Le sang sur la lande

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   Le vent souffle sur la lande. Les deux armées, face à face, restent immobiles dans le silence. La tension ne cesse de croitre. Sous leurs armures, les hommes suent à grosses gouttes. Les cavaliers, lance à la main, attendent sur leurs montures. Le claquement des drapeaux vient accompagner le vol de corbeaux, tournant lentement au-dessus des bataillons. À l’Est, le ciel se couvre et les nuages gris s’avancent vers le champ de bataille, masquant peu à peu le soleil de printemps.

   Le son des cors résonne dans la plaine, faisant vibrer le cœur des soldats. La bataille commence. Les arcs se bandent, les boucliers se lèvent. Les cordes claquent et les flèches sifflent. Cette pluie de fer et de bois se brise en partie sur les boucliers. Les guerriers tombent, les mains sur leurs plaies, agonisant sur l’herbe verte. Le premier sang vient de couler. Les armées s’avancent, les javelines volent au-dessus d’elles. Les hommes se mettent à courir, arme à la main, en direction de l’adversaire. Le choc est d’une violence incroyable. Le rugissement de l’acier se mêle aux cris de douleur. Certains tombent le ventre ouvert, essayant tant bien que mal de contenir leurs entrailles. D’autres s’écroulent, le crâne fendu, en gargouillant misérablement.

   Les nuages noirs, poussés par les vents, se regroupent au-dessus de la bataille. Les premières gouttes tombent et s’intensifient, un éclair déchire le ciel et le tonnerre gronde. La terre se met à trembler sous le fracas des sabots de la cavalerie qui s’élance à travers le champ de bataille. La charge est violente. Les hommes tombent de leurs chevaux, les bêtes trébuchent sur les cadavres, les fantassins se font piétiner. C’est au cœur de ce désordre que s’installe une boue noire et épaisse, rendant le terrain glissant et les combats plus rudes. Les cadavres s’empilent, le sang se mélange à la terre et le moral baisse. Certains, pris de panique, fuient le conflit. Ces fuyards isolés sont vite rattrapés par la cavalerie qui ne manque pas de ressources. Frappés dans le dos par l’épée ou piétinés par les sabots des chevaux, ainsi meurent les couards.

   La bataille touche à sa fin, les deux armées battent en retraite. Les pertes humaines sont colossales. Le sol est jonché de cadavres, de boue et de viscères. On peut entendre la lente agonie des blessés abandonnés à leur triste sort. Un cheval paniqué trébuche sur ses propres boyaux. Son hennissement résonne dans la plaine. L’odeur âcre du sang emplit l’air. Le cri des hommes et de l’acier est remplacé par le croassement des corbeaux se délectant des cadavres encore chauds. La pluie ruissèle entre les corps. Et le vent souffle sur la lande.

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