Partie 2 - 4
D’un côté, nous n’étions pas à plaindre. Je ne sais pas à quoi ressemblaient les geôles sur Terre ou Mars, mais celles du Markind 55 Cancri avaient tout le confort nécessaire. Les synthétiseurs et les recycleurs fonctionnaient correctement permettant de nous nourrir convenablement. La salle de toilette fonctionnait très bien. La seule chose dont nous étions privés était la liberté de mouvement hors de nos quartiers et l’accès à l’Humania et autres systèmes externes. En revanche, nos PIMs restaient fonctionnels en mode individuel.
Nous comprenions évidemment qu’il était dans leur intérêt de nous garder en bonne santé. Nous n’étions pas dupes. Ils avaient besoin de bras pour construire le camp embryonnaire Alpha et peupler leur planète. La seule angoisse qui m’habitait était de savoir à quel moment ils pourraient se passer de nous.
Un autre point nous inquiétait. Et non des moindres : endurer un voyage interplanétaire de plusieurs années à bord du Markind 55 Cancri n’avait rien d’insurmontable. Mais passer quelques mois, à trois, dans un espace si exigu ne tarderait pas à poser un problème. Heureusement, une partie de la formation sur le centre d’ensemencement sur Belgi nous avait préparés à supporter le confinement. Cependant, pas sur une si longue période et ils n’avaient pas inclus la mutinerie dans leurs programmes. Nous n’avions pas non plus de nouvelles de Matthias et Olas. Au bout de quelques jours, nous nous étions convaincus les uns et les autres qu’ils avaient été soit affectés à des tâches diverses et variées ou installés dans d’autres quartiers.
Quand un peu plus d’une semaine plus tard, ils nous rejoignirent, nous étions heureux de nous retrouver, même si la promiscuité allait montrer ses limites dans les trois jours qui suivirent. Apolline et Matthias faillirent en venir aux mains. Nous avions tous eu au moins un accrochage entre nous. Même entraînée et préparée psychologiquement, la nature humaine montrait sa limite d’adaptation. Pour alléger le fardeau de notre cellule, nous avions finalement opté pour séparer du mieux que nous le pouvions l’espace pour assurer un minimum d’intimité. Des instants de silences avaient été décrétés par Olas. Notre imagination avait créé des dizaines de jeux de toutes sortes. Malgré tout, nous avions goûté de délicieux moments, bien plus joyeux que ce à quoi nous pouvions nous imaginer. Matthias était un si bon et agréable compagnon.
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