Chapitre 5 ~ Luka
Du bruit venant du couloir me réveillent, mes yeux papillonnent en les ouvrant et je m'aperçois que je suis dans l'ancienne chambre d'Andrew. Elle n'a pas énormément changé depuis le temps, il y a toujours les posters de Metallica sur les murs, toujours ce bureau en bois dont sa couleur au naturel est foncé et sa chaise noire sous la fenêtre qui donne un aperçu de ma maison, plus précisément ma chambre. Je souris en me souviennent de nos conversations par la fenêtre les soirs de semaines. Je continue mon exploration et vois que la chaîne hi-fi est encore sur son étagère avec les cd rangés à côté de celle-ci. C'est comme si le temps s'était figé dans cette pièce, pendant que nous vieillissons.
La porte de la chambre s'ouvre, ce qui me sursauter, et me rappeler mon effroyable mal de tête. Je pose ma main sur ma tête en grimaçant.
— Outch ma tête...
— Ah super tu es réveillé ! s'exclame l'homme devant moi.
Lentement, je le regarde. Il fait un mètre quatre-vingt a vu d'œil, pas très épais mais musclé, de beaux yeux marrons. Ses cheveux sont bruns, rasés sur les côtés à quelques millimètres avec une courte longueur au dessus qui tombe sur le front en bouclant un peu. Les traits de son visage sont plutôt fins. Il est habillé d'un jean basique bleu et d'un simple t-shirt à manches courtes blanc. Remarquant sûrement mon incompréhension de sa venue il continue :
— Bonjour, Luka. Je suis Toby un ami à Andy. Comment vas-tu ? Tu n'étais pas en très grande forme lorsque qu'Andrew s'est précipité chez toi tout à l'heure. Heureusement que mon compagnon Jérémy et moi étions présent avec lui pour l'aider.
— Euh...
Un second homme, qui je suppose doit être le fameux Jérémy, arrive dans la chambre sans même faire attention à moi.
— Chéri, tu ne peux pas le laisser se réveiller tranquillement, soupire-t-il en me coupant la parole.
Il est un tout petit peu plus grand que Toby, mais aussi fin et musclé que lui, même si son visage est plus rond. Ses cheveux sont longs et blonds, qui bouclent au niveau des pointes et il a de magnifique yeux bleus océan. Vêtu d'un slim noir et d'un haut également noir à manches courtes, je peux apercevoir des tatouages sur ses bras. Trois traits fins sur le dessus de son poignet, de l'autre côté de celui-ci, un palmier, à première vu, qui prend tout l'avant bras avec écrit au dessus « Musica ». Sur l'autre bras, deux flèches qui se croisent.
— Euh... dis-je en essayant de parler, mais Toby répond à son compagnon sans, encore une fois, faire attention à ma présence.
— Chouchou, Andy est au téléphone avec Mike et vu la proportion de leur discussion, et qui je sais qu'il s'inquiète pour son ami alors je...
— Je ne suis pas son ami ! dis-je sévèrement en coupant Toby dans sa lancée.
Les deux hommes me regardent, puis se lancent un léger coup d'œil en souriant.
— Enchanté je suis Jérémy, le meilleur ami d'Andy. Pardon pour ma maladresse, je ne me suis même pas présenté en arrivant.
— Je vous remercie pour votre aide, mais je voudrais rentrer chez moi maintenant, dis-je calmement en me levant du lit lentement pour éviter les vertiges que j'ai eu plus tôt.
— Euh, est-ce que tu peux attendre un peux ? me demande Toby, en grimaçant, plutôt anxieux.
— Pourquoi, je n'ai rien à faire ici !
— Parce qu'Andrew est au téléphone avec son... bref leur conversation est plutôt tendu, nous sommes venus ici pour justement le laisser seul.
— Je m'en fiche... je rétorque énervé.
Je sors de la chambre et j'entends les éclats de voix d'Andrew. Je ne m'y attarde pas et dévale les escaliers afin de partir le plus rapidement possible. Mais, même sans le vouloir, j'entends des bribes de la discussion d'Andrew.
— Tu m'as trompé, comment veux-tu que je le prenne espèce d'abrutit.
— ...
— Non, tu va me signer ce papier, j'en ai rien à faire.
— ...
— Ce n'est plus mon problème, je ne veux plus te voir. MIKE, SIGNE-MOI CES PUTAIN DE PAPIERS DE DIVORCE ! crie-t-il en grognant.
Je reste planté devant la porte, la main sur la poignée en entendant sa dernière phrase. Je me retourne choqué, mais au moment où je reprends mes esprits, nos regards se croisent.
— Mike, je veux que tu signes ces fichus papiers. Je dois te laisser, dit-il avant de raccrocher rapidement en ne me lâchant pas des yeux.
Ne pouvant y échapper, je le laisse m'approcher mais j'entame la conversation.
— Alors comme ça tu es marié à un homme ? je demande même si je connais à présent la réponse.
— En instance de divorce. Mais oui je me suis marié avec un homme.
— Et tes parents ? je ne peux m'empêcher de le questionner, les dents serrées, par l'émotion qui me prend tout d'un coup.
— Je suis partis de chez moi et maintenant je n'ai des nouvelles d'eux qu'une fois par ans, répond-il en baissant les yeux.
— Ok ! je rétorque plus qu'énervé et ne voulant pas me donner en spectacle face à ses amis qui nous observent du bas des escaliers. Puis je part sans lui laisser le temps de répondre quoique ce soit.
J'arrive comme une furie chez moi et claque la porte énervé par ce que je viens d'apprendre. J'appelle la seule confidente qu'il me reste : Marie-Anne
— Oui, cher...
— Bon sang, mais c'est dingue ça, lui dis-je en m'emportant, sans même la laisser finir de parler. Monsieur part du jour au lendemain, me brise le cœur au passage, puis quinze ans après j'apprends qu'il est marié. Mais attention pas à n'importe qui, a un mec. UNE MEC BORDEL !
— Euh... Je comprends pas tout dans ton monologue là chéri, mais je suppose que tu me parle d'Andy. Il va falloir que tu m'expliques ce qu'il s'est passé.
Je lui raconte tous les événements à partir du moment où je me suis évanouie jusqu'à ce que je parle avec mon voisin.
— Mais, ta tête comment va-t-elle ? me demande-t-elle inquiète.
— Tout va bien, j'ai juste besoin de prendre un Doliprane et dormir.
— Tu veux que je viennes ?
— Non ma belle ça va reste chez toi, tout va bien je t'assure.
— D'accord, soupire-t-elle. En ce qui concerne Andy, je sais que tu a souffert de son départ, mais tu ne sais pas ce qu'il a vécu avant de se marier. Nous ne savons même pas ce qu'il sais réellement passé lorsqu'ils sont partis. Tu devrais avoir une discussion avec lui chéri.
— Non c'est au dessus de mes forces, je ne peux pas...
— Pourtant ça te ferait du bien de discuter avec Andy. Mais, si vraiment tu ne peux pas avec lui, peut-être le faire avec son meilleur ami, me dit-elle avoir sa voix douce.
— Avec Jérémy, oui peut-être... je ne sais pas. En réalité je crois que je ne suis pas capable d'endurer le passé mélanger avec la perte de Maryline, je murmure tristement.
— Je comprend. Mais, tu sais ma sœur n'aurais sûrement pas aimé te voir dans cet état. Elle souhaiterais forcément que tu retrouves quelqu'un et si ce quelqu'un est justement Andrew...
— Non ça, je ne veux pas ! rétorquais-je fermement sans lui laisser le temps de terminer sa phrase. Hors de question !
— Très bien, soupire-t-elle. Tu devrais prendre ton médicament et te coucher, nous en reparlerons plus tard.
— Mouai...
Nous nous saluons avant de raccroché. Je pose mon téléphone en soupirant encore et toujours. Puis, je me dirige dans la cuisine, pour me préparer un verre d'eau, avant d'aller dans ma chambre afin de prendre un cachet, et me coucher.
***
Quelques heures plus tard, je me réveil en sursaut par des bruits de fracas contre ma porte. Je me lève, descends pour aller ouvrir, et lorsque chose faite, je découvre Jérémy, le meilleur ami d'Andrew. Je fronce les sourcils, mais je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche, qu'à peine la porte ouverte, il me parlant.
— Ce n'est pas trop tôt, ça doit faire cinq bonnes minutes que je frappe le à la porte, me dit-il en entrant dans la maison.
— Euh... Bonjour ! je rétorque surpris de sa façon de faire. Si je ne répondais pas, c'est que je dormais.
— Je m'en suis douté, c'est pour cela que j'ai insisté...
— N'importe quoi ! soupirais-je en secouant la tête. Et je peux savoir que me vaut l'honneur de votre présence ?
— Oh s'il te plaît, tutoie moi, me dit-il en balayant l'air de la main. Je suis venue prendre de tes nouvelles, savoir comment ta nuit s'est passé et voir les dégâts dans ta salle de bain.
Je le regarde avec attention, le vois monter à l'étage pour aller dans la dite pièce, et je me rends compte à ce moment là qu'il sérieux.
— C'est gentil mais, pour la salle de bain je vais appeler un intervenant dans la matinée et pour ma tête elle va beaucoup mieux, je lui dit en le suivant. Alors s'il vous plaît Jérémy, allez dire à Andrew que tout va bien et que je n'ai pas besoin qu'un de ses amis vienne aux nouvelles.
Il se retourne en souriant.
— C'est tellement prévisible n'est-ce pas ?
Je le regarde ahurie ne comprenant pas ce qu'il veut dire, alors il continue.
— Oui, que je sois là, parce que ton ex est inquiet pour toi, mais n'ose pas se déplacer par peur de provoquer une dispute ou que tu lui claque la porte au nez, me dit-il de façon des plus sérieuses au monde.
— Et c'est exactement ce qu'il se serait passé, rétorquais-je en soupirant. Écoutez, je ne peux pas lui parler, du moins maintenant. Laissez-moi juste le temps de digérer la mort récente de ma femme et son si soudain retour, après une séparation très dure à vivre pour moi et quinze sans nouvelles. Dites lui que je le remercie, mais que pour le moment je n'y arrive tout simplement pas.
Après quelques instants de silence, il rit et passe devant moi, s’arrête me regarde.
— Je lui transmettrai le message, mais sache qu’il ne t’a jamais oublié. J’entends parler de toi depuis quoi treize, quatorze ans, ce qui me donne l’impression de te connaître, donc Andy risque de continuer à vouloir te parler, me dit-il avant descendre les escaliers et se dirige vers la sortie.
Mais au moment où il va fermer la porte, il me regarde un derrière fois, sourire aux lèvres.
— Et par pitié Luka, tutoie moi, je sais que tu ne me connais pas, mais nous serons amenés à nous voir souvent, me dit-il avant de partir et fermer la porte pour de bon.
Je suis toujours en haut des escaliers, à regarder la porte close, réfléchissant aux informations qu’il m’a transmis, il a de ça quelques secondes.
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