Pavor
,Frandesc, frandesc, frandesc....
Pourquoi participer à ce défis ? Pour satisfaire les envies de voyeurisme morbide d'une quelconque personne ? Au fond qu'importe : je pourrais saigner mon petit coeur jusqu'à ce qu'il n'en reste rien, donner mon être à manger aux vautours jusqu'à ce qu'il ne puissent plus se repètrent - le mythe de Tityos prend de nouveaux sens sous l'oeil de Big Brother.
Alors lançons nous, dans le cadavre exquis de mes craintes et doutes.
Il y a d'abord quelque chose à savoir : je ne crains pas le moment présent ; c'est au futur que je conjugue mes peurs.
En effet quel avenir pour un être gris dans une société qui ne veut voir que du blanc ou du noir ? Comment fuir 1984, surmonter le Farenheit 451, se débarasser de ma cape rouge et de mon bonnet blanc de Servante Ecarlate, prendre la tengeante, s'échapper d'un monde mathématiser qui tente follement de numériser jusqu'à notre humanité ?
Mais de quoi me pleins-je ? Suis-je assez stupide pour fermer les yeux sur ma situation ? Oh, je crains que oui. Qui suis-je pour parler, humanoïde alimentée par des perfusions de like et de réseaux sociaux ? Je me cache derrière un pseudo pour emplir le Néant, tentant désesperément d'Être.
Un mal-être empli mon être tandis que l'on essait de faire toujours rentrer mon âme ronde et lisse dans un moule carré. J'ai peur d'y entrer un jour. J'essaie d'aranger mon être désespéremment : mais j'y échoue toujours et la peur de mon échec futur angoisse mes jours présent.
Quelque part je mets fin à ma peur : je me leurre, je me rassure. Le monde n'a pas besoin d'une fourmi pour tourner : j'ai peur de ma petitesse face à l'immensité du temps et de l'univers. Je suis goutte d'eau dans un océan de millénaires de pleurs.
J'ai peur pour les autres. Je veux voir nos lendemains heureux. Je veux voir nos mains sculpter notre monde - même s'il doit devenir le meilleur des mondes. Je veux partager tout ce que je sais, comprendre ce que je ne sais pas, que notre savoir s'entraide, forme une échelle qui nous ménera jusqu'aux étoiles. Et pourtant je continue d'avoir peur. De perdre les fils qui m'unissent aux autres, de me retrouver seule. Plaisir égoïste qu'est celui de vivre entourée. Je préfère le monde de Maleville au mien, sans amis et proches ni reproches.
Mais j'ai aussi peur des autres. Qui a dit qu'être extravertie résolvait ces problèmes ? Tout les jours, je crains leur regard, de leur reproche. Mais toujours à contre temps, après avoir agis. Je hais ces conventions qui modèlent nos avis à coup d'injection de botox et de photoshop. Je ne hais pas l'humanité : je hais ce qu'elle crée et l'adule tout à la fois - la logique paradoxale me tient à l'âme.
Je ne suis pas une Uglies.
Je suis Sysiphe qui est heureux de pousser son rocher, dans sa routine qui le tue pour l'éternité, je suis Tantale qui ne peut jamais se satisfaire, cherche toujours à avoir ce qu'il ne peut atteindre. Je suis Willy Loman qui se perd dans un rêve empli d'amertume et de regret, qui coud ensemble sans le vouloir, le fil du futur et du passé. Je suis Aomamé, à la croisée des mondes je continue de me rassurer par mon savoir. Je suis GATACA.
Je suis quelqu'un qui s'est construit et à construit la raison de ses peurs sur la littérature.
Pas loin de l'étrange chose de Frankenstein, étrange patchwork de différents styles, différentes idées, presque pas humaine. Mais loin d'être effrayée du culte de Ctuhlu ou du Nicronomicon, fascinée par eux plutôt.
Tu devrais alors comprendre lecteur, qu'en vérité :
Ma plus grande peur c'est moi.
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