Chapitre 5partie 1
Des sanglots vinrent d’un peu plus loin dans la pièce, je n’étais pas la seule inquiète. Quel pouvait être ce lieu si proche du néant ?
— On est où ? s’interrogea Akasha avec une pointe d’accusation dans la voix soupçonnant l’intervention de quelqu’un.
Un cri lui répondit.
— Un fantôme ! hurla la voix de Gaël un peu paniqué alors que je ne l’avais pas entendu se prononcer jusqu’à présent.
Je me retournai cherchant le pourquoi de cet éclat et restai hébétée, devant la silhouette évanescente d’une femme. Un visage en cœur, des cheveux sombres et des yeux qui avaient dû être marron, elle souriait affectueusement.
— Calypso ! m’exclamai-je heureuse.
— Comment le Thémis est arrivé jusqu’ici ? la questionna Risha visiblement plus perturbée que moi.
— Nous avons senti l’appel, dit-elle rapidement. Nos réserves sont vides. Je me suis donc permise de téléporter certains directement en salle des machines et l’infâme cloporte en cellule. J’espère un retour rapide de la lumière et du chauffage.
— Si je comprends bien c’est pas un fantôme, mais un ordinateur de bord, souffla Gaël.
— Calypso n’est ni un fantôme, ni un vulgaire ordinateur, l’informai-je sur un ton moqueur.
La lumière revint alors dans le cockpit m’aveuglant brièvement. Je me trouvais avec mes deux comparses devant un présentoir circulaire. Ce socle aux allures de globe terrestre, je le savais être un projecteur holographique à l’arrêt. Les consoles semi-circulaires s’animaient au fur et à mesure. Je vis dans mon dos Calypso installer tout ce petit monde médusé sur les canapés à côté de la porte. Jules semblait toujours secoué mais s’en remettait, d’ici là au moins il était calme.
— Et pour ma question, s’impatienta Risha.
— Nous avons utilisé l’ensemble de nos ressources pour effectuer un bond direct à travers un vortex via le sub-espace, récita Calypso.
— D’accord, mais ça n’explique pas…
— On verra plus tard si ça ne t’ennuie pas. Il devrait y avoir un vaisseau ennemi en orbite c’est un peu plus urgent, fis-je remarquer.
— Certes, soupira-t-elle.
— Le seul vaisseau en orbite à notre arrivée a quitté le système peu après, indiqua Calypso.
— Excellente initiative, sourit Akasha, mais j’aurais aimé les pulvériser, ajouta-t-elle avec une pointe de regret.
Je me doutais que Risha n’avait pas posé cette question sans une bonne raison, et la réponse de Calypso restait trop technique pour ne rien cacher.
— Ne soit pas si pessimiste, ils sont peut-être allés chercher du renfort, tenta Risha avec ironie.
— On va partir de ce principe, indiquai-je, renforçant le sourire d’Akasha sans que ça ne soit mon intention. Calypso relève le capot de protection, s’il te plait.
Un crissement métallique se fit sourdement entendre dans la pièce, le panneau fermant l’accès à la vitre panoramique se releva lentement. Ouvrant une vue sur la découpe d’une Europe et des côtes de l’Afrique du nord en points de lumière. Je n’avais pas admiré une telle vue depuis longtemps. Très peu d’hommes sur cette planète pouvaient en dire autant.
— On est… dans un vaisseau spatial, lâcha Flore subjuguée en se levant pour approcher.
— Oui, nous sommes à bord du Thémis, lui confirmai-je avec fierté.
— Je n’ai même pas senti de changement pour arriver ici.
— Le contraire n’aurait pas été une bonne chose, affirmai-je.
Enhardie par son geste, plusieurs l’imitèrent pour regarder.
— Évitez de toucher à quoi que ce soit, les pria Calypso.
Le concert de hochements de tête qu’elle reçut, me permit de déduire qu’elle avait fait l’effort de traduire en français. Elle ajouta :
— Si vous souhaitez une meilleure vue pendant que nous travaillons, je peux vous faire conduire au salon, ou bien à la passerelle de plaisance dans les serres, récita-t-elle comme un parfait guide touristique.
— Tu es sûre que ce n’est pas l’ordinateur de bord ? insista Gaël.
— Absolument. Calypso est une âme de cristal, elle a les mêmes capacités de réflexion, de communication et éprouve les mêmes sentiments que n’importe quel être humain intelligent.
— C’est aimable de préciser intelligent, piqua-t-elle un brin sarcastique.
— Excuse-moi. Peux-tu activer le bouclier occultant et surveiller d’éventuels objets qui viendraient de la surface autant que de l’espace lointain ?
— Entendu.
— Tu t’attends à une attaque venant de la planète ? s’étonna Risha
— S’il y a une chose pour laquelle je fais confiance à tous les gouvernements de cette planète, c’est en leur capacité à prendre des décisions idiotes, affirmai-je.
— Charmant, souligna Risha.
— Tu constateras par toi-même. Où sont Circé et Médée ?
— Médée vérifie l’intégrité du vaisseau et des systèmes. Quant à Circé elle supervise le réapprovisionnement des moteurs.
— Bien, tu vois la multitude de boîtes métalliques flottantes autour de nous ?
— Oui, on dirait une décharge, commenta-t-elle.
— Tâche d’intercepter tous les signaux qu’elles transmettent. Ne les stoppe pas, mais assure-toi d’en contrôler les informations. Si quoi que ce soit circule sur notre position ou si c’est déjà le cas, empêche les missiles de quitter leur pas de tir.
— Ce sera fait Sahiane, me sourit-elle avec une lueur d’amusement.
— Tu veux qu’elle prenne le contrôle de toutes ces installations, mais c’est plutôt loin de nos attributions, me fit remarquer Risha.
— Je n’ai reçu aucune directive me l’interdisant, lui répondis-je en haussant les épaules.
— Serais-tu devenue retord ? me questionna Akasha visiblement amusée.
— Non, je crois que j’ai perdu en patience et diplomatie.
— Ça n’a jamais vraiment été tes points forts, murmura-t-elle dubitative.
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