Le Camp de Rééducation
L'agente du gouvernement nous ordonne de nous parquer comme des bêtes sous la voûte de métal.
Elle nous toise, prête à sanctionner. Le camarade Alphonse décide de défier l'autorité en brisant la loi du silence. La répression est immédiate.
On nous fait entrer dans la salle d'interrogatoire. Nous nous asseyons timidement sur les chaises en fer glaciales dont la pièce est hérissée. Puis c'est l'éternelle routine qui recommence. Notre surveillante attitrée nous fait un discours dénigrant le travail fourni la veille, insinuant qu'il va falloir accélérer les cadences et réduire les temps de pause.
Les tremblements dans sa voix révèlent une cruelle soif de violence.
Elle nous déclare que nous sommes la plus misérable vermine qu'elle n'ait jamais eu sous son autorité. Des moins que rien.
"Poil à l'arrière-train !" Le prisonnier n°4215 s'est levé dans un élan d'héroïsme, le poing brandi en l'air. Dans le camp, on le surnomme Jimmy. C'est un fameux, ce Jimmy. Toujours là pour nous remonter le moral quand on est au fond du trou. Je vois des sourires blasés se dessiner tout autour de moi. Je relève les yeux vers la responsable. Des larmes de rage roulent le long de ses sévères bas-joues. Peut-on seulement encore y croire?
Elle récupère les compte-rendus de performance de la veille et les distribuent un à un. Les plus productifs pourront choisir leur poste du jour en premier.
La malchance est de retour.
Je suis en bout de liste.
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