Eva sortit de la forêt après avoir contourné le groupe qu'elle pouvait toujours entendre rire. Elle se baissa aussi bas que possible et traversa discrètement la route en direction de la maison de laquelle l'homme s'était enfuit. S'il s'était fait repéré dans celle-ci, alors tous les Fous qui y étaient avaient dû le suivre se disait-elle. Elle arriva sousle porche, face à la porte grande ouverte, et sans se redresser, elle entra. L'intérieur, sans surprise, était saccagé, il n'y avait pas un objet en bon état ou à sa place. Sans trop de problème, la jeune femme trouva la cuisine, elle poussa lentement la porte tout en s'assurant qu'elle ne surprenne personne dans la pièce. Elle s'y faufila sans bruit et pu enfin se relever. Sans attendre, elle contourna l'îlot central de la salle, y déposa sa machette et farfouilla dans tous les placards. Elle mit la main sur trois petites bouteilles d'eau et quelques conserves qu'elle ne prit même pas le temps de trier. Après avoir rempli son sac de ses trouvailles, elle l'enfila et s’apprêta à sortir lorsqu'elle entendit la voix d'une femme qui semblait chantonnait un air de musique qui lui fit froid dans le dos.

-Merde, laissa-t-elle s'échapper d'entre ses lèvres.

La femme cessa de chantonner, comme si elle l'avait entendu. La porte de la cuisine s'ouvrit dans un grincement et Eva se précipita sur le sol, se cachant derrière l'îlot. Elle entendit la porte se refermer et l'inconnue chantonna à nouveau… elle était dans la pièce. Le brune mit sa main devant sa bouche comme pour étouffer un gémissement de crainte. Elle entendit un pas, puis un second, la femme s'était rapprochée de l'îlot tout en chantant son air macabre. Un tintement parvint aux oreilles d'Eva qui resta figée. « Merde, ma machette ! » pensa-t-elle en se maudissant de l'avoir posé. Un rire suivit la chanson, elle était contente d'être tombée sur cette machette.

- À moi, haha ! Rien qu'à moi, hihihi.

La voix de la femme était aiguë. Elle se mit à répéter ces mots encore et encore tout en faisant traîner la machette dans tous les recoins de la pièce, laissant le bruit du métal résonner dans l'air. Elle commença à faire le tour du meuble, Eva pouvait l'entendre, elle s'efforça de se déplacer sur le sol au même rythme qu'elle pour ne pas se faire repérer. Elle ne savait pas quoi faire, elle savait qu'elle ne pouvait pas courir dans son état, elle n'avait qu'une solution, la tuer, mais comment ?

En glissant sur le sol à reculons, les conserves dans le sac s’entrechoquèrent, laissant leur bruit s’élever. Eva, surprise, se figea. Plus un bruit, plus aucun venant de la femme, de la machette ou même d'Eva qui espérait qu'elle passe son chemin.

-Hahaha !

Eva sursauta et leva la tête, la femme était montée sur l'îlot. La machette en main, elle sauta sur la brune qui esquiva la lame avant qu'elle ne s'abatte sur elle. La Folle était à présent sur elle, elle donnait des coups aléatoirement tout en hurlant et riant, tailladant à plusieurs reprises les avants-bras d'Eva qui protégeait son visage.

-Tu vas la fermer oui espèce de dingue, tu vas rameuter tous les cinglés du coin ! fit-elle en se défendant comme elle le pouvait.

Sans trop y croire, Eva donna un violent coup de tête au visage de celle qui la retenait. Assommée un court instant, elle en profita pour la pousser et la renverser en arrière sur le sol.

-Hihi, folle, folle, cinglée, haha !

En tombant, la Folle avait lâché la machette. Toutes deux la regardèrent avant de se précipiter dessus.

-À moi, rien qu'à moi !

Elle s'était redressé pour se jeter sur l'arme aux pieds d'Eva qui dans un réflexe lui donna un coup de pied en plein dans le nez, du sang éclaboussa les placards et le sol.

-Hahaha ! À moi ! À moi !

-Tu la veux ? Lança Eva en récupérant la machette. Alors tiens !

Eva planta la lame dans la poitrine de la femme, surprise, la folie dans les yeux de celle-ci s'éteignit lentement.

-Folle, folle, cinglée. Hihi…

Après ces quelques mots qu'elle avait récité, elle sourit une dernière fois avant de mourir. Eva retira la lame de son corps et s'allongea sur le sol, épuisée par la bagarre. Elle se tu et tendit l'oreille pour vérifier que personne n'avait entendu le boucan et se dirigeait vers elle.