XIV
Dans les jardins de l’Élysée
.Un homme et une femme marchent dans les allées, ils parlent à voix basse :
— Je ne peux pas vous recevoir ici, capitaine, je préfère qu’on ne nous voit pas ensemble. La personne que vous m’indiquez s’est absentée pour se rendre chez son grand-père tombé gravement malade, m’a-t-on dit…
— Vous ne trouvez pas ça curieux ? Elle s’absente l’après-midi où je viens pour l’interroger !
— Était-elle au courant de votre venue ? Je ne crois pas. De toute manière, elle n’a qu’un poste subalterne et aucun accès aux informations ni aux documents concernant notre affaire.
— C’est possible, monsieur le Conseiller, j’étais venue m’en assurer, mais maintenant il va falloir la retrouver et l’interroger loin des regards indiscrets de sa famille, si elle est chez son grand-père, j’espère que son adresse est connue…
— Je vais me renseigner auprès du responsable du personnel, je vous communiquerai ça par téléphone. Ne me contactez plus ici je vous prie. Vous avez fait du bon travail, mais la situation peut devenir embarrassante. Je vous souhaite un bon retour.
— Désolé, monsieur le Conseiller, je ne quitte pas Paris, j’attends votre coup de fil pour retrouver cette jeune femme, elle est probablement la dernière personne à connaître cette affaire, on ne peut pas la laisser dans la nature sinon, vous aussi, vous risquez de payer les pots cassés.
— … Hem ! Je vous envoie son adresse par SMS d’ici quelques minutes. Et à l’avenir, capitaine, évitez de me menacer...
— Ce n’était pas une menace, monsieur, mais un simple constat, car si cette femme, comme je le crois, détient des informations confidentielles… sachez qu’il n’en restera aucune trace après mon passage ! Passez bonne soirée, monsieur le Conseiller !
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Brest, 12 rue Larsen
Dans la maison bourgeoise de ses grands-parents, Alwena est comme un poisson dans l’eau, elle a toujours été leur petite fille préférée. Son statut de diplomate de même que son poste auprès du président les a toujours remplis de fierté. Jusqu’à son adolescence elle passait toutes les vacances chez eux aussi ne furent-ils pas pris de court quand elle leur annonça sa venue pour quelques jours de congés en compagnie d’une collègue de travail.
Durant le trajet, Alwena et Bella firent plus ample connaissance et se trouvèrent des centres d’intérêts communs, jouer les copines parut bien leur convenir. Alwena, mise en confiance, raconta sa relation avec l’écrivain assassiné. Elle avait suivi ses cours d’économie en tant que lycéenne à Clermont-Ferrand durant un an, et ayant sympathisé avec trois lycéens proches du professeur, s’était liée d’amitié avec ce dernier. Après qu’elle a obtenu sa licence en sciences politiques, il l’a beaucoup aidée pour le concours d'entrée au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et une fois diplômée, il avait fêté ça avec sa famille.
Lorsqu’elle fut détachée auprès du conseiller aux affaires internationales de la présidence, il lui demanda de ne pas parler de leur relation, étant alors en mauvais termes avec son cousin, et craignant des répercussions désagréables pour sa fonction, son avenir, voire un renvoi vers son ministère d’origine.
C’est alors qu’elle lui avait fait part de ses soupçons sur les transactions financières liées aux ventes d’armes plus ou moins légales et à destination d’états assez peu recommandables. Tout cela selon des circuits compliqués qui permettaient ainsi de dégager des sommes versées sur des comptes discrets dans des paradis fiscaux. Elle n’en avait touché mot à personne, comprenant bien les implications dangereuses de ces informations. Mais ses déductions s’appuyaient sur des données éparses qu’elle avait rassemblées, le tout formant des éléments de preuves fournies à son ancien professeur pour nourrir la trame de son ouvrage.
JI 20/10/23
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