47. Retour à la tour (partie 1)

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Jeudi 8 novembre 2013

La journée de mercredi a été assez tendue, sur le plan émotionnel. La mère de Siloë a dû déclarer à la gendarmerie que sa fille était revenue, mon père est rentré plus tôt du travail.

Siloë est ensuite repartie chez elle. Le plus dur pour elle sera d’expliquer à sa mère qu’elle ne retournera pas à Marseille.

Au dîner, mes parents ont évité la discussion devant mon frère, si bien qu’il n’a rien osé demander. Un peu dans son monde à lui aussi, insensible à ce qui peut m’arriver.

J’ai dormi seule, profitant de mon lit comme jamais. Je me lève à dix heures passées. Ma mère, en arrêt maladie suite à ma disparition, est en train de repasser ma jupe d’aspirante.

— Bien dormi ma Léna ?

Je lui fais la bise.

— Je suis contente que tu m’appelles comme ça.

— Tu veux un café ?

— Je vais le faire.

Mon père est dans la cuisine, et je m’étonne :

— Tu ne travailles pas ?

— Je me suis fait porter pâle. Je voulais être là pour ton départ.

Il m’embrasse et place ma tasse sous la cafetière à expresso.

— Vous allez me manquer, mais je vous promets, que je vous invite au château, si je suis élue. Je voudrais économiser les dragées.

On frappe à la porte. Siloë entre, pas plus maquillée, mal coiffée. Sa mère l’accompagne. Elle m’embrasse puis s’assoit à table à côté de moi.

— Bien dormi, Poulette ? Moi j’ai kiffé mon lit.

— Grave !

Elle ouvre son sac et me sort les livres Disney de son enfance. Je m’exclame :

— Trop fort ! Comme ça elles auront des images !

— Café, Dame Siloë ? questionne mon père.

— Volontiers.

Sa mère a des cernes. Elle rejoint Maman dans le salon. Solidarité féminine, elles ont besoin de parler.

Le café fini, nos robes repassées, Siloë et moi nous enfermons dans la salle de bain, le temps de nous maquiller, de nous coiffer et de nous parer comme à notre départ.

Nous retrouvons nos parents aux salons. Sur le téléviseur, défilent les photos téléchargées depuis le téléphone de Siloë qu’elle récupère.

— Vous êtes magnifiques, soupire sa mère. Faites bon voyage.

Nous embrassons nos parents.

Je donne une dragée bleue à Siloë qui tient contre elles le sac de livres et des sous-vêtements qu’elle emmène. Nos parents nous observent, et puis tandis que nos papilles pétillent, ils se figent. Deux tourbillons se forment sur le sol, l’un de champagne et l’autre de vin de noix. Nous observons nos montures figées dans leur mouvement prêtes à nous accueillir.

— C’est quand même mieux de pouvoir choisir où on atterrit, dis-je.

— Grave ! Mais ça n’avait pas fait ça la dernière fois.

— Peut-être grâce à la verte.

Les tourbillons se couvrent de pelage, ceux de Siloë voient des épines poussées. Puis les tourbillons s’élargissent et nous avalent toutes entières !

— Elles sont revenues ! s’exclame une courtisane.

Lundi 12 novembre 2013

Notre absence sera passée inaperçue aux yeux des partisans. Ils sauront juste féliciter notre discrétion au dernier campement. Retrouver l’odeur de la tente, de la sueur des courtisanes sur la fourrure m’a fait bizarre, malgré que je sois partie seulement une nuit. Elle est mêlée de nostalgie et de l’envie de leur faire prendre un bain.

Le rythme de voyage a été assez soutenu pour nous faire parvenir à temps à Varrokia. Revoir l’immense ville, plus de deux mois après ma première venue, fait étrange. Ses immenses éoliennes et ses hautes bâtisses ne sont pas sans évoquer ma rencontre avec Fantou.

— J’ai l’impression de revenir à zéro.

— Mais avec une armée de supporters, me fait remarquer Siloë.

J’appréhende de retourner voir les scribes, car ce qu’y va s’y passer est assez imprécis. Est-ce la même auscultation que la dernière fois ? Vais-je juste devoir supporter l’humiliation de leurs instruments froids entre les cuisses ?

Nous pénétrons par les faubourgs, sous les yeux ébahis de la foule. Le cortège impressionne, provoque le silence. À nouveau, je me demande si c’est toujours une bonne stratégie. Mais si j’ai été élue à Kitanesbourg, il n’y a pas de raison de changer notre ligne marketing.

Devant la citadelle, il y a déjà l’immense diplodocus de Pauline du Désert, à se demander comment il est passé entre les maisons. Ses partisans aux tenues colorées sont presqu’aussi nombreux que les miens. À côté, il y a le cortège que je devine être celui du Duché Noir, car il y a de nombreux alchimistes, parmi les Hommes et les Femmes aux armures blanches phosphorescentes semblants êtes composées d’ossements. Leurs soldats sont impressionnants. Il y a peu de véloces, la plupart sont des gros serpents avec une collerette autour de la tête, comme celles des iguanes.

Un autre cortège est masqué par le diplodocus, mais je ne saurais dire à qui il appartient. Je descends de véloce, imitée par ma garde et mes courtisanes, puis m’avance jusqu’à l’entrée. Les gardes impériaux à grandes ramures nous interrompent :

— Seule l’aspirante a le droit d’entrer.

J’aurais aimé qu’au moins Fantou sinon Siloë puisse m’accompagner, mais je sens bien que rien ne sert de négocier. J’avance sans me retourner. Et ils referment la herse derrière-moi. Je franchis la porte. Les murs ont été complètement réaménagés. Un scribe m’attend.

— Bonjour, Damoiselle Hamestia. Pour entrer, il faut vous défaire de tout, y compris vos bijoux.

— Je l’aurais parié.

Je passe les mains dans mon dos pour détacher avec difficulté mon plastron. Je me dénude, sans qu’il ne détourne ses yeux globuleux une seule fois. Le manque d’expression facial des scribes est assez rassurant. Rien ne les atteint, ils ne ressentent rien.

— Ensuite ?

— Ensuite, vous attendez les consignes.

Je passe de l’autre côté. Je longe le couloir obscur jusqu’à la grande salle-terrasse qui fait face au centre de la citadelle. Les quatre autres filles sont déjà là. Kalia, Pauline, Gaëlle et… Chell ! Ma deuxième meilleure amie, complètement nue, un doigt en travers des lèvres me fait signe de ne pas réagir. Chell ! Chell est la candidate du Duché Noir ! Léa l’Exilée est Chell ! Je n’y comprends rien.

— Léna ! s’exclame Pauline.

La fille de seconde s’avance à poil vers moi et me tape la bise comme si nous nous retrouvions dans la cour du bahut. Mal à l’aise, je lui demande :

— Tu vas bien ?

— Oui et toi ?

— Un peu froid. Pas de problème de ravitaillement ?

— Non. L’empereur m’a donné des dragées qui durent.

— Ah ! Toi aussi ?

Amère, j’observe les autres candidates. Gaëlle Chaudes-Ecumes m’octroie un regard amical. Brune, un peu plus grande, je me souviens de celle qui a quitté l’école de Dame Irène juste avant moi. Kalia du Creux-Suspendu est la plus pudique et reste dans son coin. Malgré sa silhouette filiforme, elle a des hanches joliment dessinées et une poitrine qui n’a rien à envier aux nôtres. Malika avait raison sur une chose : son visage moucheté de roux est d’une beauté qui met tout le monde d’accord. Pas un défaut, un petit nez, une grande bouche, des beaux yeux verts farouches, et une chevelure naturellement souple et fournie. Sa peau est légèrement hâlée sur le visage et les mains. Et puis il y a Chell, qui sourit, se cachant derrière ses cheveux pour ne pas pouffer en croisant mon regard. En repensant à ma dernière conversation sur Whatsapp, je réalise qu’elle nous a bien bernées. Je ne sais pas encore comment réagir. Chell est ma meilleure amie au même titre que Siloë. Je ne veux pas la voir comme une concurrente. Ses petits seins blancs, ses tétons clairs, son ventre plat, ses jolies fesses rondes et ses cuisses parfaites me rendent jalouse.

— Nous voilà à égalité, constate Pauline. Toutes les cinq. Pas de costume, pas de bijou, juste nous.

— Je suis forcée de reconnaître que vous êtes toutes plus jolies les unes que les autres.

— C’est mon avis aussi, mais je t’y inclus.

Deux scribes montent les marches et la ramure de l’empereur apparaît juste après, jusqu’à ce qu’il soit en haut des marches, et qu’il puisse admirer ses cinq prétendantes dans le plus simple appareil. Kalia et Chell semblent mal à l’aise. Gaëlle, laisse ses bras le long du corps et se redresse de fierté pour mieux paraître. Sten sourit comme un ogre devant un dessert :

— Damoiselles, soyez les bienvenues à Varrokia. Les scribes vont vérifier qu’il ne vous soit rien arrivé depuis votre dernier passage ici. Il serait dommage que l’une de vous mette au monde la descendance d’un autre homme entre les murs du palais. Ensuite, comme il me déplairait de partager ma couche avec une femme frigide, les scribes vont noter votre bonne émotivité, même si je doute de peu d’entre vous, je m’en voudrais de m’être laissé berné par de la tricherie et de la simulation. L’Histoire nous a appris combien les femmes étaient ingénieuses pour accéder au pouvoir. J’ai bon espoir de revoir chacune d’entre vous au palais. Là-bas, les règles que j’ai établies vous seront exposées.

Je lui jette un regard noir pour lui faire part du mécontentement d’être exhibées tant à mes rivales, tant aux scribes. Il descend et Pauline me chuchote :

— Ça ne va pas de le regarder comme ça ?

— J’ai bien le droit de lui dire que ça ne me plaît pas.

Un des deux scribes prend la parole :

— Veuillez prendre une place autour du vapoteur.

Nous descendons les marches. Le centre de la citadelle a été réaménagé. Une immense cheminée centrale en verre, composée de boules de plus en plus petites est parcourue par des fumées tourbillonnantes. Tout autour, des vitraux délimitent cinq espaces disposés en étoile. Je reste au premier. Chell à ma droite me regarde par-dessus le vitrail qui représente Sten en plein coït avec une Ramienne. Elle m’accorde un clin d’œil complice. Le vitrail à ma gauche, lui, représente une Messienne faisant une fellation à Sten. Aucun n’évoque une émotion chez moi, si ce n’est constater la mégalomanie de l’Empereur.

Deux scribes viennent vers-moi.

— Allongez-vous.

Je me couche sur la table de métal froid. Nous disparaissons les unes des yeux des autres, et c’est tant mieux. Comme d’ordinaire, l’un des scribes tient une tablette, et le second ses ustensiles. Docile, j’ouvre les cuisses. La pince courbe écarte mes pétales puis il indique à son collègue :

— Clitoris type 1, lèvres type 1, hymen annulaire intact.

J’avias oublié à quel point j’avais trouvé ça aussi intrusif que bref. Il pose ses outils et empoigne une lance terminée par une longue aiguille effilée. Sans oser bouger, je le laisse approcher.

— C’est pour faire quoi ?

— Ne bougez pas.

L’aiguille glacée glisse dans mon intimité. Et une chaleur douce commence à m’envahir. La vapeur qu’il injecte se répand dans mon ventre, imprègne mes tissus, et des visions fiévreuses commencent à apparaître. Sten… Je revois cet instant dans le bain du Duché Noir, ressens ses doigts sur mon échine, revis ma lap-danse torride.

La vapeur s’échappe le long de la lance, embrumant la grande salle de la citadelle et un gémissement échappe à l’une de mes rivales. Comme par contagion, mon ventre se contracte autour de l’aiguille et j’entends les autres aspirantes répondre par écho à la première. Ma peau se perle, et je laisse ma tête reposer pour me laisser aller à mon tour. La vapeur semble sentir l’odeur de Sten. Ma langue paraît goûter sa peau. Le désir se décuple à une vitesse folle, inimaginable. Le sang afflux de toute part, ma poitrine se tend, douloureuse. Les scènes érotiques envahissent mon esprit sans que je puisse y faire quelque chose. Chaque fois que j’imagine le sexe de l’Empereur me pénétrer, mon corps se cabre douloureusement et m’arrache un cri. Chaque fois qu’il me semble sentir sa langue sur ma peau, je tremble toute entière.

Au final, c’est un orgasme, qui nous fait crier à l’unisson et qui semble ne pas en finir. Le scribe retire son aiguille fumante d’entre mes cuisses tremblantes. Tout s’arrête, je n’ose pas me lever. Le scribe me propose un linge pour éponger ma vulve.

— Vous êtes apte à continuer. Vous pouvez retrouver vos partisans et gagner le château.

Je glisse de la table, les jambes un peu flageolantes. Puis, tandis que je monte les marches, les sensations récentes disparaissent, comme un rêve au matin. Quelques bribes de fantasmes sont encore là, parcellaires, mais j’oublie le fil qui m’a tenue fiévreuse. J’ai l’impression d’avoir vécu un plaisir factice. Que les scribes aient provoqué un orgasme contre mon gré, me laisse froide de malaise. Puis-je comparer ça à un viol ?

Chell accélère le pas dans l’escalier pour me rattraper, sa peau blanche couverte de perle d’eau, sa poitrine magnifiquement gonflée. Elle murmure :

— Je t’expliquerai tout au château, Poulette.

Je fais signe de la tête que j’ai entendu, puis nous nous séparons.

Une fois rhabillée, le plastron à la main, je retrouve mes troupes.

— Alors ? questionne Jeannine inquiète.

— Alors nous allons au château. Fantou, aide-moi à remettre mon armure.

Sitôt demandé, sitôt fait, je grimpe Anaëlle et demande à Siloë :

— Tu n’as vu personne de particulier ?

— C’est-à-dire ?

Je me penche vers elle et murmure à ses cheveux bleus :

— Regarde derrière-toi et fais comme si de rien n’était.

Elle se tourne vers les troupes du Duché Noir et reconnaît avec stupeur Chell, vêtue d’une magnifique robe noire et décorée d’ossements nacrés. Siloë colle sa bouche à mes cheveux :

— Tu lui as parlé ?

— Elle a dit qu’elle m’expliquerait au château.

Malika se rapproche :

— C’est Léa L’Exilée.

— Oui, je disais à Siloë qu’elle était plus belle que ce que je pensais.

— C’est une Aspirante Impératrice.

— Pas faux, répond Siloë.

— L’épreuve n’était pas difficile ? s’inquiète Malika.

— Non. Je suis toujours vierge. Allez, en route pour le château.

Sigurd capte mon regard et ordonne à ce qu’on se remette en route. Tandis que nous chevauchons, que les ondulations d’Anaëlle réveillent le brasier entre mes reins, je me demande si Sten nous observait durant cette séance.

La forteresse noire est collée à la citadelle. Nous faisons la queue plus d’une heure derrière les autres cortèges. Sten n’est pas là pour nous accueillir. C’est un homme austère aux ailes brunes qui s’exclame :

— L’Aspirante Léna Hamestia ! Par ici !

Nous nous avançons sans descendre de monture.

— Aspirante, je me présente, je suis Matthias, votre valet. C’est moi qui serais la voix entre vous et l’Empereur. C’est donc à moi de vous expliquer les règles qui vont régir votre séjour ici. Chacune des Aspirantes dispose d’une aile pour elle-même et sa Cour. Conseiller, garde rapprochée, et artisans disposent de chambres. Vous-même disposez d’une suite luxueuse que vous pouvez aménager à votre convenance. C’est votre territoire. Entre vos murs, vos lois prévalent, vous avez droit de vie et de mort sur vos sujets ou quiconque viendrait avec des intentions hostiles. Une petite salle de réception est à votre disposition pour recevoir les visites de l’extérieur.

— Carrément mieux qu’à Kitanesbourg, sourit Siloë.

— Bien, ne restons pas là sans bouger, grogne Sigurd. Les hommes, prenez les montures et conduisez-les aux écuries. Les femmes, emmenez le matériel !

Tout se met en branle sous l’autorité naturelle du chef de village. Malika, Siloë, Cendre et moi mettons pied à terre avec nos nombreuses courtisanes. Nous suivons alors le valet sous l’arcade, dont le fronton porte un écu avec mon blason.

Les murs gris sont nus, et les lampes d’éclairage blanche. C’est très neutre. Nous montons les marches d’un large escalier en colimaçon.

— Sur votre gauche, il y a dix chambres pour vos conseillers. À votre droite se trouve votre suite. Lorsque vous recevrez l’Empereur, seule la présence de vos courtisanes sera tolérée.

— Cela va de soi. Malika, Cendre, prenez vos aises. Siloë, tu pourras avoir ta chambre.

— Et être loin de toi ?

— Il faudra bien, si Sten veut venir tailler une bavette.

— J’ai toujours dit que seul l’amour pouvait détruire notre amitié.

Elle rit et le valet ouvre la porte donnant sur la suite. Il y a trois bains, des tables, et des barres prêtes à soutenir des rideaux pours séparer les différentes pièces.

— Vous disposez déjà de savons de bienvenus et d’une coupelle de fruits.

Un lit d’au moins cinq mètres de large par cinq mètres de long se trouve au milieu de la pièce.

— Ça ne va pas être facile de faire les draps, plaisanté-je.

— Pour votre information, des nombreux commerçants de l’Empire viennent pour offrir leurs tentures et bijoux. Dès que vous le voulez, vous pouvez leur accorder un instant. Un bal sera organisé ce soir.

— Merci Matthias. Si j’ai besoin de vous, je demanderai à Malika de vous passer le message.

— Bien.

— Et si vous êtes sage, je me montrai généreuse.

— Je ne demande rien, Dame Hamestia.

Je souris, car qu’il m’appelle Dame trahit son intérêt.

Les heures passent. Je rencontre les riches artisans et commerçants de Varrokia. Leur but est que je les cite lorsqu’on me compliment sur un bijou ou une étoffe qu’il m’offre. Il y a une telle foule, qu’il n’est nullement difficile de décorer ma suite de tenture noires et or. Ma salle de réception se remplit et mes couloirs sont tapissés d’un chemin noir arborant régulièrement mon emblème et l’estampille discrète de son fabricant. Et puis il y a cette arrivée à laquelle je ne m’attendais pas. Un couple de pouilleux qui a fait des efforts pour se coiffer, mais qui ose à peine rentrer. L’homme un barbu qui ressemble à Jésus se faufile entre les artisans et s’excuse d’une voix à peine audible.

— Pardonnez notre intrusion…

— Papa ! s’exclame Fantou

Je m’en veux de ne pas les avoir reconnus au premier coup d’œil. Je m’exclame :

— Entrez ! Vous ne dérangez pas le moins du monde !

Ils s’avancent tous deux, je fais signe à Fantou d’y aller. Sa mère a un mouvement de recul, elle passe ses doigts sur le plastron.

— Ma chérie, tu es si jolie ! Je n’ose pas te toucher !

Fantou ne lui laisse pas le choix et se jette dans ses bras. Mes yeux coulent tout seul. Je jette un œil à Adelheid qui n’a pas vu sa mère depuis deux mois. Elle garde un visage très neutre pour masquer ses émotions, mais je perçois sa respiration profonde relever ses épaules. Chihiro sourit. Elle n’a elle pas vraiment de parents. Mala pince les lèvres et cherche un autre spectacle du regard. Marianne et Zélia trouvent ça mignon et se le chuchotent à l’oreille. C’est vrai que c’est attendrissant. J’essuie mes larmes des doigts tandis que les parents de Fantou caressent la fourrure qui enveloppe sa nuque. Ils lui redisent qu’elle est belle, maquillée, coiffée, et bien nourrie. Ils me remercient mille fois et disent combien ils espèrent me voir gagner. Que je gagne ou non, vu mon rang, l’avenir de leur fille est assuré.

Après dix minutes de bavardages, Mala fond en larme, sans un bruit, et étant trop occupée à discuter, j’engage Siloë à la blottir contre sa poitrine. Mala qui n’a pas revu sa mère depuis trop longtemps, elle qui s’est toujours sentie abandonnée. Que les parents de Fantou viennent voir leur fille est pire qu’un coup de poignard envenimé. Je lui rappelle que sa mère habite loin, mais ça ne la rend pas moins inconsolable.

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