Amnésie.

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J'ouvris les yeux brusquement, dérangée par le bruit d'oiseaux criant, une odeur salée et des remous inconnus qui me dérangèrent dans mon sommeil.

Les rétines brûlées par la lumière entrant dans ma chambre, je cachai ma tête sous l'oreiller en ronchonnant. Impossible, j'avais fermé les volets de ma chambre avant de me coucher. Bon dieu, pourquoi mon matelas bouge autant ?

Mon matelas bougea plus brutalement ce qui me fit crier de surprise et de colère, révélant par la suite des maux de tête. Je m'assis, toujours la tête dans l'univers du sommeil mais réalisai très rapidement que je n'étais pas dans ma chambre.


— Mais ? Qu'est-ce que ? Je suis où ?!


Me relevant promptement, paniquée à l'idée d'avoir été kidnappée, je me rendis compte que l'endroit dans lequel j'avais crêché cette nuit était un bateau, plutôt luxueux d'ailleurs. Improbable situation, je m'étais pourtant endormie dans mon lit après avoir regardé un dessin animé.

Après avoir fait le tour du bateau, j'étais encore plus troublée. Il y avait un nombre incalculable d'objets partout, des écharpes roses à froufrous par-ci, des oreillers par-là, des cadavres de bouteilles d'alcool sur le sol. À croire qu'une grosse soirée s'était déroulée ici. Mais il m'était toujours impossible de trouver un élément de réponse à mes nombreuses questions. Comment suis-je arrivée ici, sur ce bateau, au milieu de je ne sais où ? Pourquoi suis-je seule ? Pourquoi le bateau est-il dans un si gros désordre ? À qui appartient-il? Pourquoi ai-je autant mal à la tête ?

En fouillant de nouveau dans la chambre, je découvris un téléphone, qui semblait être le mien. Mais la photo de verrouillage me fit froncer les sourcils, un bel homme se trouvait torse nu, avec moi à son côté, tout aussi dénudée. C'est quoi cette histoire, c'est qui ce gars ?


Je tapai mon code et tombai immédiatement sur la galerie photos du téléphone. Cela me fit un choc de découvrir des centaines de photos de l'homme inconnu, de moi et d'autres personnes qui ne faisaient pas partie de mon entourage habituel. Encore plus troublant, les vidéos montrant à quel point j'étais ivre et désinhibée. Mon téléphone comportait la totalité de la soirée qui était effacée de ma mémoire.

J'appuyai sur une vidéo pour l'ouvrir.


— Mina, do you want to marry Henry, right here ?

— Yes, I do !

— Henry, do you want to marry this beautiful woman, Mina?

— Ooooh yes, I do !

— Alright ! You are now married, in this church, Las Vegas. Congratulations !


Le fameux homme de mon téléphone m'embrassa avant de me porter maladroitement, sûrement à cause de l'alcool présent dans son sang, puis de courir en sortant de l'église sous les cris de joie de personnes que je ne connaissais pas.

Quoi ? Mais je suis française, qu'est-ce que je fais à Las Vegas, à me marier avec un parfait inconnu ?

Les vidéos montraient que j'avais fini avec ce qui est mon mari et probablement ses amis, dans des bars à boire et danser sur les comptoirs, dans une fontaine d'eau à chanter comme si ma vie en dépendait, puis partir en courant pour ne pas se faire arrêter par la police. Par un moyen encore inconnu, on avait tous rejoint ce fameux bateau, où une folle fête s'était déroulée. Entre karaoké encore bien alcoolisé, baignade assourdissante et courses poursuites dans les étages du bateau, je semblais être parfaitement heureuse.

La dernière vidéo fut probablement la plus excitante, mais la plus choquante. Je n'arrive pas à croire que j'ai accepté de faire une sextape ! Je devais avoir sacrément bu, bon sang!

Le téléphone sonna dans mes mains.


— Oui ?

— Hey, darling ! Comment va ma merveilleuse femme ?


L'homme avait un accent américain mais le français semblait tout de même être naturel sortant de sa bouche, très séduisant. Sa voix était grave et taquine dans l'intonation.


— Je suis complètement perdue, je ne me souviens de rien. Je viens de découvrir avec effroi toutes les choses qui ont été filmées par mon téléphone. Qui êtes-vous ?


L'homme éclata de rire.


— Je suis Henry, ton fabuleux mari en Amérique, et propriétaire du bateau sur lequel je te vois t'exciter pour comprendre la situation, depuis tout à l'heure. Tu es très sexy quand tu es énervée.

— Qu'est-ce que je fous en Amérique? Où êtes-vous?

— Tu es venue avec moi, on s'est contacté par les réseaux sociaux et une heure après, on partait pour l'Amérique, parce que tu voulais vivre une aventure folle. Je suis sur l'île juste en face du bateau.


Je restai bloquée par le choc. Les souvenirs me revenaient peu à peu, je m'étais bien couchée chez moi, mais n'ayant pas trouvé le sommeil et étant trop déprimée de ma récente rupture amoureuse, j'avais fini par vider toutes les bouteilles d'alcool présentes dans la maison, avant de me perdre sur les réseaux sociaux. Quelle inconsciente !


— Ne t'inquiète pas, tu t'es bien amusée, particulièrement une fois qu'il ne restait plus que toi et moi. Tu es plus coquine que tu ne le parais, on programme une partie de jambes en l'air quand tu veux.

— Taisez-vous ! Pourquoi n'êtes-vous pas ici, dans le bateau, avec moi?

— C'était beaucoup trop tentant de voir tes réactions, au réveil. Tu avais tellement bu, que c'était impossible que tu te souviennes de la soirée, et j'ai bien rigolé.

— Je veux rentrez chez moi !

— Oh Mina, je pensais que tu aurais au moins aimé vivre notre lune miel. Décevant de ta part.


Je commençais à bouillir, je ne comprenais pas comment j'avais pu passer les frontières américaines sans passeport, c'était impossible.


— Comment je suis passée sans passeport ?

— Tu as ton passeport, darling, tu m'as invité chez toi et j'ai pris tout ce qu'il fallait. Et puis nous avons voyagé avec un de mes moyens de locomotion.

— J'y crois pas !


Une fois de plus, l'homme éclata de rire, et son rire me fit sursauter, je ne m'étais pas rendue compte qu'il se trouvait juste derrière moi, sur un plus petit bateau.

Je raccrochai le téléphone et m'approchai vers l'homme, m'asseyant au bord du yacht. L'homme grimpa agilement et se posa à mes côtés. Sa délicieuse odeur me fit frissonner, faisant remonter à la surface de ma mémoire un souvenir de notre échange charnel. Affreusement délicieux.


— Je veux vraiment rentrer chez moi.

— Bon, je vois que tu n'es plus aussi apte à rire que hier, c'est dommage, on s'est vraiment bien amusé. Je t'explique un peu plus dans les détails et je te ramènerai en jet privé chez toi. Pour ce qui est du mariage, à Las Vegas, rien ne te suit, tout reste à Las Vegas. En France, tu n'es pas mariée, juste à Las Vegas et ça n'engage pas à grand chose.


Je me tus, n'arrivant toujours pas à savoir si tout était un rêve, une mauvaise blague ou si je m'étais vraiment mise dans cette situation si peu banale, à cause d'une stupide rupture amoureuse et de mon inconscience face aux dangers des réseaux sociaux.

Comme prévu, Henry m'expliqua l'histoire de A à Z, apparemment j'avais insisté pour sauter sur le dos d'inconnus et Henry ainsi que ses amis avaient dû tous se mettre ensemble pour que je lâche l'homme sur lequel je m'étais accroché comme un koala. En écoutant ses explications, je ne pus m'empêcher de rire, il fallait bien avouer que la situation était plutôt drôle, par chance je n'étais pas tombée sur des détraqués, et j'en suis toujours aussi ravie, à ce jour.

Mon "faux" mari m'avait ensuite ramené chez moi en jet privé et ce fut un trajet très intéressant, Henry était vraiment sympathique, drôle et vraiment très séduisant, au point que je m'étais réfugiée plusieurs fois aux toilettes pour calmer mes envies salaces. Il était ensuite resté quelques heures en France pour terminer la journée avec moi et était reparti. Je me surpris à vouloir rester avec lui, sa présence me faisait ressentir intérieurement de la folie, j'avais envie de vivre follement, avec lui, mais il fallait rester raisonnable, cet homme restait un inconnu.


Par la suite, mes souvenirs étaient peu à peu revenus et bizaremment, je ne regrettais rien, sauf le fait de ne pas avoir été consciente de vivre la plus folle aventure de ma vie. Mais n'ayant cependant pas perdu le contact avec Henry, il m'avait promis que la prochaine fois qu'il viendrait en France pour son travail, il me ramèrenait avec lui en Amérique pour que je puisse profiter consciemment cette fois-ci. Et qui sait, peut-être que je tomberais réellement dans les bras de mon faux et affreusement sexy mari.

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