31. Free hug
Albane
Je ne sais pas ce qui m’a pris de lui proposer de dormir ici. Honnêtement, quelle idée ! Cela m’a paru logique, en voyant Sophie endormie sur mon lit. Pourquoi la réveiller ? J’aurais très bien pu lui dire que je la gardais pour la nuit et l’accompagner au collège demain, mais non, j’ai préféré lui proposer, à lui aussi, de rester.
Je déplace ma table basse et mon fauteuil pour pouvoir déplier le canapé. Mon minuscule salon, bien qu’agréable à vivre, ne me permet pas de grands mouvements. Julien m’aide comme il peut, ne sachant trop quoi faire, et je me surprends à beaucoup trop apprécier sa présence dans mon chez-moi.
- Heu… Tu veux bien aller chercher une paire de draps dans l’armoire près de ma chambre s’il te plaît ? Placard de gauche, en hauteur…
Julien acquiesce et fait demi-tour. J’en profite pour souffler un coup et tenter de garder mon sang froid. Si j’écoutais mes hormones, je lui proposerais de dormir avec moi. Mauvaise idée. Bien qu’il apprécie les idées dans ce genre, cela ne serait pas très professionnel. Et autant dire que cette soirée a déjà dépassé de loin le cadre professionnel.
Nous faisons le lit silencieusement, cette tension entre nous bien présente. Et, ce soir, ce n’est pas de l’énervement, du non-dit, des reproches. Non, non, elle est purement sexuelle. J’ai bien vu ses regards, et regretté d’être en si petite tenue pour l’accueillir. Je crois qu’inconsciemment, je n’avais pas envie de me présenter à lui en vieux jogging et gros pull dégueulasse, mais plutôt à mon avantage, même si je suis chez moi et que j’aurais, en temps normal, enfilé un truc confortable et chaud vu le temps. Bref, il n’est pas désagréable de voir un homme fasciné par son corps, dans tous les cas. D’autant plus que son regard n’est pas du genre pervers, c’est juste Julien et ses beaux yeux qui apprécient mes courbes. Ça ne fait pas de mal à la confiance en soi.
- Je dois avoir une brosse à dents neuve, si tu veux, viens, dis-je en me dirigeant vers ma salle de bain, le frôlant dans cet espace réduit que je trouve encore plus petit en sa présence.
Julien me suit et nous nous retrouvons tous les deux devant le lavabo. C’est extrêmement intime comme situation, je trouve. Se brosser les dents, ensemble, comme un petit couple que nous ne sommes pas. Il recule contre la paroi de la douche quand je me penche pour me rincer la bouche, et le regard que j’aperçois dans le miroir lorsque je me redresse est tout sauf innocent. Chargés de désir, ses beaux yeux sont posés sur mon fessier et je le vois rougir quand il constate que je l’ai grillé. Adorable Papa Ours. Je suis quasi certaine qu’il a repensé à notre nuit de Noël, lorsqu’il s’est enfoui en moi dans ce genre de position.
Il se racle la gorge alors que je lui laisse la place, et je crois percevoir qu’il est excité. Enfin, ses yeux le disent, mais son pantalon laisse peu de doute, lui aussi, quant à ses pensées. J’ai presque envie de lui proposer d’aller se rafraîchir dehors, mais je doute que mon humour soit apprécié à sa juste valeur. Mon esprit, lui, s’imagine le soulager autrement… Avec mes mains, ma langue, ma bouche… Foutues hormones !
Ce dont je crève d’envie, c’est simplement de lui sauter dessus. Soyons clair, pas la peine de se mentir. J’ai envie de lui. Terriblement envie. Mais je ne dois pas ! Et qu’importe si tout ce que mon corps réclame, ce sont ses mains, ses caresses, sa peau, sa bouche. Peu importe si tout ce que je veux, c’est son corps sur le mien, sous le mien, derrière le mien tant qu’il finit niché en moi, dans mon antre déjà humide qui n’attend que ça.
Il hausse un sourcil lorsque nos regards se croisent. Merde, chacun son tour d’être grillé. Je lui fais signe de sortir pour pouvoir également retrouver un peu d’air, et l’accompagne dans ma chambre, où Sophie dort profondément.
- Tu crois qu’on risque de la réveiller si on la bouge ? Je n’ai pas d’autre couverture…
- Je vais me débrouiller, t’inquiète pas pour ça. A mon avis, ta boule de poils lui tient bien chaud.
- Bonne nuit, Julien, murmuré-je, légèrement mal à l’aise.
Pourtant, mue par une envie soudaine, je me mets sur la pointe des pieds et l’embrasse sur la joue. C’est bon, bien trop bon pour ma santé mentale et pour ma vie professionnelle, d’autant plus qu’il glisse sa main sur mes reins et me serre contre lui.
- Bonne nuit, Albane.
Julien m’embrasse à son tour sur la joue sans me lâcher, et je ferme les yeux alors qu’il prolonge ce contact. Je suis à deux doigts de craquer. Ou un… Un ongle ? Je ne sais pas comment je fais, honnêtement. Mais je résiste. Je résiste à cette envie quasi irrépressible de me lover contre lui et de le supplier de me prendre. Je récupérerais bien Victor sous mon lit histoire de combler le besoin qui a pris naissance entre mes cuisses, mais sortir de la chambre avec un vibromasseur à la main paraîtrait bien suspect. Alors je lui souris et quitte ma propre chambre, emportant ma dignité et mon désir avec moi. Je me couche dans mon canapé avec des images bien trop coquines pour me permettre de m’endormir rapidement.
J’émerge du sommeil au son d’une porte qui grince. Il me faut quelques secondes pour me remettre la soirée en tête et comprendre pourquoi j’ai mal au dos. Mon canapé n’est pas très confortable, finalement. Les joies de l’occasion… Un bruit suivi d’un grognement manquent de me faire rire quand je comprends que Julien s’est cogné dans quelque chose. Et puis je réalise ce qu’il se passe. Il est près du salon, genre, pas parti aux toilettes, mais venu me voir. Je passe par toutes les émotions possibles en un temps record. J’ai peur qu’il me rejoigne, envie qu’il le fasse. J’appréhende qu’il le fasse comme je l’attends avec impatience. Je ne dis rien et patiente, un temps qui me paraît infini. Il hésite… Sans doute passe-t-il par le même genre d’émotions que moi. Ou alors il s’est pété quelque chose et ne peut plus avancer…
Quand je sens le matelas s’affaisser et entends les ressors grincer, mon cœur se met à battre la chamade. Il est là, tout près, et pourtant il ne me touche pas. Je suis sûre qu’il a entendu ma respiration s’accélérer, ou qu’il peut entendre le martèlement de mon organe vital dans ma poitrine. Julien soupire lourdement et vient se caler dans mon dos, doucement, comme s’il appréhendait de me réveiller. Je suis réveillée Papa Ours, et j’ai suivi tout ton petit cheminement intérieur, manque de chance.
Il glisse sa main autour de ma taille et vient la poser sur mon ventre, sous mon tee-shirt, tout en nichant son nez dans mon cou. Un mot : le pied. Son corps se presse contre le mien, son souffle caresse ma peau et je retrouve une partie des sensations éprouvées à Noël. Mon corps se réveille au contact du sien, il se couvre de chair de poule et je retiens de peu le frisson qui a pris naissance sur mes reins.
- Qu’est-ce que tu fais là, Julien ? murmuré-je au bout d’un moment.
- Je n’arrivais pas à dormir… J’avais besoin d’un câlin…
- Je suis sûre que Cravate aurait adoré te faire un câlin…
- Tu sais bien que c’est d’un autre chaton dont j’ai envie…
- Tu fais de l’humour, toi maintenant ? ris-je en nouant mes doigts aux siens, sur mon ventre.
- Toujours quand je fais des câlins, ma belle…
Je sens ses lèvres se poser dans mon cou et l’envie est plus forte que la raison, alors je le laisse faire. C’est si bon d’être ainsi câlinée par un homme ! Je n’ai plus l’habitude, et je me rends compte à quel point cela me manque.
Julien est tout doux, tendre, pourtant, l’érection qui se presse contre mes fesses me montre qu’il n’a pas réellement envie d’un câlin chaste. Moi non plus, je n’en ai pas envie, mais je n’ai pas le choix et je devrai m’en contenter. C’est déjà trop, mais c’est tellement agréable que je laisse couler. Aucune volonté, Albane.
- Julien…
- Oui, Albane ?
Je me retourne vers lui pour lui faire face. Il est dangereusement près de moi. Je sens mes tétons qui se dressent et se tendent vers son torse qui m’attire malgré moi. J’essaie aussi d’éviter de penser à son sexe tendu, que de simples morceaux de tissu séparent de moi.
- Tu sais bien que ce n’est pas une bonne idée. J’ai envie moi aussi. Mais si on cède à la tentation, comment on fait pour éviter ce qu’il s’est passé après Noël ?
Il ne répond pas mais se penche et m’embrasse au bord des lèvres, faisant fondre ma détermination. Je ne peux pas lui résister, le désir est trop puissant… Mais c’est lui qui s’arrête et me laisse pantelante de désir. Il attrape ma main et la pose sur son torse.
- Albane, dis moi que tu n’as pas envie de ça…
- Julien, soupiré-je, entre dépit et supplication, tu sais que ce n’est pas l’envie qui me manque… Mais…
A nouveau, il fait taire ma raison en m’embrassant. Cet homme me rend folle et mes hormones luttent pour prendre le contrôle de mon corps. Je résiste de plus en plus timidement, je le sais, je le sens, mais cet homme a un tel pouvoir sur moi que le combat est perdu d’avance. Mes mains se posent sur son dos et je le serre contre ma poitrine. Je suis en train de perdre pied totalement, je suis à un cheveu de le chevaucher pour soulager le désir qui me consume.
- Albane, je crois que tu as raison. C’est pas une bonne idée de continuer.
Sa voix rauque me fait chavirer mais me ramène en même temps à la réalité. La dernière fois que j’ai cédé, j’ai failli le perdre totalement. Il ne faut pas que ça recommence… Non, je ne vais pas penser à ses mains qu’il vient de poser sur mes fesses. Non, je dois arrêter d’espérer que sa langue vienne s’emparer de la mienne. Non encore, je dois tout faire pour éviter que son sexe me pénètre et me fasse jouir. Je dois être forte. Pour lui. Pour moi. Pour nous…
- Julien, arrête s’il te plait. L’idée est trop bonne pour qu’on la vive. Tu aimes les mauvaises idées, peut être que cette bonne idée va te faire réaliser qu’il faut qu’on arrête ?
- J’ai envie de toi, Albane. Je te désire tellement…
- Julien…
Je sens à nouveau ma raison vaciller devant tant de désir exprimé, devant une telle volonté de me posséder… Cet Ours me rend folle de désir mais je le repousse en espérant secrétement qu’il me force à céder à sa passion. Oh oui, j’adorerais qu’il le fasse, mais une petite voix dans ma tête me dit et me répète que ce serait une erreur… Il faut que je pense à ses enfants aussi. Si je couche avec lui, ce sera la fin de l’accompagnement, je le sais… Et j’ai encore du travail avant de pouvoir céder à cette diabolique tentation.
- Julien, arrête-toi, sinon on va faire une grosse bêtise que nous regretterons peut être jusqu’à la fin de notre vie…
Il se recule alors un peu et je l’entends soupirer. Je ne résiste pas à la tentation de passer ma main dans sa barbe avant de le repousser au bout du canapé.
- Julien, moi aussi, j’ai envie de toi… Mais pas ici. Pas comme ça. Pas maintenant. Un jour, peut-être… Mais ce soir, il ne se passera rien. C’est trop important de ne pas craquer. Prends-moi dans tes bras, s’il te plaît… Juste ça... Rien d’autre. Et demain, quand le jour se lèvera, on avisera de ce que l’on fait… Tu comprends ?
Je n’entends qu’un grognement en réponse à ma question. J’ai peur qu’il me saute dessus et me fasse l’amour comme je le désire si ardemment. Mais il se contente de passer son bras autour de moi et m’attire contre lui en me murmurant à l’oreille :
- Bonne nuit Albane. Moi aussi, j’ai besoin de toi dans mes bras…
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