenter d'observer sans rien dire. J'espère seulement que je n'aurai pas un impact aussi négatif sur l'avenir, ton présent.

Tu verrais ce monde, Anyssa. Il est tellement différent et bien plus beau que notre présent. Comme quoi, une prophétie peut tout détruire. Il ne s'agit pas d'un régime totalitaire, loin de là. Il s'agit d'un royaume paisible où les astramoniens s'entraident. Les dieux n'ont pas encore interféré. Tu sais, j'ai peur quand la guerre va réellement débuter parmi le pays des hommes. Tout va changer. Je vais devoir me battre aussi. Je risque d'y laisser la vie. Mais je m'en moque. Si je peux te rendre un monde meilleur pour toi et notre bébé, je le ferai. J'espère que ta grossesse se déroule bien. Je te propose Adriel comme prénom. C'est beau non? Je le saurai dans quelques années si tu as choisi ma proposition.

Bisous Anyssa. Je t'aime fort.

Avec amour,

Alexandre.

Alexandre venait de conclure sa lettre. Il remercia intérieurement Paul et Diane de lui avoir discrètement donné du papier. Il ferma les yeux, froissa le papier en boule et le fit disparaître dans un crépitement électrique. Il sourit, se demandant si son fils serait comme lui. Il entendit des pas arrivaient. L'homme du futur se leva et s'accouda au mur, nonchalant. Il observa l'arrivant et il pâlit brusquement. Il bégaya.

— C'est impossible.

— Et pourtant, je suis ici Alex'.

***

Maëlys était allongée, le sourire aux lèvres. Elle était heureuse. Elle se mit sur le côté et observa les rayons du soleil illuminé la pièce. Elle vivait à nouveau. Elle était enfin sortie de ce cauchemar. Elle ne verrait plus jamais Aaron. Il la terrifiait. Il la forçait à l'embrasser. Heureusement pour elle, il n'a jamais dépassé ce stade. Néanmoins, malgré sa joie d'être au palais d'Astramo, elle ne pouvait oublier grâce à qui elle était allongée dans ce lit. Alexandre. Elle ne le connaissait pas. Lui non plus. Et pourtant, il s'était sacrifié. Elle voulait le remercier en le sauvant à son tour mais elle ignorait comment faire. La princesse perdit son sourire et se mit en position assise. Elle réfléchissait à un plan. Son époux fit son entrée dans la pièce et lui fit un câlin. Il embrassa ses cheveux et posa son menton sur sa tête. Maëlys ferma les yeux et se cala contre son torse. Elle murmura .

— Dis moi que tu as une idée. S'il te plaît.

— Je suis désolé...

— Tu as l'air de ne faire aucun effort pour le délivrer!, s'agaça Maëlys.

— Il est assez compliqué pour moi en effet, lui répondit Louis calmement, de vouloir lui venir en aide. J'ai fais taire ta disparition, j'ai du réglé quelques détails. Hélas, je ne peux pas me lancer de suite dans une mission de sauvetage. Je n'ai pas le temps. J'ai un royaume à m'occuper.

— Je le ferai sans toi alors.

— Mais voyons Maé', tu ne maîtrises pas tes pouvoirs, pas tout à fait.

— Sur ce point, tu te trompes. J'ai appris en cachette, lui avoua l'impératrice de la Magie.

— Tu es sérieuse? C'est impossible, s'étonna Louis.

— J'en suis la preuve. Je me suis brûlée plusieurs fois. Je ne sais pas pourquoi j'ai fais cela mais je me suis sentie obliger d'apprendre à maîtriser cet élément. Je crois que j'ai une préférence pour le feu, dit-elle avec un ton se voulant innocent.

— Tu le sais, murmura-t-il d'une voix brisée.

L'empereur s'éloigna d'elle et se leva. Il la fixa, les poings serrés. Maëlys lui répondit, se levant à son tour.

— Savoir quoi?

— Ne joue pas à l'innocente, Maëlys!, s'agaça son époux. Tu sais que tu es une déesse des forces du Feu.

— Oui je le sais, lui répondit-elle sur le même ton. Et alors, qu'est-que cela change, pourquoi ne me l'avoir jamais dis?

— On me l'avait formellement interdit, murmura-t-il. Je voulais t'avouer la vérité mais ils craignaient que tu sois séduite par ce clan et que tu t'y intègres. Tu sais la vérité, cela prouve bien qu'ils avaient tord. Ne leur donne pas raison en les rejoignant par simple esprit de vengeance, la supplia-t-il.

— Écoute Louis. Je ne veux pas participer à vos guerres. Néanmoins, je me refuse de jurer allégeance à un dieu qui voulait se marier avec moi par force et qui avait d'autres idées bien plus perverses en tête.

— Je comprends ma chérie mais...

— Laisse moi terminer, Louis, l'interrompit Maëlys sur ton ton méprisant. Je refuse cette idée. Et en plus de cela, je veux le combattre. Il doit être déchu de son titre. Il ne le mérite pas.

— Si tu fais cela, tu vas entrer dans la guerre...

— Ce qui implique de rejoindre ceux qui ont le même but. Les forces du Feu, conclut l'impératrice. Néanmoins, je ne te considère pas comme un ennemi et je ne le ferai jamais. Sauf si tu me trahis en révélant mes intentions à ton clan stupide.

— Depuis quand es-tu devenue aussi manipulatrice?, s'étonna Louis.

— Depuis que je me suis faite torturée pendant un mois! hurla Maëlys les traits ravagés par la douleur. Tu ne sais pas à quel point c'était horrible. Je veux une vengeance. Je veux aussi éviter à Alexandre de subir tout ça!

— Écoute, Alexandre n'est pas un simple homme... James a compris qui il était. Il refuse de me le dire car cela me mettrait en danger paraît-il. Cela vaut pour toi aussi. James a également ajouté que ce n'est pas à nous de l'en délivrer et que nous devons à tout prix l'oublier.

— Mais...

— Fais moi confiance, Maëlys! s'agaça Louis. Oublie le. Il va être sauvé mais pas par nous. Ne t'en inquiètes pas.

Maëlys hocha la tête, comprenant ce que voulait lui dire son époux. Elle se rendit à son balcon et observa le ciel, pensive. Soudain, celui-ci vira au rouge sang. Elle sentit une puissante magie éclatait. Si puissante que le couple royal ne pouvait rivaliser à eux deux. Maëlys tendit la main et ferma les yeux. Elle chercha qui était à l'origine de ce trouble. Un épais brouillard lui répondit. Elle insista et ce qu'elle vit la stupéfia. Une tête de loup noir comme la nuit, des yeux gris métal lui répondit.

— Je te laisse entrevoir ma forme animale. Je ne suis pas un danger. Ne dit rien à ton mari. Sache aussi qu'Alexandre est sain et sauf.

L'image disparut et Maëlys s'écroula au sol, inconsciente.

***

Quelques dizaines de minutes plus tôt.

Alexandre était face à face avec Anyssa, sa femme. Il ne savait pas quoi en penser. Il ne pensait jamais la revoir. Son regard tomba sur son ventre qui n'était plus marqué par la grossesse. Il balbutia.

— Mais.. Mais... Notre fils...

— Adriel va bien, le rassura sa femme.

— Tu l'as choisi...

— Bien entendu.

Sa femme lui tendit la main et il l'attrapa avec émotion. Soudain, il comprit. Il s'était laissé trompé. Il recula contre le mur et le visage de sa tendre aimée disparut, laissant place à un Aaron fier. Ce dernier éclata d'un rire froid et lui fit remarqué.

— Je ne suis pas trompé! Tu es bien inconscient de t'aventurer dans le passé, hybride.

— Vous ne me connaissez pas.

— Oh bien sûr que si, s'esclaffa Aaron. Tu ressembles tellement à ton père physiquement. Un vrai Turin. Mais les yeux aussi bleu que la glace montre à quel point tu descends des Black, Alexandre. Alors je te pose une seule question Alexandre James Turin: es-tu le héros de la prophétie? Le fameux hybride si puissant qui peut vaincre tout une lignée de dieux?

Alexandre ne répondit pas. Il avait les traits tirés par la colère. Il l'était terriblement. Son secret était révélé et il ne savait que faire. Il ne pouvait le tuer sans compromettre le futur. Mais s'il révélait son secret, tout le monde allait le traquer. Il fixa ses poings qui se remplirent d'électricité. Il ferma les yeux, tentant d'apaiser la magie qui montait en lui. Aaron fixa la scène, intrigué.

— Alors tu es un dieu électrique... Étonnant...

— Crois moi, tu ne veux pas mesurer l'étendu de mes pouvoirs, articula Alexandre d'une voix grave.

— Si on en croit les récits, je me doute que tu as raison. Néanmoins, tu ne veux pas que je révèle ton petit secret à ta maman non? Si elle venait à apprendre qui tu es réellement, tu n'existerais peut-être jamais, tu le sais aussi bien que moi.

— Qu'est-que tu veux? gronda l'homme du futur.

— J'ai l'homme le plus puissant du monde à mes pieds... C'est tellement plaisant.

Aaron s'assit sur une chaise en bois et le fixa avec un regard démentiel. Il détaillait Alexandre. Plutôt grand, les épaules larges, les yeux bleus glaces, des cheveux bruns qui tombaient avec désinvoltures. Son visage dur et sa mâchoire carrée. Le roi des forces de l'Eau se demandait encore comment Louis pouvait ignorer l'identité du jeune homme. La ressemblance était flagrante. Et son animal... Il se souvint d'un détail et fronça les sourcils. Il redressa la tête et fixa Alexandre tout en lui demandant.

— Comment se fait-il que tes yeux deviennent gris quand tu te changes en loup? On reconnaît un dieu sous sa forme animale grâce à ses yeux... Et toi, ils changent. Seul quelques individus ont cette capacité mais à ce que je sache, tu ne peux pas en être un...

— A croire que les choses sont bien faites, tout me pousse à survivre pour accomplir la tâche qui m'est revenue dès ma venue au monde. Vous détruire, lui répondit Alexandre avec insolence.

— Tu me provoques, jeune homme. Je sais ce que je vais te demander en échange de mon silence. Libère ton énergie et va-t-en. Va te trouver une bonne cachette.

— Pourquoi me demandez-vous cela, s'étonna l'hybride.

— En libérant ton énergie, tout le monde va comprendre que le fameux hybride est parmi nous. Ils vont tous te traquer... Tu ne viendras plus m'empêcher d'accomplir ce que je dois accomplir. Oh et tu devrais m'écouter... Sinon j'irai voir ta douce mère et ton idiot de père, je leur révèlerai ton identité. Puis, au revoir l'homme loup. Tu retourneras dans le futur. Hé oui, je sais tout. Tu es ici. Tu resteras là tant que tes géniteurs ne découvrent pas ton identité. Si ils l'apprennent... Tu retournes là d'où tu viens.

— Ça ne vous arrangerait pas plutôt que cela se passe ainsi?

— C'est vrai. Toute fois, j'ai peur des conséquences que tu aies pu apporter ici. Tu as peut-être déjà changé ton futur. Je ne veux pas prendre le risque. Tu resteras tant que je ne l'aurai pas remis comme il était à ton départ.

Alexandre fixa Aaron. Il ferma les yeux, sentant l'électricité parcourir tout son corps. Il se changea en loup et poussa un hurlement déchirant. Son énergie se libéra. Toute la pièce explosa, Aaron disparut subitement. L'hybride vit le ciel se teintait en rouge sang et sentit que plusieurs personnes tentèrent de savoir qui était à l'origine de ce trouble magique. Une d'entre elle était sa mère. Il lui envoya un message et disparut dans un éclair.