Le Temps s'Enfuit
Quel jour sommes-nous ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Les jours sont des nuits pour moi. Combien de temps vais-je encore devoir passer dans le noir, immobilisée sur une chaise ? Heureusement que Cécile me parle, même si c'est pour ne rien dire ... Sans ça je serai devenue folle !
Mon quotidien se résume à attendre ; attendre que l'on vienne me donner à manger, attendre que l'on me brosse les dents, que l'on vidange mes deux réceptacles à urine et à excréments, attendre les jours de douche, que l'on change mes sondes ...
Du coup, quand je n'ai pas le moral à zéro, j'imagine ce que je ferai si je sors vivante d'ici. En premier, j'irai dire à mes parents combien je les aime et combien je suis désolée d'avoir fugué durant ma crise d'adolescence. Après j'irai dire à Corantin que je l'aime, que je l'ai toujours aimé, depuis le CE2. Et pour finir, je dirai à tous mes proches de profiter de la vie ! Voilà ce que je ferai.
Mais vu comme c'est parti ...
Mon avenir s'assombrit de jour en jour. Si l'on en croit les séries policières, les premières quarante-huit heures sont les plus importantes. C'est là qu'en général les kidnappeurs demandent une rançon … sauf qu'il ne me semble pas que mes ravisseurs soient dans le besoin, pas d'après le parfum de Corinne, et je n'ai pas l'impression non plus qu'ils veuillent m'échanger. J'ai plutôt la sensation qu'ils nous gardent.
Je ne pleure plus. Je ne sais pas si je commence à me résigner moi aussi. Je ne crois pas. J'ai toujours cet infime espoir de sortir d'ici, bien qu'à chaque fois que j'ai cette pensée, je revois Charlotte et ré-entend la phrase de l'homme : "La prochaine fois, je te promets que je m'attaque à tes chairs internes !". Je frissonne. Il en serait capable. J'en suis sûre. Il m'a suffit de voir le regard de Charlotte quand Corinne est entrée pour comprendre.
Je me demande comment elle va …
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