A cœur ardent, rien d'impossible...
Hercule P. :
Mesdames, Messieurs, chers amis…
Tous s’approchent.
J’ai démasqué le coupable.
Tous :
Ah ! ! !
Le coupable :
A part
Je suis fait.
Hercule P. :
Et le coupable est…
Tous :
Enfin, nous allons savoir !
Hercule P. :
M. le Comte lui-même.
Tous :
Oh ! ! !
Le coupable :
Ouf !
La Comtesse :
Qu’est-ce que cela signifie, M. Poireau ?
Hercule P. :
Cela signifie, madame, que votre mari s’est donné la mort.
La Comtesse :
Mais… c’est impossible !
Hercule P. :
A cœur ardent, rien d’impossible, chère madame…
La Comtesse :
Je ne vous suis pas, M. Poireau, mon mari n’a-t-il pas reçu deux balles de revolver dans la tête ?
Hercule P. :
Certes.
La Comtesse :
Alors ?
Hercule P. :
Alors, chère madame, il faut qu’il y ait une explication…
La Comtesse :
Agacée
Venons-en aux faits M. Poireau, pour l’amour du ciel !
Hercule P. :
J’y viens, chère madame, j’y viens…
La Comtesse :
Je vous en prie.
Silence savant.
La Comtesse :
S’apprêtant à manifester son impatience
« … »
Hercule P. :
S’empressant de la devancer
Votre mari, madame, était un joueur notoire autant qu’impénitent, n’est-ce pas ?
La Comtesse :
Je ne vois pas le rapport avec toute cette affaire…
Hercule P. :
Vous n’allez pas tarder à l’entrevoir, chère madame, comme on entr’aperçoit progressivement les premières lueurs de l’aube sur l’horizon matutina…
L’Archiduc :
Les faits, Poireau, les faits…
Silence pesant.
Hercule P. :
Il jouait, je crois, des sommes considérables…
Le comptable :
Admiratif et exalté
En effet, M. Poireau, et je pense être en droit d’affirmer qu’il n’existait pas en ville un seul joueur qui lui arrivât seulement à la chevi…
La Com(p)tesse :
Merci M. Vanderbroock, vous pouvez disposer…
Le comptable dispose.
Hercule P. :
Ménageant le suce-pince
Et ce soir, chère madame…
Silence choisi.
… il s’est ruiné !
Tous :
Oh ! ! !
La comtesse :
Vous voulez rire, Poireau ?
Hercule P. :
Jamais pendant le service, chère madame.
L’Archiduc :
Chère amie…
La Comtesse :
Ruinée !
L’Archiduc :
Croyez en mes sincères condoléances…
Hercule P. :
En jouant, je vous le donne en mille…
Silence épique.
… à la roulette russe !
La Comtesse :
Ruinée !
Hercule P. :
Après quoi, redoutant l’opprobre plus encore que les créanciers, il prit le parti de mettre fin à ses jours en se tirant une balle dans la tête !
Le coupable :
Ce qui fait deux.
Hercule P. :
Pardon ?
Le coupable :
Deux balles.
Hercule P. :
Opinant avec modestie
Deux balles, oui, et le compte est bon…
Le coupable :
Toutes mes félicitations, M. Poireau, vous êtes un génie !
Hercule P. :
Mais non, mais non…
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