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Cette combinaison est aujourd’hui, une relique.

For heureusement, elle est encore en état d’être porté. Avant ça, il va falloir la défroisser, la repasser, elle est toute rigide et il faudrait la laver, de la moisissure est niché entre les rembourrages et le tissu. La machine à laver des parties de vie du vaisseau n’est pas vraiment faite pour la fragilité d’un tel vêtement, alors, Eric lave chaque partie de sa combinaison à la main. Toutes les deux heures environs, il lâche la tenue par terre pour aller voir dans la capsule du fond si le pétale est toujours là. Il l’est, coincé pour de bon cette fois.

Merci Drawing.

Il y a sans doute des choses bien plus importantes à consulter avant l’étape des essayages, comme par exemple, réapprendre à se servir du sas de sortie. Mais le pilote est trop excité à l’idée d’aller chercher son petit trésor qu’il n’y pense pas plus que ça, il s’imagine aviser et se débrouiller au moment de sortir. Il pense même à l’endroit où il pourrait exposer son pétale. Eric est parfaitement conscient que la vie organique d’un morceau de fleur n’est pas très longue, et que dans deux ou trois jour, elle fanera. Il ne sait pas encore s’il compte l’étudier le plus vite possible ou simplement le regarder bêtement pendant des heures. Ses priorités sont un peu confuses.
 « Ça vaut le coup. Ça vaut le coup. » se répète t-il à chaque fois qu’il commence à émettre des doutes quant à sa sécurité.
 L’horloge affiche vingt heure quinze, les minuteurs alertent sur l’heure du repas et de sa préparation depuis un petit moment. Eric emporte sa combinaison avec lui, et en passant par la cuisine, plutôt que de dérégler le minuteur, il frappe un grand coup sur le haut pour totalement détruire le mécanisme.
 Plus de bruit, plus de clics incessants, quel bonheur.

L’enceinte est allumée, elle crache le son relativement fort et non dans une qualité très agréable, mais après tout.
 Eric enfile les morceaux de sa combinaison un par un tout en chantant et remuant son corps gaiement. Avec des gants aussi épais, ça lui prend un petit moment.
 « Encore quelques jours à Singapour à rechercher l’amour. »
 Le volume de la combinaison ne devient plus très pratique pour danser.
 « Du haut d’un réverbère je regarde la terre, je n’y vois rien à faire. »
 Eric écrase un autres minuteur sur son passage, il ne sait plus ce que celui-ci lui demande de faire. Des petits morceaux roulent sur le sol dans tous les sens, le pilote leur marche dessus avec ses grosses chaussures blanches.
 La porte du sas de sortie est presque collée aux joints en caoutchouc tellement cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas été ouverte. Eric tire dessus comme un fou, et lorsqu’elle cède, un morceau de plastique tombe à ses pieds. Sa taille est ridicule alors l’astronaute ne s’en soucie pas vraiment. Les lumières s’allument après quelque grésillement. Ce sont trois ampoules, une sur chaque mur. Eric à enfin le sentiment de redevenir un vrai cosmonaute de l’univers avec cette pièce qui ressemble réellement un n’importe qu’elle endroit d’un vrai vaisseau spatiale. Jusque là, il avait simplement l’impression de vivre dans un grand immeuble où rien n’est spécial, il n’est absolument pas soumis à l’apesanteur de l’espace dans ses pièces de vie.
 Des boutons, des interrupteurs et des voyants qui clignotent, tout à l’air si complexe. Des souvenirs mécaniques lui reviennent, et le pousse à presser plusieurs de ses boutons après avoir enfilé son casque et l’avoir bien serré. Des vibrations font comprendre qu’un mécanisme vient de s’enclencher. Pendant ce temps là, Eric s’équipe d’un harnais et s’accroche à son vaisseau à l’aide d’un très long et épais cordon élastique. Il faut dérouler ces deux cent mètres de long pour permettre au pilote d’aller aussi loin qu’il le veut autour de son vaisseau. Ensuite, il enfile un énorme sac blanc qui contient une bombons d’oxygène. Le vérifier au préalable aurait été une mesure de sécurité interessante, comme tout le reste du matériel dont il va se servir.
 La porte s’apprête à s’ouvrir, c’est le moment. Quelques voyants deviennent rouges mais c’est trop tard. Le corps d’Eric s’élève tout doucement dans l’air. Cette impression de flotter lui procure le plus grand sourire d’enfant de sa vie, et son coeur bat à sent à l’heure.
 Les astronautes se sentent bien dans l’espace, ils laissent le vide les porter tout doucement, comme s’ils flottaient au milieu d’un océan infini qui leur appartenait. Eric est dans son propre océan, au près de son propre vaisseau, et il s’est donné sa propre mission. Il ne manque plus qu’un soleil qui rayonnerait sur son casque, dommage.
 Il faut se ressaisir un instant, le pilote entreprend de se déplacer lentement vers l’arrière de son vaisseau. Aucun installation ne lui permet d’avancer facilement puisqu’il ne s’en ait pas occupé, alors il s’accroche aux vitres une par une. Le voyage est pénible mais chaque verre passé le rapproche de plus en plus de son précieux pétale.
 Rapidement, Eric transpire et sent qu’il a des difficultés à respirer. Sa combinaison est encore humide du au manque de temps pour la sécher correctement, rapidement, une couche de buée se forme à l’intérieur du casque du pilote. Mais il s’accroche, et il avance. Bientôt, il peut apercevoir le haut de l’aile supérieure de Drawing.
 « J’arrive. J’y suis presque. »
 La fatigue le gagne très rapidement, et il est obligé de faire une pause aux trois quart du chemin. D’ici, il voit le petit point rouge grâce à un led bleu qui clignote à l’arrière de la coque de protection de l’habitacle.
 « J’arrive. » répète-il.

A deux reprises, Eric doit tirer sur le cordon pour aller plus loin, c’est un effort supplémentaire qui l’épuise. Arrivé sur l’aile droite du Drawing, Eric peut poser ses pieds sur quelques chose de stable, encore faut t-il grimper dessus, c’est plus difficile que ce qu’il imaginait. C’est à quatre pattes qu’il effectue les premiers mètres, et lorsqu’il se met enfin debout, il bascule de l’autre coté à cause du poids de sa bonbonne d’oxygène. C’est une chute terriblement lente et un peu humiliante que vit le pilote, ça ne l’empêche pas d’essayer de marcher à nouveau, il ne perd jamais, jamais, des yeux le pétale rouge qui l’attend à encore une trentaine de mètres.

« J’arrive. »

Eric arrive au pied de l’aile supérieure, il ne lui reste plus qu’à grimper jusqu’en haut grâce à la dizaine de petits crochés sur le côté droit. Ce sont ses bras qui font tout le travail, il n’a qu’à se hisser vers le haut et son corps le suit sans difficulté.
 Encore cinq mètres, quatre mètres, trois mètres, deux mètres… le pilote se retient de partir trop loin en s’agrippant au dernier crocher. Le pétale est juste là, à l’extrémité de l’aile. Eric tend le bras et serre très délicatement son pouce et son indexe sur le petit objet. C’est fragile, terriblement fragile. L’épaisseur des gants ne lui facilite pas la tache, il prend toutes les précautions nécessaire pour ne surtout pas déchirer son trésor. Lorsque le pilote extirpe ce tout petit morceau d’or, il serre la mâchoire aussi fort qu’il le peut, ou bien il va se mettre à rire ou à pleurer, ou les deux. Si c’est le cas, il ne pourra pas s’essuyer les yeux avant d’être rentré.
 Rentrer. Eric pense à tord qu’il parviendra à faire le chemin inverse à une seule main, puisque la seconde est trop occupée à porter son trésor.
 Au moment de descendre de l’aile supérieure de Drawing, un vertige monte à la tête du pilote. Est-ce Drawing qui se met à tourner autour d’Eric ? Ou bien…

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