La feuille blanche
OH ! Page blanche, vous, qui avec grâce, vous enchantez les cœurs d’enfants qui viennent poser leur premières empruntes d’un cours d’écriture. Vous qui tolérez les fautes des grands blessés de leurs malaises, de leurs joies. Vous qui n’échappez pas au grands qui avec leurs plumes vous enchanteront.
Seulement si d’autres qui ne connaissent pas les mots, qui ne connaissent pas les règles, ils viendront eux aussi gribouiller avec leur crayons : des dessins, des signes, des ratures. Ou bien même faire des miracles avec un pinceau. Petits et grands.
Mais quand les grands parleront, ils diront des choses, fabriqueront des tableaux minutieux et précieux, raconteront la misère, la joie, la douleur, l’effroi, sans se demander quand ? Ni pourquoi ?
Vous page blanche, vous êtes si belle car vous désignez le tout et le rien, le beau et le vilain, le banale et le splendide, le mal et le bien, le début et la fin.
Vous êtes innocente, et vous devenez coupable, soudain, à cause de quelqu’un. Victime de sauvagerie et du destin.
Vous êtes la paix, et vous méritez qu’on vous fiche la paix.
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