Chapitre 3
Soudain, Ehlys réalisa qu’il paraissait bien plus jeune qu’elle ne pensait. Lui connaissait toute sa vie, mais à part son prénom, elle ne savait rien de lui.
- Je peux te poser une question ?
- Je t’écoute, répondit-il en baillant.
- Tu as quel âge ?
- Je vais sur mes dix-huit ans dans deux mois.
- Alors tu as mon âge… Je te pensais bien plus vieux. Et je pense que Kathleen est convaincue que tu es majeur.
- Ne t’inquiète pas pour ça, dit-il en buvant la bouteille d’eau que lui avait apporté une autre hôtesse.
- Tu as fait des études ?
James esquissa un sourire.
- Tu me fais passer un interrogatoire c’est ça ? Alors, j’étais d’abord dans un lycée ordinaire et mes parents ont voulu m’envoyer dans un pensionnat militaire mais notre directrice les en a dissuadé. Et elle m’a proposé une bourse pour aller étudier au lycée.
Ehlys continuait à dessiner pendant sa discussion. Cela permettait à sa colère d’être canalisée. Elle ne pouvait pas se permettre de mettre de la violence dans ses dessins. Mais elle ressentait que James ne disait pas toute la vérité.
- Ça ressemble à quoi ?
- Là-bas ? C’est plutôt un endroit calme, c’est immense aussi… En fait, c’est plutôt indescriptible. Tu verras par toi-même !
- Et comment ça va se passer ? Je vais me retrouver comme la petite nouvelle à se faire harceler ?
James lui sourit tendrement. Ehlys ne savait donc vraiment rien de cette école.
- Pas du tout, chaque élève n’arrive pas en même temps, tout le monde est à la fois nouveau et ancien.
- Ça doit être vachement facile de suivre les cours si on doit toujours tout recommencer s’il y a un nouvel élève.
- Ne te prends pas trop la tête pour ça, tu verras que ce n’est pas si terrible que ce que tu en penses.
- Hm… si tu le dis.
Puis ils passèrent l’heure restante dans le silence, Ehlys finissant son dessin et James et écoutant de la musique.
- Mesdames et messieurs, ici votre commandant de bord, après 7 heures de vol et quelques turbulences, nous allons atterrir à Londres, avec une température extérieure de treize degrés. Je vous laisse donc attacher votre ceinture et refermer votre tablette, nous arriverons d’ici dix minutes.
Ehlys rangea alors rapidement ses crayons et referma sa tablette. James était déjà très impatient de descendre.
- En fait, tu n’aimes pas les avions c’est ça ?
- Je ne dirai pas ça comme ça, mais lui et moi ne sommes pas réellement amis.
- Pourtant à l’embarquement, tu avais l’air détendu non ?
- Le pouvoir d’un Bad boy, ne jamais montrer ses faiblesses.
James lui fit un clin d’œil. Décidément, il n’arrêtait pas de la faire rougir.
Ils sentirent alors tous les deux que l’avion descendait petit à petit.
- Vivement que cet avion s’arrête, je veux retrouver la terre ferme, marmonna James.
Ehlys ferma les yeux, il fallait imaginer un souvenir heureux. Mais rien ne lui venait. Elle avait vécu de bons moments avec ses parents, mais rien de plus. Rien qui ne pouvait lui faire oublier l’atterrissage de l’avion.
Soudain, James serra sa main. Pas de façon agressive, mais assez fort pour qu’elle ressente ce courant électrisant. Ses yeux s’ouvrèrent instinctivement sur ce contact imprévu. Il avait dû aussi le ressentir. Ehlys leva son regard vers lui, et remarqua que son attention était sur ces deux mains réunies.
- Mesdames, messieurs, nous avons atterris à Londres, il est treize heures trois. J’espère que vous avez passé un bon vol et que le décalage horaire ne vous impactera pas trop, je tiens encore à vous remercier pour avoir su gérer votre peur lors de ce vol. Je vous souhaite une bonne journée, les hôtesses de ce vol vous guideront vers la sortie.
Pendant que le commandant parlait, Ehlys avait rompu le contact, gênée par cette proximité. James avait semblé déçu, mais cette sensation avait dû être passagère, alors qu’il se leva pour sortir le plus rapidement de cet avion.
- Tu es prête ? On descend les premiers.
- Oh oui, bien sûr. Je prends juste mon manteau et mon sac, j’arrive.
Le ton de James trahissait sa déception. Que c’était-il alors passé quelques instants avant ? Regrettait-il qu’Ehlys ai rompu le lien ?
- Il faut que l’on se dépêche, le chauffeur nous attend. Il s’occupera de ta valise.
- Eh bien… d’accord, mais comment va-t-il savoir que c’est bien ma valise ?
- Il le saura.
James se retourna et Ehlys lu de l’impatience dans son regard. Alors elle s’arrêta dans le long couloir similaire à celui de leur départ.
- James, as-tu hâte de te débarrasser de moi ?
- Quoi ? Tu délires ?
Il parut désorienté.
- Ecoute Ehlys, je ne suis pas pressé, au contraire je… J’ai hâte que l’on arrive pour que tu découvres l’école, et que je puisse aller dormir. Je n’ai pas vu un lit depuis plus de 24 heures.
- Dans ce cas, j’espère que tu m’excuseras, je ne veux pas être un poids, mais comme c’est toi qui m’as amené jusqu’ici, vouloir te débarrasser de moi serait…
- Inimaginable Ehlys. Ne t’inquiète pas pour ça s’il te plait.
James lui reprit alors la main pour la guider à travers l’aéroport. Ils passèrent les portiques de sécurité et la douane sans problème. Un homme d’un certain âge avec un smoking très récent les attendait avec une pancarte à la main. Le nom d’Ehlys y était inscrit. Ils arrivèrent alors à son niveau.
- Bonjour Mr Hington. Mme Garnet, je vous souhaite la bienvenue parmi nous. Le vol s’est-il bien déroulé ?
- Bonjours Steve, parfaitement. Nous sommes fatigués et il reste encore une heure de voiture. Pouvons-nous y aller ?
- Bien sûr Monsieur.
Ehlys n’en revenait pas. Steve le major d’homme l’avait appelé par son nom de famille. La dernière fois que l’on avait prononcé son nom datait de son interview avec le journal du lycée il y a deux ans. James la tira pour l’amener à la voiture.
- Installe-toi, Steve est parti chercher ta valise. Je vais passer un appel j’arrive dans deux minutes. Ne bouge pas !
Bouger lui paraissait impossible. Le décalage horaire, la ville, le pays, le changement, tout lui inculquait de rester là où elle était. Alors, Ehlys sortie son portable et l’alluma pour vérifier ses messages. Ses parents avaient dû changer son forfait, le réseau passait.
Trois bips retentirent. Le premier signifiait que Betty avait répondu.
Pas de soucis ma Belle, si ça capte là où tu es, appelle-moi, j’ai masse chose à te raconter sur qui tu sais. XXX
Betty voudrait parler de Richard, son âme-sœur pour la vie. Le seul garçon du lycée qui résistait à ses charmes.
Le deuxième bip était un message de sa mère.
Ma chérie ton vol s’est bien passé ? Appelle-nous à ton arrivée, nous répondrons qu’importe l’heure, tu nous manques. Tes parents qui t’aiment fort. XX
Ehlys n’avait clairement pas envie d’avoir affaire à ses parents.
Le troisième bip venait d’un numéro inconnu.
Ehlys, c’est moi, Ben… Je sais que tu ne veux plus me parler, mais je n’ai jamais voulu me moquer de toi… Bien au contraire. Tiens-moi au courant pour mon affaire, à Lundi j’espère, bonne soirée.
Ehlys se demanda alors s’il se doutait qu’il ne la reverrait seulement que dans un mois.
Alors que James revenait de son appel, Ehlys rangea son téléphone, reportant ses réponses à de meilleures humeurs.
- Prête à faire la connaissance du renouveau ? Hizya t’attend déjà.
Ehlys ne se réjouissait pas d’y arriver, mais c’était le seul endroit qui l’attendait.
- Youpi. Je meurs d’envie d’arriver
- Evitons le sarcasme entre nous ! Tu verras, le paysage te plaira.
Steve arriva alors, mit la valise dans le coffre, et s’assit à l’avant.
- Nous arriverons dans une heure, je vous ai apporté des sandwichs, deux thons crudités.
- Merci Steve, la maman d’Ehlys nous en avait fait à l’aller.
- Parfait.
Mais Ehlys était plus fatiguée qu’affamée. Alors que le sommeil la gagnait, elle s’endormit sur l’épaule de James qui souriait de cette proximité.
- Fais de beaux rêves, Ehlys, ta vie va vraiment être bouleversée…
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