Ami lassé du jour, viens donc faire une halte

Dans le jardin secret du continent des songes,

Où, berçant la forêt dont les ombres s'allongent,

L'immensité céleste a des accents cobalt.

Ici le temps se fige et sur les branches planent

Des myrtilles riant aux vangas bohémants.

Ici s'étend la nuit dans la voûte océane ;

Un affluent du ciel s'écoule lentement...

L'écoutant murmurer à travers l'indigo,

Tu remues ton thé noir et tu regardes zen

Glisser ta pâle image où flotte ton ego ;

Et elle se dissipe et te paraît bien vaine,

Et tu la bois sans fin avec sérénité,

Dans le doux jardin bleu empli d'éternité...