Chapitre 25. School
Sans trop savoir comment, Philippe se retrouva au carrefour des cinq routes.
Sans réfléchir, il prit la deuxième à droite, la route du lycée. Le bâtiment était là, gris, sale, beaucoup moins imposant que dans ses souvenirs.
Il ferma les yeux, il connaissait le chemin par cœur : le hall d’entrée, les quelques marches, tourner à droite pour se retrouver dans la cour.
Dans la cour , il y avait le terrain de basket, où son équipe avait connu plus de défaites que de victoires. Les deux bâtiments se faisaient face : on avait cours , soit dans l’aile droite soit dans l’aile gauche, et le gymnase était en face.
Il chantonna, sans trop s’en rendre compte :
I can see you in the morning when you go to school
Don't forget your books, you know you've got to learn the golden rule,
Teacher tells you stop your play and get on with your work
And be like Johnnie - too-good, well don't you know he never shirks
- he's coming along!
After School is over you're playing in the park
Don't be out too late, don't let it get too dark
They tell you not to hang around and learn what life's about
And grow up just like them - won't let you work it out
- and you're full of doubt
Des doutes, oui il n’avait que cela des doutes et aussi des peurs.
Soudain il sentit une présence. Un géant tatoué, avec une coiffure punk le regardait : Vincent !
Vincent le meilleur ami de son fils.
« Que fais -tu là, demanda Vincent, hilare ?
- Et toi, répliqua Philippe ?
- Oh moi, je me contente de mon petit business. On va prendre un verre ? »
Philippe sourit : rien n’avait changé. Dans sa jeunesse, le quartier était connu comme un lieu de deal. Monsieur K, en chemin, évoqua un souvenir qui fit pleurer de rire le punk. Un jour, devant tout le lycée ébahi, un de ses amis avait exhibé des pastilles de LSD, sous le nez du censeur, qui avait répondu qu'il devait attendre la récré, pour manger ses bonbons !
Philippe retrouva, avec plaisir, le minuscule café de ses seize ans. Tout semblait l’attendre : les vieilles chaises, le baby foot. Il raconta son voyage à Vincent, puis se figea et se mit à trembler de peur, quand il voulut évoquer la scène du métro.
Décontenancé, Vincent offrit un cookie à Philippe. Ce dernier l'accepta, puis se mura dans le silence.
Vincent dit « Tu sais, ce café, il me rappelle ton poème.
Tu sais celui du café et de la parisienne. » Philippe éclata de rire et déclama :
Une parisienne
A l’ancienne
La quarantaine
Fort élégante
Troublante
Fascinante
Court vêtue
L’intimité nue
Veut un café
Le café
Doit être payé
Mais payer
Son café
C’est démodé
La raison
Un soupçon
D avarice
Et le vice
Elle aime tant
Publiquement
Transgresser
Tous les vendredis
L’interdit
C’est la crise
Tout le monde en a assez
De payer son café
Un homme âgé
Troublé
Par sa beauté
Ose
La nymphose
Stimulée
Par l’humidité
D une intimité
Si peu défendue
Quel joli cul
Murmure l’ancien
Certes c’est coquin
Mais la belle
Infidèle
Ne veut pas payer
Le café
Et elle sait
Que le propriétaire
Débonnaire
Lui fera crédit
Elle somme
Le vieil homme
De sortir sans retard
Son braquemart
Et sous les yeux médusés
Des parisiens
Et des parisiennes
Qui filment la scène
Elle donne son cul
Au sexe dru
Du citoyen
Qui veut bien la sodomiser
Et lui fait économiser
Ce café
Bien mérité
Les deux amis se quittèrent sur le trottoir, en riant.
Vincent entra dans la Mercedes. Le portable vibra et au bout du fil, il entendit une voix féminine impatiente :
« Alors, demanda la voix ?
- Impeccable, répondit Vincent.
- Je n’y comprends rien : un café qui n’a pas changé trente ans après, c’est tout sauf crédible. Il a tout gobé ! Et pour Cassandra, il est parti en plein délire !
- Le métro était trop proche, répliqua Vincent . Et puis tu oublies les cookies.
- Mais que se passe-t-il dans le métro ?
- Impossible de savoir, répondit Vincent. Quand je pose des questions, son visage se décompose et il se ferme. Et au Japon ?
- On est dans la merde : il faut appeler le central !
- Et si on se fait repérer ?
- C’est un risque à prendre.
- J’arrête, la ligne est sur écoute, chuchota Vincent. »
Préoccupé Vincent démarra rapidement, soulagé de quitter la capitale.
(Voix off)
- Tu le laisses partir ? demande une voix masculine.
- Il n’ira pas loin, répond la voix féminine.
- Et dehors ?
- C’est l’horreur, Elaine est sur Montmartre et c’est la panique !
- Sous terre, entre Notre – Dame et le quartier latin c’est l’apocalypse !
- Tu penses que suivre Monsieur K c’est un bon choix ? chuchote la voix masculine.
- Mais on n’a pas le choix, rétorque la voix féminine,
- Alors, continuons...
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