Chapitre 3. Loïc

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- A quoi joues-tu ?

La voix forte et autoritaire du chef de la famille Rosenbach sortit Lyana de ses pensées. Son comportement avait provoqué un fort énervement chez le vétéran. Alors qu'il n'arrivait à déceler aucune des pensées de la femme en face de lui. Il fronçait les sourcils, le regard sévère, à la recherche d'une lueur qui aurait pu l'éclairer sur ses intentions.

- Ne te moque pas de moi, Lyana. Je te connais depuis presque quinze ans, et je sais que trouver un mari, une « attache » comme tu aimais si bien le dire, est la dernière chose que tu désires.

Peu importe à quel point il pouvait être méfiant, il savait que Lyana ne revenait jamais sur sa décision. Il n'avait rien pu dire au sujet de ce mariage. Son fils l'avait déjà idolâtrée, avant même de l'avoir rencontrée. Il n'avait pas non plus été mis au courant de leur relation épistolaire. Cela lui était resté en travers de la gorge. L'impression qu'elle avait tout manigancé ne voulait pas le quitter.

- Ne te méprends pas Loic. Il est simplement temps pour moi de répondre à mes obligations. Tardivement certes, mais c'est ainsi.

L'homme pinça ses lèvres, lui offrant une moue sceptique. Il n'était pas convaincu. Ce n'était pas une raison suffisante. Elle, la femme qui avait toujours le plus rêvé de liberté, qui refusait constamment et inconditionnellement de se soumettre aux normes sociales, soudainement, elle revenait sur tous ses principes. Ce n'était pas logique.

Lyana poussa un lourd soupir d'exaspération.

- Tu me connais pourtant bien. Je n'irai jamais détruire la vie de cet enfant. Je tiens à faire en sorte à ce qu'il vive la vie dont il a envie. Comme ce que toi tu voudrais.

Oui. Il ne voulait qu'une chose. Il voulait protéger son fils. Il voulait qu'il soit heureux. Rien n'était plus important.

Oui. Il la connaissait. Justement. Son comportement ne concordait pas avec ce qu'il connaissait de cette femme. Elle avait toujours été une source d'admiration pour lui. Différente de toutes les autres, s'économisant tout babillage inutile. Elle ressemblait plus à une guerrière étrangère qu'à une noble. Trop parfaite pour véritablement l'être, il savait qu'elle pouvait être la plus grande des traîtresses comme la plus prévenante des amis. C'était quitte ou double. Il avait décidé de parier sur elle ce jour-là, et de lui accorder toute sa confiance.

- Tu sais aussi qu'il ne lui arrivera rien avec moi, il sera en totale sécurité. D'autant plus que je pourrai l'aider à... progresser, finit-elle dans un sourire presque provocateur.

Loïc fit claquer sa langue contre son palais, agacé par son ton arrogant. Cette partie de sa personnalité l'avait toujours mis hors de lui. La première fois fut en plein combat, lorsqu'il avait été désarçonné par son aplomb et son regard suffisant.

Cela faisait plusieurs années qu'il ne l'avait pas revue. Et tout ce qu'elle avait trouvé à lui dire en débarquant à la porte de son manoir, avait été de lui demander son fils en mariage.
Il était resté pantois tellement la situation lui paraissait absurde et incongrue.

Le sourire de Lyana s'accentua encore plus, lui donnant alors quelques sueurs froides.

- J'ai vu au poste le dossier de ton fils. J'ai aussi vu qu'il n'était pas un très bon combattant. Plutôt ironique pour l'enfant de l'ancien commandant de la police militaire, non ?

Ses mains se crispèrent sur les accoudoirs du fauteuil de velours. Il ancra plus profondément son regard dans celui hétérochrome de l'actuelle commandante.

Le claquement d'une porte et un chantonnement interrompirent ses pensées.

Un rictus indescriptible déforma le visage de porcelaine de Lyana.

- Quand on parle du loup...

Elle se leva élégamment, sous le regard inquisiteur de Loïc, pour accueillir avec un immense sourire son fiancé. Il n'y vit que du feu.

- J'espère ne pas vous avoir fait trop attendre, s'excusa-t-il platement, le rouge lui montant aux joues.

Lyana lui répondit d'un sourire affable.

- Pas le moins du monde ! J'étais justement en train de discuter avec votre père.

Loïc s'avança à sa hauteur, la collant presque, pour qu'elle-seule puisse l'entendre.

- Fais-lui quoi que ce soit, rends-le malheureux, mets-le en danger, et tu sais ce qu'il t'arriveras.

La seule réponse qu'il put recevoir, fut un sourire provocateur et des yeux rieurs, avant qu'elle ne se détourne pour emboîter le pas à son futur mari.

- Il fait un temps splendide aujourd'hui ! Que dîtes-vous d'une promenade ?

Il acquiesça avec énorme sourire à faire fondre le plus imposant des icebergs.

Son plan avait commencé. La boucle était lancée. Nulle marche en arrière n'était possible.

Pardonne-nous tendre enfant.

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