L'apparition
Ainsi leur apparut la femme de Laurent, une apparition ! Et ce fut une vraie surprise pour Chantal, car elle était vêtue comme une belle princesse dans ses robes noires, ses cheveux noirs et ses grands yeux qui ne voulaient rien dire, mais qui étaient pleins de reproches.
« Vous avez fait beaucoup de mal », lui dit-elle.
Alors Chantal fut submergée d'amour pour cette femme qu'elle ne connaissait pas et qui venait d'un pays lointain. Elle n'eut pas le temps de répondre qu'elle venait de l'île Maurice et de la ville de Port-Louis. Elle comprit tout d'un coup. Elle la regardait et elle eut envie de pleurer, elle avait tout perdu.
Puis il y eut une terrible lutte dans laquelle ils ne se séparèrent que le lendemain matin. Chantal ne s'en souvint jamais.
Le lendemain, sa belle femme aux robes noires, aux cheveux noirs et aux grands yeux qui ne voulaient rien dire déclara à Laurent : « Mon vrai nom est Sandrine. »
« Quoi! Vous vous êtes donc marié? »
« Oui, il y a trois jours. »
Laurent se mit à rire, ouvrit le petit cercueil, écarta les draps de la belle dame et lui montra le corps macabre d'une femme morte à peine trois jours après son mariage.
« C'est un drôle de mariage, vous ne trouvez pas? »
La belle dame sourit.
Le lendemain, à la même heure, le même chemin, le même cercueil, la même femme, la même voiture, la même femme qui riait toujours, et qui avait encore les yeux pleins de larmes, Laurent passait devant l'église du Petit-Palais.
La morale de ce conte est bien simple : le meilleur moyen de se débarrasser d'une personne, c'est de la tuer.
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