15. Un peu de répit.
L'homme, après avoir vérifié qu'il n'y avait plus de danger à l'intérieur laissa Eva quelques secondes pour aller récupérer Callie qu'il avait laissé dans une voiture abandonnée juste derrière la station. Ils revinrent tous les deux alors que la brune n'avait pas bouger dans le noir, bien qu'il lui avait laissé la lampe torcher qu'il avait trouvé un peu plus tôt.
Callie, ravie que la plus grande aille bien s'empressa de la serrer dans ses bras. Eva se figea, elle ne s'attendait pas à cette spontanéité de la part de la petite. Elle esquissa un sourire discret, déshabituée à autant d'attention. Le père, ne voulant pas la mettre mal alaise retira la gamine d'elle sans parler. Eva repris ses esprits en secouant la tête avant de le regarder.
-On fait quoi maintenant ? On ne va pas passer la nuit ici, tout est en désordre, la porte d'entrée ne se ferme même pas et les fenêtres sont brisées.
Elle regarda aux alentours tout en éclairant la pièce.
-Hmm, l'endroit à déjà était pillé, il ne reste plus rien…
-Il faut essayer les maisons, répondit le père.
-Les maisons ? Haha, non merci, j'ai déjà donné, et puis pour ce soir c'est trop tard, il fait déjà nuit dehors.
Il inspecta l'endroit également.
-C'est quoi ça ? dit-il en pointant du doigt dans le dos d'Eva qui se retourna.
Il avait indiqué une porte derrière le comptoir qui devait servir de caisse.
-Je ne sais pas, une arrière boutique, peut-être.
Il lâcha la blondinette et se dirigea vers la porte en sautant par-dessus le comptoir. Il frappa à celle-ci avant de plaquer son oreille contre elle. Pas de bruit, il n'y avait personne. Il lança un regard méfiant à Eva. Il abaissa la poignet et la porte s'ouvrit en silence. La brune s'empressa de lui refiler la torche. Il entra, suivit des deux autres. Il s'agissait bien d'une arrière boutique, malheureusement pillée elle aussi.
-Génial, lança Eva, et maintenant ?
-On a peut-être pas grand-chose à récupérer, mais au moins la porte se ferme, on pourra y passer la nuit si on la barricade correctement.
Sans autres alternatives, Eva et lui allèrent chercher quelques étagères dans la pièce d'à côté, celles-ci allaient pouvoir coincer la porte jusqu'au matin. Il la fermèrent, placèrent les étagères de manière à la bloquer et finir par s'asseoir à même le sol, épuisés par ces dernières vingt-quatre heures. Eva adossée contre un mur, l'homme un peu plus loin, face à elle. Quant à la petite, elle s'était allongée, se servant des jambes de son père comme oreillers. D'une main il lui caressait la tête, de l'autre il continuait de soutenir ses côtes. A cette vision, Eva se souvint de sa sœur, elle aussi avait pour habitude de s'endormir sur ses jambes et elle aussi jouait dans les cheveux de Calisse. L'une comme l'autre, elles trouvaient ça apaisant.
-Vous allez bien ? lui fit l'homme remarquant qu'elle avait la tête ailleurs.
-Oh oui… Pardon. Je… Réfléchissais. Et vous ? Reprit-elle en montrant les côtes de l'homme.
-Moi ? Faut dire que vous n'y êtes pas allé de main morte avec moi, sourit-il.
-Je suis tellement désolée… Je n'avais pas le choix…
-Oh ! Vous êtes pardonnée depuis une éternité déjà.
-Vous voulez que je vérifie vos blessures ? lança-elle.
-Ça ira, merci. Vous êtes docteur ?
-Non, je cherche surtout un moyen de me rattraper.
Ils rirent tous deux ravis d'un peu de répit. Le silence s'installa un moment, chacun vaquait à leur propre pensée. La brune finit par briser la glace.
-Vous pouvez me tutoyer, vous savez ?
-Pardon ?
Il s'était détourné de sa petite pour regarder Eva.
-C'est pas pour vous froisser, mais je pense être pas mal plus jeune que vous, alors… Autant me tutoyer.
-Très bien, dit-il amusé par l'argument de la jeune femme, dans ce cas, tu peux me tutoyer également.
La brune sourit, le contact humain lui faisait du bien, plus qu'elle ne l'aurait penser.
-Je m'appelle Mathieu, dit-il sans qu'elle lui pose la moindre question.
-Eva ! fit-elle en le saluant comme si elle avait besoin de préciser qu'elle parlait d'elle.
-Moi c'est Callie, fit la petite en levant sa tête brusquement.
-J'ai cru comprendre, oui.
-Toi je croyais surtout que tu dormais, jeune fille !
Callie reposa sa tête sur les jambes de son père faisant mine de s'être endormie directement. Comme si elle s'était faite prendre en train de faire une bêtise. A la réaction de la blondinette, Eva et Mathieu rirent à nouveau.
-Tu dois être mort de fatigue, non ?
-Pas toi ?
-Je suis épuisée ! Mais pas question de m'endormir, je ne me sens pas vraiment en sécurité…
-Dors ! Je surveillerai, dit-il.
-Nan, a ira merci. Je surveille, répondit-elle touchée par sa proposition.
-Tu ne vas pas veiller toute la nuit pour regarder une porte barricadée, si ?
Eva haussa les épaules.
-Je te propose un truc, tu fais la première partie de la nuit, et moi la seconde, ça te va ?
La jeune femme était perplexe, elle ne voulait pas dormir, elle avait peur que n'importe qui franchisse cette porte pourtant bien bloquée. Sachant que le sommeil finirait bien par la gagner, elle acquiesça. Mathieu s'allongea, prenant soin de mettre sa fille à la même auteur que lui pour l'entourer de ses bras. Celle-ci trouva rapidement sa place dans le cocon sécurisant que lui offrait son père.
-Bonne nuit Eva, dit-il en fermant les yeux.
-Bonne nuit Mathieu, sourit-elle rassurée par leur présence.
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