Chapitre 48. La rencontre

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Élaine repoussa avec colère le drap et mit ses jambes à terre. Philippe surpris par cette réaction inhabituelle qu’il mit sur le compte des hormones, continua de garder un silence coupable.

Elle s’habilla rapidement puis sortit en claquant violemment la porte.

Dans le nouveau Paris où nombre de constructions ont vu le jour, beaucoup de verre et d’acier combiné à des matériaux martiens avaient poussé comme des champignons ces dernières années.

Le visage de la ville avait changé, fini les petites places où l’on pouvait prendre le temps de boire son café sous les tonnelles, les petits bistrots avaient été remplacés par des bâtisses immaculées sans âme où les silhouettes avalaient en grande vitesse les mixtures brunâtres à base de plantes bio synthétisées en laboratoire.

Élaine courait sur l’asphalte bleu, au hasard de ses réflexions et se cogna contre un obstacle. Une main la rattrapa avant qu’elle ne tombe à terre. Par réflexe, elle se recroquevilla sur elle-même pour protéger son ventre.

–– Vous êtes-vous fait mal ? fit Valérie Gilbert.

–– Non, ça va. Excusez-moi, je ne vous avais pas vue fit Élaine encore sous le choc.

–– Venez-vous asseoir quelques minutes, vous êtes toute pâle.

Valérie l’entraîna à l’écart où une rare terrasse offrait un banc. Elles s’assirent, permettant à Élaine de reprendre son souffle.

–– Vous avez l’air bouleversée, si vous avez besoin de quelque chose, je peux aller chercher de l’aide.

–– Non, tout va bien aller. Ne vous inquiétez pas.

Valérie observa le visage de la jeune femme dont une ride soucieuse barrait le front et remarqua ses mains crispées sur son ventre.

Chuchotant à son oreille, elle s’enquit :

« Cela ne me regarde pas mais, attendez-vous un enfant ? »

Élaine sursauta puis réalisant son geste, desserra peu à peu ses doigts et se redressa.

« Comment le savez-vous ? »

–– Simple instinct féminin lui répondit Hélène avec un sourire.

Après un silence complice, elle continua :

« Je vous conseille la plus grande prudence. D’après mes sources, vous encourez un grand danger. Toute femme enceinte est recherchée par les autorités et ils ont développé une nouvelle technologie qui opprime ce qui reste de notre liberté. »

–– Je suis bien placée pour vous croire répliqua Élaine sur un ton amer. Mais je suis coincée.

–– Vous m’êtes sympathique. Tenez, je vous laisse mes coordonnées, vous pouvez me contacter à l’aide de cet engin, fit Valérie en lui remettant un objet de la taille d’un pouce.

–– C’est un prototype qui fonctionne plus ou moins bien. Il vous suffit de le mettre près de votre front et vous pourrez me joindre à tout moment.

Élaine le prit entre ses doigts et le leva en l’air. Il était compact et son aspect lisse ne laissait rien deviner de ses fonctionnalités. On aurait dit un simple caillou.

–– Mais il faut que je m’en aille, j’ai trop tardé. On m’attend.

–– Oui, oui. Je me sens tout à fait bien. Je vais revenir chez moi… ou pas… Ne vous souciez plus pour moi. Allez-y.

Valérie insista :

–– N’hésitez pas à m’appeler en cas de danger. Vous me le promettez ?

–– Oui.

Élaine la regarda se lever, partir et s’engouffrer dans une ruelle puis elle fut seule.

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