Chapitre 5
La porte s’ouvrit subitement. Dans son imagination, Ehlys voyait une vieille dame recluse dans son bureau livide. Et si cette femme était une dictatrice faisant régner sa loi à coup de punitions et de colles ?
- Ehlys, tu me suis ?
Contrairement à elle, James paraissait calme, voire heureux. Son visage, tendu quelques minutes auparavant, s’étirait en un large sourire. Il était apaisé.
Alors Ehlys marcha juste derrière lui, comme si, à la moindre occasion, elle allait fuir. Alors qu’elle n’avait fait qu’un pas dans cette pièce, ce qu’elle vit l’émerveilla.
- Mais c’est une gigantesque bibliothèque ?
- Quoi ? Ehlys, ne raconte pas de bêtises, allez viens.
Chut, ne lui dit pas ce que tu vois. Ehlys, surprise, s’était alors stoppée près d’un magnifique bureau en ébène.
- Quoi ? Tu as parlé ?
- Euh, eh bien non…
James paraissait étonné par cette question, mais n’y prêta pas véritablement attention. Cette pièce lui coupait à chaque fois le souffle,
- James, vous êtes enfin arrivés.
- Bonjour Hizya, oui mais, la route a été assez longue.
James avait encore les yeux qui pétillait. Ehlys n’avait pas encore vu la directrice mais sa voix l’envoutait. Elle paraissait douce et familiale, comme si on pouvait lui parler à cœur ouvert sans risque de jugement.
- Alors Ehlys, comment trouves-tu le paysage ?
C’était à ce moment-là qu’elle vit cette femme. L’allure d’une souveraine se dressa devant elle. Aucun mot ne la décrivait vraiment, sa chevelure, relevé par un chignon parfaitement exécuté, laissait tomber deux brins de cheveux encadrant son visage. Sa taille était aussi svelte que son sourire était chaleureux.
- Ehlys ? Tu m’entends ?
- Ah oui pardon, je trouve cette pièce formidable, et je ne parle pas du panorama, la vue est sublime.
- Tu trouves ? Je suis ravie que ça te plaise alors. James, as-tu reçu la lettre ?
- Oui, il faut que je la lise, donc si vous voulez bien m’excuser, je vais vous attendre dans le salon à côté.
- Parfait. Alors Ehlys, tu es prête pour un nouveau départ ?
- Hm… je ne suis là que pour un mois alors, je ne vais pas vraiment chercher à m’intégrer. Je vais juste travailler et profiter du domaine.
La directrice ne fut pas surprise de la réponse d’Ehlys, mais sa franchise soudaine lui fit comprendre que son envie de reprendre sa vie passée était très présente.
- Je vois, essaye quand même de profiter de ce que cette école a à t’offrir, tu pourrais peut-être y découvrir quelque chose de nouveau.
- Je vais l’envisager, mais je ne promettrai pas que je m’adapterai.
- Je comprends, d’ailleurs, je dois te donner ton affectation de chambre, tu y trouveras ton uniforme, ton emploi du temps et une carte du domaine si tu souhaites te promener. Tu aurais une camarade de chambre.
- Un uniforme ? C’est sérieux ? Je vais devoir le porter tout le temps ?
Hizya regarda Ehlys avec amusement. La directrice avait instauré l’uniforme le jour de la prise de son poste. Elle considérait que chaque élève ne devait être juger par la différence de statut mais par rapport à tout autre chose.
- Oui, il est obligatoire, mais pour les heures du soir, tu peux mettre tes vêtements.
- D’accord alors, dans mon ancien lycée, il n’y en avait pas, donc est-ce qu’il faut que je les lave moi-même ?
- Non, du tout. Tu as un uniforme par jour, mais ta référente d’étage t’expliquera tout en détails. Tu es donc à l’étage 2.
Hizya eu une sorte d’absence, elle paraissait concentrée sur la fenêtre comme si une personne lui était apparu dehors.
- Tu devras m’excuser, mais je vais devoir écourter notre rendez-vous, dit Hizya tout en continuant à fixer l’extérieur, je te laisse rejoindre James, il t’amènera à la porte de ton étage.
- D’acco…
- Merci et passes une bonne journée Ehlys. On se voit plus tard.
La directrice lui tournait déjà le dos alors qu’Ehlys avait encore des milliers de questions. Mais elle se sentait désormais de trop dans cette pièce. Tout en tournant les talons, ses pensées se tournaient vers son ancienne vie. Serait-elle capable de retrouver sa vie comme si de rien était ? Sa meilleure amie s’inquiétait-elle pour elle ?
- Ehlys ? Tu te sens bien ?
- Oui, oui James, seulement des questions sans réponses.
- Je vois, écoute, ne bouge pas d’ici, je vais voir Hizya et je reviens dans la minute qui suit.
Il disparut derrière la porte. Ehlys s’approcha alors vers le mur rempli de livres. Chacun paraissait plus précieux les uns que les autres. Mais un seul l’intriguait, il était bien trop haut pour l’atteindre.
- Alors tu viens ?
James l’avait surprise dans ses pensées.
- Je te suis, cette salle est fantastique.
- Je trouve aussi, j’adore être ici aussi.
James sortit de la salle suivie par Ehlys. Il marchait rapidement et ne parlait pas. Ils passèrent par plusieurs passages et quelques escaliers avant d’arriver devant le seuil d’une immense porte.
- Bon, je n’ai pas le droit d’aller plus loin, mais Kathy va prendre le relais. C’est à elle qui faudra que tu poses toutes tes questions que tu as sur l’école. Je dois te laisser, j’ai pas mal de choses à rattraper.
- Merci de m’avoir guidé dans ce labyrinthe, même si tu m’as forcé la main pour m’emmener ici. Dans tous les cas tu me ramènes dans un mois chez moi.
- On verra ça dans un mois. Sur ce, j’y vais, on se croisera plus tard.
Ehlys se sentit tout à coup seule. Derrière cette grande porte se trouvait un mois où elle se sentirait seule et abandonnée par tous ses proches. Mais il fallait prendre son courage. Après tout, ce n’était qu’un mois. Tout en poussant la porte, Ehlys sentait alors un poids se lever de ses épaules.
- Tu es Ehlys ?
Une voix légèrement aiguë se devinait derrière elle. Alors une jeune fille en jupe courte plissée noire, un polo blanc et une cravate apparue devant elle.
- Super, c’est toi. Hizya m’a dit de prendre bien soin de toi ! Moi je suis Kathy, je suis ta référente de l’étage. Ma chambre est à ta droite.
- Tu vas me donner beaucoup d’informations c’est ça ? Il faut que je prenne des notes ?
- Oh non ne t’inquiète pas, tout est consigné dans le livret d’accueil dans ta chambre. Tu n’as pas encore de camarade de chambre, mais tu risques de ne pas rester seule longtemps.
- Pas de soucis, j’espère que ma colocataire sera gentille.
- Alors, suis bien, ça va aller vite. Prête ?
- Euh… oui ?
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