Chapitre 42

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Retiré en prévision de la sortie.

merci de votre aide et compréhension

 L’arrivée des émissaires dans un croiseur de l’Alliance, rendit tout cela bien plus concret, créant une atmosphère de saine émulation.

 La presse en fit ses choux gras durant des semaines. Tout le casting encore en vie d’Alien théory défila sur les plateaux pour ; marteler à coup de regard narquois qu’ils avaient raison et que nous assistions à un retour de l’âge d’or conté dans les mythes.

 L’ambiance générale était à la fête, alors que de notre côté, Auroria, Alia et Éloa passaient leurs journées à voyager d’un havre à l’autre pour régler les soucis du quotidien. Styx et moi traitions dans les affaires d’État, plus principalement dans le développement économico-magique, sans oublier la dernière étape de l’instruction de nos pilotes.

 Après de longs mois à potasser les manuels et pratiquer des simulations, il était temps pour eux de voler ! Les vaisseaux impériaux se trouvant dans les entrailles de la cité, enclenchèrent le mode furtif, puis décollèrent les uns après les autres. Il n’était pas utile d’inquiéter tout le monde pour le moment. Une fois dans l’espace, les chasseurs replièrent leurs trains d’atterrissage, en lévitation, ils avancèrent lentement vers la porte du pont d’envol. Prenant de la vitesse, à la queue leu leu, ils franchirent le bouclier pressurisant et filèrent dans le vide spatial.

 Cependant, des pilotes seuls ne suffisaient pas. Il nous fallait du personnel pour la logistique, la mécanique et la coordination en salle de contrôle requéraient un nombre important ; et ce plus que nous n’en possédions sur place. Tout cela demandait des individus compétents, volontaires, mais également aptes à travailler à Shambala. Au fur et à mesure des recrutements, peu à peu le royaume d’Agartha se repeuplait.

 Nous préparions avec de plus en plus de nervosité l’arrivée prochaine des Arzuls. L’intégralité des systèmes permettant à la cité de se désolidariser de l’Himalaya étaient fonctionnels, testés et prêt pour le décollage. Tout comme le bouclier la protégeant de la perte de son atmosphère et des débris. Les réserves d’énergie à présent entièrement restaurées, tout comme celles d’eau et de nourriture, il en allait de même pour la flotte de croiseur dans les hangars.

 Les serres permettant l’autonomie alimentaire des vaisseaux impériaux et des croiseurs se trouvaient opérationnelles.

 Nous pourrions évacuer moins d’un million de [sg1] civils dans les meilleures conditions. Tellement peu, beaucoup trop peu.

 L’ascension d’Illana au trône ouvrit l’accès aux ressources des trois royaumes, nous ne manquions de rien en matière de matériel.

 Il nous restait moins de deux mois pour terminer de déployer dans le système solaire de petits satellites d’interception. Seul, un de ces engins n’avait aucune chance d’abimer un vaisseau Arzuls, mais en escadron leur puissance pourrait faire la différence à l’aide de tirs concentrés.

 Notre principal souci restait de terminer les vérifications de l’état de notre arme principale.

***

 J’examinai avec le plus grand soin les graphiques qui défilaient sur les écrans ; dans l’une des salles de contrôle périphérique de la cité de Shambala lorsqu’Auroria me rejoignit.

  — Sahiane, l’examen de la dernière section est terminé, il n’y a aucun problème structurel et l’ensemble des circuits fonctionnent. Ça donne quoi les simulations ?

  — L’ordinateur a terminé la dernière il y a moins de dix minutes. Je passe les chiffres en revue. À priori, tout est dans les clous. Bon, tu sais comme moi que cela reste théorique, soufflai-je de dépit.

 Je m’étirai dans mon fauteuil qui commençait à devenir inconfortable.

  — Certes, mais même dans ce cas, je préfère qu’il ne persiste plus aucun défaut de calibrage ou fluctuation d’énergie dans un appareil qui peut sans doute détruire la planète.

  — Eh bien, je t’annonce que le dernier relevé s’affiche, nous n’avons plus de soucis, clamai-je en levant les bras en signe de grande victoire.

  — J’apprécie ton enthousiasme feint, ironisa-t-elle.

  — La situation a beau être meilleure qu’il y a un an, il n’y a pas non plus de quoi sauter au plafond, arguai-je.

  — Alia et Éloa font ce qu’elles peuvent pour améliorer l’habitabilité de cette planète…

  — Espérons que vous pourrez toujours en profiter dans six mois.

  — Si seulement Mnémé… commença-t-elle avant de s’arrêter consciente de son erreur.

 Mémoria refusant de nous parler de ses visions, pour éviter de mauvaises interprétations. Les autres confréries tentèrent de connaitre nos chances en pratiquant plusieurs séances de divination, mais sans lien concret pour les guider, cela se révélait infructueux. Mnémésyne restait la meilleure de tous à ce jeu depuis son intronisation.

  — Je ne souhaite pas évoquer le sujet avec elle, déclarai-je sans appel. Tu as vu dans quelle condition ça la met chaque fois que ça lui arrive de façon inopinée. Je défends de lui faire subir ça volontairement !

  — J’ai conscience de son état, j’aurais aimé qu’il n’en soit pas ainsi. Nous aurions tout de même pu chercher à retrouver deux personnes pour remplacer Angal et Drake.

  — Il nous aurait fallu bien trop de temps pour les former.

  — Certains de tes amis se débrouillent bien. J’ai vu Gaël : il maîtrise de mieux en mieux l’hydrokinésie et il est très doué dans le pilotage et la gestion de croiseur de combat.

  — Je sais qu’il connait presque par cœur le Celṭik anniyaṉ et il meurt d’envie d’en découdre avec les Arzuls. Médée m’a déjà chanté ses louanges, elle l’a trouvé excellent après seulement la troisième simulation de combat qu’elle a elle-même mis au point.

  — C’est moi ou ta voix trahit le fait que tu t’inquiètes pour lui ?

 Je la fusillai du regard.

  — Oh, c’est trop mignon, gloussa-t-elle.

 Je levai les yeux au ciel tandis qu’elle rigolait.

  — Tu aurais préféré l’envoyer en mission sur une autre planète lui aussi ? me questionna-t-elle avec un petit sourire. Trois sur quatre, c’est plus qu’honorable.

 J’avais tiré parti des compétences de Flore en télépathie pour l’assigner à l’équipe diplomatique d’Illana. Elle pouvait la suppléer dans les négociations sur la réintégration de Terrae.

 Claire suivait une formation pour apprendre la gestion d’une école de magie, notamment l’utilisation de l’équipement garantissant la sécurité des élèves. Les sorts de protection ou de limitation des pouvoirs ou encore comment reconnaître les traces laissées par la magie.

 Elle reviendrait sur Terrae sous peu. J’escomptais la convaincre de s’attarder un peu, plutôt que de risquer de débarquer en pleine bataille. Aurélie, qui était partie du Thémis dès le premier soir en choisissant d’oublier, avait retrouvé notre groupe avec surprise lorsque la magie l’avait touchée. Ce fut moins traumatisant que la première fois.

 Bref, elle se destinait avec bonheur vers le métier d’harita varna, qui dans notre langue se traduisait par « chuchoteur vert ». Leurs affinités avec les plantes en faisaient les meilleurs jardiniers paysagistes de la galaxie. Les plus doués pouvaient en moins d’une semaine amener une pousse de quinze centimètres à se transformer en un arbre paraissant pluricentenaire, choisissant l’orientation des branches, l’opacité de la ramure. Ils pouvaient littéralement sculpter les végétaux.

 Nous avions cruellement besoin d’haritas varna afin de réduire la quantité de gaz à effet de serre, mais surtout pour modifier nos pratiques agricoles.

  — Ta famille est à l’abri tout comme les nôtres. Tes amis vont bien, plutôt que de t’angoisser inutilement, positive. En tant que réceptacle du don de dessiner je n’ai pas besoin de te rappeler qu’il est bon de croire les choses possibles ! me sermonna Auroria.

 Elle avait totalement raison. Ma famille était à l’abri à Shambala. Finalement, tout leur expliquer avait été long, mais ils avaient plutôt bien accepté les choses. Et puis ils étaient ravis de totalement changer de vie. Redouter qu’une chose se produise est souvent le meilleur moyen de mener à celle-ci. Un état d’esprit à éliminer, avant de penser à utiliser l’arme de Shambala.

  — Je sais, ça t’oblige à lutter contre ta nature profonde de mère poule perpétuellement angoissée, se moqua Auro.

  — Parce que toi tu es parfaitement détendue et totalement confiante quant au bon déroulement de la bataille qui nous attend ?

  — Il est toujours possible qu’il ne se passe absolument rien.

 Je regardais ses grands yeux verts innocents. Elle n’y croyait pas du tout, mais je jouais le jeu.

  — Préparons-nous au pire et espérons-le meilleur.

  — Tout à fait Sahiane. Puisqu’ici tout fonctionne, quelle est notre prochaine tâche ?

 Je sortis la liste que Mémoria m’avait aimablement dictée par l’intermédiaire d’Illana et la parcourue.

  — On a le choix entre : passer en revue les pilotes humains et rappeler que les conflits d’égo entre eux et les pilotes de l’Alliance sont improductifs ; passer à l’ONU, pour voir s’ils se sont mis d’accord sur les modalités démographiques et la répartition des ressources ; vérifier où en sont la récupération et la destruction de tous les pesticides listés dangereux ; s’assurer que les industriels du secteur sont en bonne voie de reconversion ; rencontrer les représentants du petit peuple pour une réunion sur la cohabitation ; récupérer les rapports d’incidents de la police en lien avec les activités magiques ; proposer une fois de plus que des gnomes leur viennent en aide pour ce genre d’affaires ; faire un tour des havres pour nous assurer que les écoles tournent au mieux. Il y a encore je ne sais combien de points, mais j’ai besoin de boire, de manger et je voudrais me noyer sous ma douche avant de poursuivre, achevai-je.

 Les sourcils d’Auroria d’abord arqués, se froncèrent sous la réflexion.

  — Commençons par le plus pénible : pilotes et ONU ? me proposa-t-elle.

  — Tu sous-estimes l’industrie agrochimique, mais d’accord. De toute façon, on en a pour des jours même à nous cinq.

  — Oui, mais maintenant la perspective de l’invasion te paraît moins pénible et te rend impatiente.

  — Hélas, ils ne cibleront pas les pires représentants de cette planète, mais tu as raison. Aussi glauque que ce soit, je préfèrerais affronter une armada que passer une journée à l’ONU.

  — Et tu n’as même pas le droit de les tuer, s’amusa-t-elle m’arrachant un grognement de mécontentement.

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