Le plus terrible quand j’entends le mot amour, c’est que j’y vois tout, sauf de l’amour. Quand j’entrais dans la période ingrate de l’adolescence, j’observais avec envie les filles et garçons de mon entourage qui découvraient déjà les joies d’un(e) copain/copine. Je n’arrêtais pas de les voir partout, à se tourner autour, flirter maladroitement, se frôler pour finalement annoncer avec fierté (ou non) qu’ils étaient en couple. Je n’arrêtais pas de penser : moi aussi, un jour, moi aussi. J’avais l’impression d’attendre avec impatience un cadeau que le père noël avait égaré quelque part dans le ciel. Et plus les années ont passées, plus je me suis rendue compte que je m’étais bien faite avoir. L’amour qu’on m’avait vendu jusqu’ici n’était que l’emballage du cadeau, celui que l’on déchirait à toute vitesse pour finalement être lassé du contenu. Et pourtant, je le voyais partout, ce foutu papier. Que ce soit dans les films, dans les magazines, sur internet, dans les livres ou encore juste devant mes yeux dans la cour d’école, je suppliais le destin pour qu’il m’envoie mon âme sœur. La claque fut phénoménale quand je mis enfin pied dans le monde des jeunes adultes. Eh oui, le père noël n’était encore jamais passé et le destin m’avait bien ri au nez jusqu’ici. Ce qu’on oublie souvent de nous expliquer, c’est que l’amour n’est pas qu’une histoire de papier. L’amour ne se résume pas un sublime baiser, à la caresse d’une promesse ou un mystère à percer. Il n’existe aucun amour sans compromis, sans gestes, sans défauts, sans pleurs et sans peurs. On m’avait bernée en me faisant croire que l’amour n’était qu’une question de couple entouré de paillettes et de déclarations fumeuses qui sentaient la rose. Qu'il était dans mon intérêt de le trouver au plus vite sans quoi je passerais à côté d'un spectacle flamboyant.

L’amour, je ne le vois plus avec envie, mais avec gratitude. Je le vois à travers des parents, qui font leur possible pour protéger leurs enfants d’un monde dur et cruel. Je le vois à travers des amis, qui se soutiennent dans les moments les plus difficiles de la vie. Je le vois à travers un frère ou une sœur, qui malgré leurs disputes défendent leur famille coûte que coûte.

Alors j’ai cessé d’attendre un cadeau qui se trouvait juste sous mes yeux. Parce que, certes, certains ne feront jamais plus que de déchirer l’emballage, mais il y en a d’autres qui prennent la peine d’ouvrir la boîte et de s’émerveiller. Qui malgré le temps qui passe, malgré le fait que le présent est désormais usé, le gardent et le chérissent encore plus.

Tout le monde mérite un peu plus qu’un emballage.