Chapitre 30. Sommeil réparateur
(Voix off)
- Que font-ils ? demande une voix masculine.
- Ils dorment, ils cuvent leurs bières, répond une voix féminine.
- je me demande, si nous avons fait le bon choix : dehors c’est la fin du monde et Monsieur roupille, complètement défoncé !
- Écoute, réplique la voix féminine, il faut voir le bon côté des choses : il est endormi, détendu.
- Et alors ?
- Alors ses rêves vont devenir intéressants.
- Tu as accès à ses rêves ? demande la voix masculine, surprise.
- Bien sûr, tu oublies qu’il n’est pas dans le monde réel !
- Et alors ? demande la voix masculine.
- Lis la retranscription !
Gare de Lyon, le jour d’Halloween...
Le RER est bondé, archi bondé.
L'ambiance est morne.
Et soudain: ils arrivent !
Revenant de vacances au soleil, impatients, ils rient et s'interpellent.
Un murmure parcourt la rame, et les vacanciers répliquent :
" Poussez-vous, poussez -vous les visages pâles "
Le RER repart.
Prochain arrêt : Les Halles.
Les portes s'ouvrent et un murmure grossit :
" Dehors, dehors les bronzés en vacances ! "
La rame, remplie de zombies, repart : bousculés, interloqués, les vacanciers restent sur le quai…
(Voix off)
- C’est court, se désole la voix masculine.
- Non, pour un contenu manifeste, c’est plutôt long, répond la voix féminine.
- C’est le rêve lui -même ?
- Non, c’est le souvenir du rêve, ce dont il se rappellera au réveil, ce qui a échappé à la censure.
- Tu peux l’interpréter ? demande la voix masculine.
- Bien sûr que non, refaire le travail du rêve, retrouver tous les symboles, les déplacements, les condensations : cela demande des années...
Long silence.
- Tu crois que c’est sérieux cette histoire de zombies ? chuchote la voix masculine.
- Cela expliquerait sa peur panique, répond la voix féminine.
- Mais cela ne colle pas : toutes nos infos vont dans le même sens, un piratage massif de données, à l’échelle mondiale, rien à voir avec des zombies !
- Oui mais qui sont les pirates ?
- Ce ne sont pas obligatoirement des zombies ? demande la voix masculine.
- Non, bien sûr,répond la voix féminine. Le rêve associe l’image des zombies à un vieux souvenir amusant, avec comme lien,le métro. Mais cela peut-être des zombies, des aliens, ou des hommes « inhumains » en fait c’est son imagination qui...
- Attends, il y a un nouveau rêve.
Et j'ouvre la porte
dérobée je me retrouve
tout seul dans la gare
las le train part sans m'attendre
tant pis j'attends le suivant
Un monde fasciste
délation surveillance
et italien
Lors d'une manif
je sauve un petit enfant
d'une mort certaine
(Voix off)
- Ce type est délirant ! Persifle la voix masculine.
- Pourquoi ? s’étonne la voix féminine,
- Même dans ses rêves, il fait des vers !
- C’est ce qui fait son charme !
- Tu rigoles : il est vieux , gros, dépressif, et ivrogne !
- Tu ne comprends rien aux femmes, dit la voix féminine en riant.
- Un point pour toi ! Bon là je suis perdu.
- C’est bon signe : le matériau est brut, il vient directement de l’inconscient, la censure est légère.
- Je ne vois pas ce qu’il y a de positif, réplique la voix masculine.
- Regarde : il reprend la scène du métro, mais là : finis les zombies. Au contraire, il est seul et échappe à la menace du train, qui part sans lui.
- Certes, répond la voix masculine, mais ce monde fasciste et menaçant ?
- Il est bien plus supportable que le Paris actuel. Et tu remarqueras qu’il est actif.
- Actif ? reprend la voix masculine.
- Il attend, il se révolte, il manifeste : c’est lui qui dirige et sa peur a disparu.
- D’accord, mais Elaine n’est pas une enfant, remarque la voix masculine.
- Elle est plus jeune que lui et, surtout, il a vaincu sa peur : il peut sortir du café.
- Retour dans le monde réel, dit la voix masculine : attention,cela va secouer...
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