La vérité philosophique et scientifique

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La meilleure définition de la vérité serait ce que nous pensons est vrai quand ce que nous voyons existe réellement tel que nous le voyons. De ce fait, la vérité est ce qui est et repose sur la connaissance, que nous avons de la réalité.

Dans l'œuvre de Descartes, la recherche de la vérité par les lumières naturelles, le père du "Cogito, ergo sum", nous dit que l’honnête homme n’a pas besoin d’avoir lu tous les livres, ni d’avoir appris soigneusement tout ce qu’on enseigne dans les écoles. Son éducation serait mauvaise s’il eut consacré trop de temps à certaines matières. Il y a maintes autres choses à faire dans la vie, et il doit la diriger de manière que la plus grande partie soit faite pour mener de belles actions, que sa propre raison doit lui apprendre. Mais il nait dans l'ignorance, il se peut que son esprit soit rempli d’idées fausses, avant que sa raison ait pu prendre l’empire sur elle ; ayant besoin de leçons fréquentes d’un homme sage, tant pour secouer les fausses doctrines dont son esprit est prévenu, que pour jeter les premiers fondements d’une science solide, et découvrir tous les moyens par lesquels il peut porter ses connaissances au plus haut point qu’elles puissent atteindre.

Mais point, il ne faut confondre vérité et certitude, la première est détaillée et demande un long processus de réflexion pour parvenir à des énoncés démontrables, la seconde n'est que grossièreté et immédiateté. Il faut voir dans cette distinction une conséquence, que ce qui va à l'encontre d'un préjugé au sujet de la vérité, sont la philosophie et la science. Celles-ci sont bien sûr dotées du plus haut degré de certitude que toute personne puisse atteindre. Mais il faut démontrer précisément en quoi consiste la fausseté de ce préjugé. La certitude immédiate, celle qui laisse peu de place au doute, s’affiche avec cette absolue confiance en celui qui en est le détenteur, qui relève du cas pathologique diffère des vérités scientifiques et philosophiques, qui sont au contraire le résultat de processus complexes et difficiles d’observations, d'interprétations, d’analyses et de corrections des dites interprétations et observations. La certitude des vérités scientifiques est donc moins assurée que la vérité directe des faits.

Mais que reste-il à la philosophie en matière de connaissances, dès lors que les sciences ont analysé et découvert ce qui a été, à divers époques, l'objet de recherches et de réflexions philosophiques ?
Un philosophe pure ne peut pas faire de physique, même si la philosophie, soit le précurseur des sciences, ayant ouvert la voie à de nombreux domaines de connaissance, qui deviennent ensuite des disciplines scientifiques à parts entières qui ne relèvent plus du tout de la philosophie. Mais si les sciences sont devenues des domaines à part, beaucoup de domaines sont loin d’être des sciences et se révèlent n’être finalement que des illusions, comme dans le cas de nombreuses fausses sciences. Dans ce cas, nul ne peut considérer la philosophie comme une connaissance scientifique, car elle ne possède pas de vérités bien établies, mais est un travail de clarification des pensées et des méthodes. Elle est donc une aide indispensable au commencement de toute démarche scientifique et permettre d’élucider certaines recherches scientifiques.

Donc, la philosophie n'est pas une science ; elle n'est qu’une recherche de vérité philosophique par la clarification de la pensée et de la connaissance.
Il fut un temps où la philosophie fut considérée comme la reine des sciences, prétention incarnée par la métaphysique, aussi appelée philosophie première. Cette discipline étudie les principes les plus généraux de la réalité et de l'être et se situerait pour cela au-dessus de toutes les formes particulières de connaissance. Or, face aux sciences telles qu’elles existent aujourd’hui, elle ne peut formuler aucune vérité vérifiable, sur Dieu, sur l'âme, ou sur l'espace, le temps, la causalité du grand tout ; ce, pourquoi, la métaphysique apparait donc telle qu’elle est, vide de tout contenu.

Une autre raison est que la philosophie a conservé une dimension pratique qui est son essence depuis ses origines, et, même si elle n’est pas une science, elle reste une discipline qui apporte des réponses aux questions et aux problèmes que nous pose notre existence et à laquelle la philosophie semble donner un sens. Même si ces questions sont rarement considérées comme des questions scientifiques car elles portent sur des valeurs, le bien et le mal et des comportements de l’espèce humaine qu'il est extrêmement difficile de quantifier ou de théoriser, questions parfois polémiques à l'égard des recherches des sciences, comme de réduire l'être humain à un simple objet d'étude parmi d'autres et soulever des problèmes d’éthiques.

Certes, la philosophie n'a pas de vérités qui lui est propre, mais faut-il dès lors déclarer la fin de la philosophie ?
Non, car si la métaphysique est vide de sens, cela n'entraine pas le rejet de la philosophie toute entière. Elle permet de délimiter le domaine légitime de nos connaissances, devient une théorie critique de la science et de ses connaissances, de montrer de quelle manière certains domaines de recherche sont ou non légitimes. Dès lors, qu’elle devient une réflexion sur des connaissances déjà constituées, ou appelées à le devenir, la philosophie permet de clarifier les conditions d'utilisation et de validation de ses connaissances, elle permet d’en évaluer la légitimité.

Il est donc indispensable que la philosophie soit une matière primordiale dans les études scientifiques, ne reste pas une épreuve du bac pour les séries non littéraires, car comme nous le rappelle Descartes, le but des études doit être de diriger l’esprit de manière à ce qu’il porte des jugements solides et vrais sur tout ce qui se présente à lui. La philosophie et son apprentissage, par son mode de raisonnement permet cette gymnastique intellectuelle.

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