********* !!! ²
Je suis là, sur mon palier dans ma tenue traditionnelle de beauf, à savoir calcif, chaussettes, bedaine de furoncle de comptoir pointu pointé agressivement vers l’avant, café du milieu de matinée à la main, chat au pied, grand bien lui fasse, et je ne comprends pas. Mais c’est quoi ça ? Encore. Et vu que je suis poli, je ne rajouterais pas un Merde à la fin ! bien senti, même si je le pense très, très fort. Les sourcils froncés et tout, genre ça me gonfle, mais vraiment. Que je vous esseplique quand même ce qu’y se passe à ma lourde.
Alors que je ronflais sur mon chat comme chaque grasse matinée bien avancée, mon réveil fit l’inverse de tintinnabuler gentiment à mes oreilles, non, il me hurla juste dessus comme un soudard. Ce qui fit peur au chat, ce qui me fit peur, et conséquemment, parce que mal réveillé, foira mon café (ben oui, je me suis trompé aussi en comptant les doses jusqu’à trois). J’en étais là, en calcif et en chaussettes donc, à boire mon café façon thé, voire tisane, quand on s’excita à ma sonnette, aussi peu avenante que ma sonnerie de réveil au passage. Mon chat prit peur, je pris peur, renversant la moitié de mon breuvage dégueu par terre, au plafond et sur les murs (et aussi sur le chat). Et la porte ouverte, rien. Que du bruit. Ça comme bruit : ********* !!! ² ou un truc de ce genre. Je recherche la source de ce pénible grincement acoustique et oculaire quand je tombe sur une morveuse qui me graille du regard, effrontée au possible, tétine rouge au bec. Et là, je dubite sec. Que fais-je ou que ne fais-je pas en l’occurrence de c’te mouflette qui jacte, qui jacte, qui jacte, c’est finalement tout ce qu’elle sait faire, jacter ? Alors, de mon œil bovin pas réveillé, je la contemple, et comme c’est un peu fatigant, je me soutiens plus ou moins dignement au chambranle, évalue mon café froid, clair, vide le reste de la tasse sur son crâne à peine chevelu, allume un clope, pendant qu’elle jacte, qu’elle jacte, mais qu’elle jacte ! Une vraie folie ! Je m’accroupis, à hauteur du bazar, lui souffle ma nicotine pleine poire, mais elle continue de jacter. Une forme de poésie débridée et folle crachée par sa lippe baveuse, ses bras qui s’agitent dans tous les sens, sa couche qui déborde.
Ok.
Pas envie en fait d’avoir « ça » sur mon paillasson plus longtemps, et je crois comprendre que mon chat non plus n’est pas très jouasse de se colleter cette morveuse qui colle des points d’exclamation de partout, des étoiles en tartine et surtout cette logorrhée à deux francs (très anciens). Et personne dans la rue pour s’occuper des encombrants. Les gens me regardent genre, mais c’est ton problème bonhomme, nous, on ne veut rien savoir. Toujours aussi pleutres les gens quand on y réfléchit bien. Même la voisine qui médit à qui mieux mieux sur mon compte comme quoi j’affamerais mon chat. Dernièrement, j’ai comme une sorte de grande fatigue qui me dégringole sur les épaules, et clair, je n’ai plus d’énergie pour dire mon dû à ces énergumènes qui feraient mieux de s’occuper de leur fond de culotte avant d'aller gaillardement baver sur les autres. Aussi même pas, je les calcule. Mais ça ne veut pas dire pour autant que j’apprécie me faire polluer mon pas-de-porte par une gommeuse à la noix. Malgré mes bonnes résolutions de même pas de fin d’année. Ah, je ne vous ai pas dit ? J’ai décidé d’être gentil (si ;) Juste que je vais différer la date d’entrée dans le monde des Bisounours, qui de toute façon n’avait pas été fixée fermement. Et fort de cette décision, je m’en vais fouiller dans mes placards ce qui pourrait me permettre d’expédier loin et ailleurs ce « colis » qui braille à ma porte. Je crois avoir trouvé et je reviens avec un club de golf, mais plus rien. Juste mon chat qui fait sa toilette stoïquement. À quelques centaines de mètres, je devine des ponctuations qui s’échappent d’un buisson, le seul dans la rue, noir, sombre et épineux au possible. Je regarde mon chat. Bon Ok, visiblement, le matou a été expéditif et définitif. Modérateurs du monde entier, prenez modèle sur ce félin qui en un seul coup de patte sait faire taire ceux qui devrait prêcher dans le désert, sans eau et sans vivre, en plein cagnard pendant que nous, nous sirotons peinard nos mojitos au bord d'une piscine. Et mettre alors à fond de balle Silent de Joe Unknow.
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