- Monstre non, mais diabolique, oui. Tu as réussi à me faire venir ici, à me faire croire que tu étais de mon côté, et pour finir, je vais te voir tous les jours. Je suis sûre que c’est toi qui as fait en sorte d’être mon chaperon.

James se mit à rire, avait-elle dit une bêtise ?

- Non, c’est Hizya qui me l’a ordonné, elle souhaitait que tu sois suivi par quelqu’un… de similaire !

- Ton air condescendant ne m’aide vraiment pas à t’apprécier actuellement. Bon, expliques-moi les règles.

- Ça ne marche pas comme ça, tu apprendras en même temps que tu feras des erreurs !

- Tu es sérieux ? Bon, je suppose que je dois être d’accord, mais c’est quand même une méthode assez… spéciale.

- C’est comme ça que j’ai appris, et finalement, je trouve que c’est une bonne méthode. On verra si tu arrives à toutes les appliquer.

 Son clin d’œil lui arracha un sourire. Il était vrai qu’Ehlys pourrait tirer avantage de cette mésaventure. Peut-être remarquera-t-il qu’elle n’a pas sa place ici ?

- Alors, je vais t’expliquer la vie de l’école. Viens t’asseoir. En fait, chaque jour est divisé en deux. Du lundi au Vendredi, le matin, à partir de huit heures, ce sont les cours basiques avec deux cours théoriques plutôt décalés. Tu auras toutes les matières que tu avais au lycée, donc tu ne vas pas être en retard au cas où, tu sais… tu repars…

- Oui, donc ce sera comme si je n’étais jamais partie de là-bas, je valide ! Ensuite ?

- Ensuite, c’est rendez-vous au self à onze heures quarante-cinq pour les premières années, moi j’arriverai à midi pour te rejoindre. A treize heures trente, c’est le moment de l’activité du jour, il peut y avoir des semaines à thème, ou, comme aujourd’hui, des mini-conférences.

- Sinon les activités, c’est de quels types ?

- Alors, c’est très divers, ce peut être du sport, « une heure pour une rencontre », des jeux de sociétés ou encore des ateliers métiers. Mais il y a encore beaucoup d’autres choses.

- Je vois, j’en verrai quelques-unes alors, quelle chance…

 Ehlys était quand même très attentive à ce que James racontait, s’il y avait une information qui pouvait la faire partir plus tôt, il fallait écouter.

- Chaque vendredi, il y a une fête et a chaque fois c’est une année différente qui l’organise, et cette semaine, ce sont les troisièmes années. Le thème est communiqué trente minutes avant la soirée, et tu as dû entendre parler de la règle numéro un : ne jamais être en retard !

- Donc il faut se préparer dans un temps imparti ? Et je suppose qu’il faut être dans le thème ?

- Exactement, et gare à toi si tu n’y es pas !

 James regardait les pommettes rosis d’Ehlys, sa façon de le défier lui donnait encore plus envie de la connaître, même si son futur rôle sera de la protéger de tout danger. Il voulait vraiment remettre sa mèche rebelle qui tombait du côté gauche de se frange, mais ce geste serait totalement déplacé. Cela faisait déjà quelques secondes qu’un silence s’était installé entre eux, James se sentit gêné.

- Enfin bon, du coup, suite du programme. Le samedi et dimanche matin, c’est repos, avec activité l’après-midi. Les repas sont servis tous les soirs à la même heure pour tout le monde, c’est-à-dire dix-neuf heures précises. Et voilà, tu sais à peu près tout. Des questions ?

- Actuellement, non, mais si j’en ai, je n’hésiterai pas. Au fait, j’ai oublié mon téléphone dans ma chambre, quelle heure est-il ?

- Il va être dix-sept heures, ça va être l’heure de la permanence. Exceptionnellement, on peut sécher tous les deux. Que veux-tu faire ?

- Je crois que j’aimerai faire un tour du domaine, j’ai déjà été éblouie par la façade, je voudrai en voir plus.

James sourit par la remarque d’Ehlys, effectivement, elle avait été hypnotisée par la bâtisse.

- Aucun problème, on a deux heures. Je vais te faire passer par le meilleur circuit. Juste avant, je dois faire deux petits trucs. Je reviens dans dix à quinze minutes, ne t’éloigne pas trop.

- Pas de soucis, à tout à l’heure.

 Ehlys se mit aussi en route vers sa chambre, il fallait qu’elle donne signe de vie à sa famille et ses amis. Le chemin n’était pas si compliqué à retrouver finalement.

 Arrivée devant la porte, elle remarqua que chacune était numérotée et lettrée, la sienne était la 8E. En entrant, elle se rua sur son portable, il y avait deux appels manqués de Betty et cinq messages.

Le premier message était de Betty.

   Coucou Ma Chérie, alors ton affaire de famille c’est réglé ? Tu reviens quand ? Ben n’arrête pas de me poser des questions sur toi, c’est grave soulant. Bisous XXX

Il fallait lui répondre.

    Tout va bien, non ce n’est pas réglé mais bientôt. Ah oui ? Il demande quoi ? Bisous Ma Chou. XXX

 Sa mère et son père lui avaient envoyé le même message en racontant qu’Ehlys leur manquaient terriblement et qu’ils souhaitaient qu’elle s’épanouisse vraiment, pour son bien.

 Ben lui en avait aussi envoyé un. Mais l’envie de lui répondre était mitigé.

   Salut Ehlys, je ne sais pas trop quoi dire mais je ne t’ai pas vu au lycée ce matin, malade ? Je passerai te voir chez toi ce soir ! Tu as réfléchi à mon affaire ? Rétablis-toi bien !

 Comment lui dire ? Passer chez ses parents était impossible, donc lui répondre était inévitable.

 Coucou Ben, je vais bien, un petit souci de famille, je reviens bientôt, salut.

 Le dernier message était assez spécial, c’était un numéro crypté avec des lettres et des chiffres. Le plus étrange était qu’il ne paraissait pas venir des Etats-Unis ni du Royaume Uni.

   _ Bonjour à toi, Ehlys. Tu ne dois parler de ce message à personne. Tout ce que l’on te dira dans cette école est faux. Ne crois pas leurs mensonges. Je te contacterai bientôt. _

- Ehlys ? je t’attends depuis quinze minutes dans la salle de conférence.

 Prise de panique, Ehlys rangea son téléphone tout en se promettant d’essayer de comprendre ce message. Mais pour l’instant, elle voulait profiter du domaine.

- Ah oui pardon, je suis partie dire à ma famille et mes amis que je vais bien, au bout de vingt-heures j’avais peur qu’ils s’inquiètent un peu. Mais attends, tu ne devrais pas être ici ! C’est ma chambre !

- Oui… enfin… Je te cherchais partout, je m’inquiétais que tu te sois enfuie alors… Sinon, reprit-il, tu as rassuré tout le monde ? C’est parti pour la balade !

- Je ne suis pas comme ça, imagine que Kathy soit là, je me serais faite enguirlandée par ta faute, assomma-t-elle. Mais sinon, oui, tout va bien ! Et… super ? Montre-moi ce lac que j’ai à peine aperçu.

 Tout en lui prenant la main, James attira près de lui pour sortir de la chambre puis du couloir. Le manoir-labyrinthe les conduisit vers une porte qu’Ehlys n’avait jamais vu, aussi majestueuse que sobre.

 James tira la poignée vers lui et Ehlys fut éblouit. Le soleil commençait à se coucher et la forêt exerçait un pouvoir hypnotique sur le lac.

- Wouaah…