Ô Cruelle Infortune
Notre tutrice nous enjoint de nous regrouper sous l'éternel et loyal toit de fortune qui protège nos frêles épaules des intempéries de ce monde déchaîné.
Diantre, fichtre, rage ! La gardienne du savoir ancestral ne nous présente point un bien serein visage, ce matin. J'entends l'un de mes compagnons derrière moi, le susnommé Alphonse, qui semble d'humeur loquace. Il ne faut pas attendre bien longtemps avant que le bougre ne se fasse admonester !
Nous pénétrons dans le temple de l'apprentissage et déposons nos séants sur les humbles fauteuils de bois et de fer parsemant cette noble demeure de l'érudition. Tout comme l'exige la tradition, notre préceptrice laisse éclater sa saine colère sur nos âmes perdues.
Son ire n'a d'égal que la tempête, que dis-je, l'ouragan impitoyable qui dévore les navires des marins étourdis.
Jamais, au grand jamais n'a-t-elle été témoin d'un tel naufrage d'ailleurs.
"Crin au postérieur !" Mon camarade Jimmy avait cherché la rime. Ce brave Jimmy ! Quelle maîtrise de l'humour et de la finesse de son art ! Et ce n'est pas l'hilarité générale de la salle qui me détrompera ! Hélas ! Voilà que les larmes dévalent le doux visage de notre institutrice comme le soleil d'hiver qui décroche à l'horizon. Oseriez-vous seulement le croire, ô lecteur fourbe et placide ?
Elle se saisit farouchement des médiocres travaux avec la ferme intention de les rendre à leurs indignes auteurs, à commencer par les plus méritants.
Destin infâme, tu me veux donc à tes côtés.
Des poètes maudits, je suis bien le dernier.
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