20. Noël, Joyeux Noël, bons baisers du CHRS
Julien
J’observe Sophie fermer la chemise blanche de son frère avec une fierté évidente. Ma fille est magnifique, douce et intelligente. Je ne pourrais pas être plus fier de mes enfants que je ne le suis déjà. Ma vie, mon équilibre, ils sont mon tout, ma force et ma faiblesse.
- Dépêche-toi Papa, Asma a dit qu’elle allait me coiffer et me maquiller, faut qu’on descende à la cuisine !
- J’arrive, donne-moi deux minutes Choupette, tu veux ?
Je bougonne, juste pour la forme. Moi aussi je suis pressé d’y aller, de retrouver Albane et de découvrir sa tenue de soirée. Mais aussi de voir sa réaction en me voyant. En revanche, je redoute un peu plus d’attirer le regard d’Asma qui, même si elle reste correcte, me drague ouvertement.
- J’adore la robe que tu m’as achetée, Papa. Elle est trop jolie !
J’ai fait des folies. Les enfants ont besoin d’un Noël le plus ordinaire possible, et quand on va le fêter dans un Centre d’Hébergement, autant dire qu’on part déjà mal niveau normalité. Albane m’a conseillé une petite friperie qui ne paie pas de mine, mais qui vend tout un tas de vêtements sympathiques, où elle dit aller se fournir elle-même. Les vêtements y sont abordables et Sophie a craqué pour cette petite robe rouge-orangée à manches courtes, dont la jupe est volante et lui arrive sous le genou. Gabin et moi avons trouvé des pantalons de costume similaires, ainsi qu’une veste chacun. La mienne est en velours, noire. Cela me donne un peu un air de chanteurs d’opérette des années soixante-dix, mais j’aime bien ce style un peu rétro. Celle de Gabin est rouge. Je lui ai rajouté une cravate fantaisie avec un petit bouton qui permet de l’allumer et de la faire briller de mille couleurs. Je n’ai pas encore osé l’avouer ni la mettre, mais j’en ai une aussi pour moi.
- Sophie, dis-moi, je mets la cravate ou pas ?
Je lui montre en tenant la cravate sur mon front et en lui faisant une grimace la plus horrible possible.
- Si tu la mets comme ça, tu vas avoir l’air bête, Papa ! rit-elle.
- Si, Papa ! Mets-la ! Fais comme moi ! me dit mon fils, tout sourire lui aussi.
Je me dis que si je l’ai achetée, autant la mettre. Et puis, ça fait tellement plaisir à mes enfants ! J’adore les voir profiter ainsi de chaque moment. C’est ça aussi, la féérie de Noël. J’enfile rapidement la cravate autour de mon cou puis retourne dans la salle de bain une fois encore afin de vérifier que ma barbe est bien taillée et que tout est parfait.
- Papa, dépêche toi ! Je veux avoir le temps de me maquiller ! Asma doit déjà être en bas et on va être en retard ! Ils vont tous partir à la fête sans nous !
- J’arrive, Choupette. Tu n’as qu’à emmener ton frère et descendre. Je vous rejoins tout de suite !
Je les entends crier de joie et ouvrir la porte. Ils courent dans l’escalier, emportés par leur excitation qui me redonne une véritable motivation. Pour eux, encore plus que pour moi, je me dois de m’en sortir. Je dois leur offrir une nouvelle vie pleine d’opportunités ! Je me promets de tout faire pour ne pas passer un second noël au sein du CHRS. Et je leur promets silencieusement de rendre ce Noël inoubliable, même sans maison, même sans leur mère.
Avant de sortir, je retire de sous mon lit le petit coffre en bois où je range les toiles que j’ai peintes. Je sors celle que j’ai préparée pour Albane. Je ne l’ai pas encore emballée car j’hésite à lui offrir. Je doute de moi, de ce que j’ai représenté. Est-ce que c’est le genre de peinture qui pourrait lui plaire ? Et puis, surtout, la question à mille francs, est-ce que ça se fait d’offrir un cadeau à son éducatrice ? Ah la la… Personne n’a jamais écrit de mode d’emploi sur la vie dans un CHRS. J’ai un peu discuté avec d’autres gars, des paumés qui ont plus l’habitude que moi. Mais les échanges n’ont pas été très concluants. Ils m’ont tous dit que je faisais comme je voulais… Tout ce qui les intéressait réellement, c’était de savoir si j’avais pas une clope pour eux… Bref, ça ne m’a pas beaucoup avancé.
Bon, je me décide et, avant de changer d’avis, je prends le papier cadeau que j’avais prévu à cet effet et emballe rapidement la toile, en faisant attention à ne pas l'abîmer. Je pense qu’elle sera surprise de la découvrir. J’espère que ça lui fera plaisir et que ça ne le mettra pas trop mal à l’aise. Enfin, pas autant que le baiser que nous avons échangé et que je ne parviens pas à oublier. Mais non, pas ce soir. Il ne faut pas y penser ! Ce soir, c’est pas le moment de se mettre mal à l’aise. Il faut profiter sans se préoccuper du lendemain ! Ce soir, c’est Noël !
Lorsque je débarque dans la petite cuisine du bâtiment des familles, c’est une véritable fourmilière. Tout le monde est apprêté, tout le monde court partout et je peine à repérer mes enfants. Sophie patiente à côté d’Asma, qui semble très concentrée à coiffer son aînée et ne m’a même pas repéré.
Je cherche des yeux Albane et la trouve en train de coiffer la discrète Imani. Je suis un peu déçu de ne pas la voir apprêtée pour la soirée. Elle porte toujours son jean et son joli pull crème, qu’elle a failli tâcher lorsque nous avons dégusté ce délicieux tiramisu ce midi. Soyons honnêtes, elle est ravissante, n’en doutez pas. Mais je suis certain qu’elle a prévu une tenue différente pour ce soir et j’avais hâte de la découvrir, de laisser courir mon regard sur son corps comme elle le fait à cet instant sur moi. Je me retiens de bomber le torse et enlève mon manteau, l’air de rien, observant Gabin qui joue aux Légos avec Lina, la petite dernière d’Asma.
- Je peux donner un coup de main ? demandé-je en approchant.
- C’était il y a une heure qu’il fallait se proposer, Monsieur Perret, me dit Albane avec un sourire en coin, nous avions besoin de muscles pour préparer la salle. A moins que vous n’ayez un talent caché pour la coiffure ?
- Si vous étiez venue me chercher, vous auriez pu profiter de mes muscles ! Mais sur l’invitation que nous avons reçue, c’était marqué 18h30 ! Nous sommes même en avance !
- Et moi affreusement en retard, bougonne-t-elle sans se départir de son sourire. Sophie, tu veux que je m’occupe de toi ou tu attends qu’Asma ait terminé ?
En entendant son nom, Asma lève les yeux vers moi. Tout de suite, son regard se met à briller d’envie. Cela me met légèrement mal à l’aise, mais je lui souris néanmoins de bon cœur. Elle est mignonne comme femme, mais je ne peux m’empêcher de faire la comparaison avec Albane qui elle, est superbe. Pourquoi ne suis-je pas attiré par ma voisine plutôt que par mon éducatrice ? Tout serait tellement plus simple !
- Je vais m’en occuper, Albane. Allez donc vous préparer ! dit-elle avec son petit accent. Ne vous inquiétez-pas, je m’occupe de Julien et de ses enfants.
Je vois avec un réel plaisir qu’Albane fait une petite moue. Je me prends presque à espérer qu’il s’agisse un peu de jalousie, mais elle retrouve très vite son air naturel et enjoué.
- Il y a encore pas mal de demoiselles à coiffer, Asma. Je me changerai rapidement quand tout le monde sera prêt ici, je ne suis pas payée pour me pomponner. Viens, Sophie, je t’ai ramené la barrette dont je te parlais, elle t’ira bien mieux qu’à moi.
- Oh Albane ! Vous lui avez ramené une barrette ? Tu as de la chance, ma Choupette ! Tu vas être gâtée ce soir !
Je regarde la jeune femme sortir de son sac une jolie barrette dorée et décorée de motifs arc-en-ciel. J’imagine ce petit bijou dans les cheveux de la jolie brune et rêve à l’idée de passer mes mains dans sa crinière toujours impeccablement attachée. Je me demande à quoi ils ressemblent une fois détachés… Ou emmêlés par le frottement sur l’oreiller. Il faut vraiment que je fasse attention, sinon, je vais passer toute la soirée à baver devant elle. Elle est si naturellement belle… J’en deviens fou et je ne me reconnais pas. Je me reprends néanmoins. Je ne sais comment prendre son geste. Est-ce de la simple gentillesse ? Est-ce un prêt ? Un cadeau ? Pour cacher mon embarras de lui être encore une fois redevable, je dis d’un ton un peu plus bourru que je ne l’aurais souhaité :
- Enfin, vous savez, on n’a pas besoin non plus de votre charité…
Albane me regarde un moment en fronçant les sourcils, clairement perplexe face à ma réaction. Le problème, c’est que je crois qu’elle commence à suffisamment me connaître pour savoir ce que cela cache. Elle finit par hausser un sourcil alors qu’un sourire en coin se dessine sur ses jolies lèvres.
- Oh, vous savez ce qu’est une barrette, Julien ? J’avais un doute…
Je ne peux m’empêcher de sourire. Cette éducatrice est vraiment forte. Toujours capable de sortir un trait d’humour pour désamorcer une situation. Je décide de dépasser ma gêne et de lui répondre sur le même ton.
- Bien sûr, Albane, j’ai eu le droit à une leçon privée aujourd’hui sur tout ce qui est relatif aux accessoires de beauté féminine ! Je suis un expert maintenant !
- Voyez-vous ça… Pouvez-vous me passer le fard à paupières pailleté alors, s’il vous plaît ? Il doit traîner quelque part sur la table…
Elle coiffe Sophie avec décontraction tout en me parlant, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Personnellement, je me souviens de galérer rien que pour lui faire des couettes lorsqu’elle était plus petite… Autant dire que j’admire la dextérité ! Je pars malgré tout à la recherche du fard à paupières en question, et finis par approcher, l’air victorieux, pour lui tendre ma trouvaille.
- Vous voyez, un expert, je vous dis.
- Félicitations, me dit-elle en me le prenant des mains avec un sourire.
En quelques minutes, ma fille est parée d’une coiffure élégante, laissant ses cheveux retomber dans son dos tout en dégageant son joli visage grâce à la barrette, et maquillée de façon discrète mais adéquate pour un Noël. Sophie trépigne de joie en se regardant dans le miroir, et moi je suis un peu nostalgique de voir ma petite fille chérie grandir aussi vite.
- Tu es superbe, Sophie. Il y a du gel quelque part si tu veux coiffer ton petit frère… Ou ton père, dit Albane en me faisant un clin d'œil. Je file me préparer rapidement, sinon vous allez partir sans moi.
Elle récupère son sac et quitte le petit bâtiment avant même que j’ai réalisé qu’elle venait de me mettre, encore une fois, dans une situation bien galère, car Sophie a déjà récupéré le pot de gel et se dirige vers moi à grandes enjambées. Je passe mes doigts dans mes cheveux et me demande bien ce que le gel pourrait leur apporter.
- Choupette, pas de bêtise avec ça ! Tu sais bien que je n’en mets jamais ! Mais n’hésite pas à en mettre dans la tignasse de ton petit frère ! Essaie de lui faire la coupe de Superman !
Je souris en voyant ma fille se chamailler avec son frère, mais mes pensées sont tournées vers Albane, qui doit être en train de se changer. Je ne peux m’empêcher de l’imaginer en train de se déshabiller, à quelques mètres de moi. J’imagine son pull quitter ses épaules, ses mains passer sur sa peau dénudée. J’aimerais tellement assister à ce spectacle dont la sensualité doit être merveilleuse. Asma me voit perdu dans mes pensées et les interprète à sa façon :
- C’est votre premier Noël sans votre famille, Julien ?
- Oui, on peut dire ça. Enfin, je ne suis pas vraiment sans ma famille. Tous les gens que j’aime sont ici, avec moi. Je ne pourrais pas être mieux entouré !
Je comprends quand je la vois rougir qu’elle prend mes propos pour elle. Je n’ai pas le cœur à lui dire la vérité et je la laisse apprécier mes paroles. Ce sera un peu mon cadeau pour qu’elle passe une bonne soirée. Celle-ci commence bien d’ailleurs. Partout, je ne vois que rires et sourires. Les enfants sont tous sur leur trente-et-un, les mamans aussi. Tout à coup, je sens deux mains qui se posent sur mes yeux, m’empêchant de voir ce qu’il se passe. Je sens un corps féminin se presser contre moi et un parfum que je reconnaitrais entre mille.
- Surprise ! Me revoilà ! Avouez que je vous ai manqué !
Je pose mes mains sur les siennes pour les écarter et, sans les lâcher, je me retourne, espérant pouvoir admirer la robe dans laquelle elle va passer la soirée. Mais je reste sur ma faim. Albane a déjà repassé son manteau, la coquine, et je n’aperçois que le bas de sa robe qui est rouge. La reine du bal veut préserver le mystère jusqu’au début de la soirée ! Je souris quand même en voyant sur sa tête un joli nœud qui fait de la lumière.
- Je crois que je vais être raccord avec votre cravate, Monsieur Perret, il me semble qu’elle fait de la lumière, non ? me dit-elle malicieusement avant de baisser la voix pour poursuivre. Vous êtes très élégant, soit dit en passant.
- Merci, Albane. Vous devez l’être aussi sous votre gros manteau qui dissimule tout ! ris-je. Et oui, ma cravate s’illumine comme mon regard quand je vous vois aussi ravissante. Tenez, essayez !
N’ayant pas lâché ses mains, je les porte à ma cravate pour appuyer sur le petit bouton qui se situe derrière le nœud, juste en dessous de ma barbe. Je la sens un peu fébrile mais elle parvient à l’allumer. Avant de lui rendre sa main, je baisse la bouche et lui dépose un petit baiser sage sur le bout de ses doigts.
- Madame souhaite-t-elle que j’aille chercher le carrosse ou bien fera-t-elle l’immense et surhumain effort d’aller dans la salle du bal à pied ?
- Honnêtement, je ne suis pas sûre de réussir à traverser la rue avec mes talons, rit-elle alors que ses joues ont rougi. Mais il va bien falloir faire avec.
- Il va donc falloir que je vous y accompagne. Prenez mon bras et nous pouvons y aller quand vous donnerez le départ ! Sophie ! Gabin, venez-donc près de moi, la fête va commencer ! Nous allons partir dès que la princesse nous en donnera l’ordre !
- Seriez-vous en train de vous moquer, Monsieur Perret ?
- Oh non, au contraire ! Vous me faites vraiment penser à une princesse dont j’aimerais être le chevalier servant ! Pour la soirée au moins.
- Asma risque d’être déçue, je crois qu’elle a apprécié vous entendre dire que vous étiez comblé de l’avoir auprès de vous pour Noël… Allons-y, nous allons être en retard, termine-t-elle en me tournant le dos pour signifier à tout le monde qu’il est l’heure du départ.
Sophie et Gabin viennent chacun me prendre une main. Je glisse donc le cadeau pour Albane sous mon bras, et, tous les trois, nous suivons la petite troupe qui s’est formée derrière Albane. J’ai hâte de la voir sans son manteau et de pouvoir l’admirer. Elle a l’air rayonnante ce soir, avec tous ces enfants qui lui tournent autour.
Lorsque nous entrons dans le bâtiment principal du centre, mes oreilles sont prises d’assaut par un vieux chant de Noël. Les enfants se précipitent dans le réfectoire, que nous découvrons décoré et aménagé pour la soirée. Les tables ont été déplacées de telle sorte que le centre de la pièce pourra servir de piste de danse. Sur chaque table dressée, se trouve une nappe verte ou rouge ainsi que quelques décorations faites à la main. Je sais de par Léopold qu’ils ont préparé cela durant tout le mois de décembre à l’atelier artistique auquel je n’ai malheureusement pas eu le temps de participer. Quelques guirlandes sont accrochées au mur, en plus du sapin qui trône fièrement depuis quinze jours dans un coin de la pièce. C’est assez simple, petit budget, mais fait avec le cœur, je dirais.
Ne sachant trop où aller ni que faire, je me mets dans un coin où Asma vient vite me rejoindre. Je vois les enfants déjà au milieu de la piste de danse en train de rigoler et de se trémousser au rythme d’une chanson de David Guetta, bien loin du Tino Rossi qu’on vient d’entendre. Étrange comme sélection musicale, mais ça a l’air de plaire aux enfants qui se déchaînent. A ce rythme-là, ils vont vite être fatigués !
- Je vois que vos enfants sont aussi fous que les miens, Julien !
- En effet, ils sont tous surexcités !
Tout le monde a l’air présent. Etrangement, même les quelques hommes qui ont l’air bien éméchés restent calmes et respectueux. Je ne peux m’empêcher de les surveiller du coin de l'œil en me disant que si l’un d’entre eux ose un geste déplacé envers n’importe quel enfant, je lui ferai comprendre de ne plus jamais recommencer.
- Oh ! Regardez comme Albane est jolie !
Je tourne la tête vers l’entrée du réfectoire où la jolie éducatrice a fait son apparition. Comme par un fait exprès, la chanson qui passe maintenant est le tube phare de Love Actually : All I want for Christmas is you. Et là, tout ce que je veux, c’est Elle. Oui, Elle, avec un E majuscule. Elle est splendide. Magnifique. Sa robe d’un rouge écarlate dessine des courbes bien mieux mises en valeur que lorsqu’elle porte ses vêtements habituels. C’est une robe portefeuille, qui crée une échancrure qui attire immédiatement mon regard. Ce n’est pas possible ! Quel décolleté ! Et dire que le plus souvent, elle le cache ! Cette femme est canon et je ne peux détourner les yeux. All I want is you… J’essaie de me ressaisir, mais elle m’aperçoit à ce moment-là et le sourire qu’elle m’adresse me fait fondre littéralement. Elle me salue de la main et ses manches transparentes froufroutent autour de ses bras. Quand elle s’avance vers Asma et moi, j’ai le sentiment qu’elle est seule dans la pièce. Seule avec moi qui meurs d’envie de vraiment devenir son prince charmant en cet instant magique où j’ai l’impression que les anges se sont réunis pour célébrer l’entrée d’une déesse. Et non, ce n’est pas parce que sa robe fendue sur le devant me fait apercevoir ses jolies jambes ! Promis ! Je pense que c’est plus parce que cette femme me fait ressentir des émotions que je ne pensais plus jamais connaître. Ses cheveux bruns ondulés brillent comme si elle y avait glissé des paillettes. Et ce soir, pas de chignon. Ils sont libres et volettent au gré de ses pas gracieux. Je vois son regard qui pétille de plaisir quand elle me surprend à la mater. J’espère que je ne suis pas resté la bouche grande ouverte ! Mais je surprends aussi sa contrariété quand elle se rend compte qu’Asma s’est collée à mon bras.
- Monsieur Perret, j’espère que vous pourrez quitter les bras de toutes vos fans à un moment dans la soirée pour tenir votre promesse, ce serait dommage que le Père Noël soit trop occupé pour se libérer…
- Je pense qu’il n’y a dans cette pièce qu’une seule femme qui pourrait me détourner de mon devoir, Albane. A cause de vous, me voilà devant un dilemme cornélien : Comment m’absenter ne serait-ce qu’une minute alors que je pourrais passer la soirée entière à vous contempler ? C’est habillée comme ça que vous auriez dû m’accueillir ! Jamais je ne vous aurais crié dessus, je peux vous le certifier !
Albane s’empourpre et jette un œil à Asma, à mes côtés. Oups, il est vrai que nous ne sommes pas seuls.
- Ça aurait été bien dommage, votre côté Ours mal léché est plutôt sympa, lui aussi… Enfin, on s’y fait.
- J’espère en tous cas que vous me ferez le plaisir de m’accorder une danse, ce soir.
- Même si je n’ai pas une robe aussi jolie qu’Albane, il faudra m’en accorder une aussi, me souffle une Asma dont je devine la jalousie.
- Bien entendu, Asma. Ce sera avec plaisir.
Je ne peux décemment pas lui dire qu’elle n’a aucune chance avec moi, que toute mon attention est retenue par Albane et qu’il m’est difficile de ne pas passer la soirée à la regarder. Elle a profité de mon inattention pour s’esquiver et je l’admire au milieu des enfants, en train de danser avec les plus petits, son petit nœud illuminé dans les cheveux. Toute en simplicité, elle amène le sourire à tous les spectateurs. Je crois que je suis en face du plus beau des cadeaux de Noël.
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