Oh Ella, tu es si belle la nuit, assoupie sous tes draps. Ton visage qui n'exprimait qu'une moitié de joie et un brin de douleur est pourtant paisiblement nocturne. Sans nuance, ton âme et ton corps sont en confiance entre les bras de Morphée. Ta respiration est dénuée de peur, celle-ci semble couler aussi calmement qu'une rivière. Les êtres-vivants ne sont jamais plus beaux qu'endormis. Ne feignant plus d'être parfaits, ce sont des statues de marbres. En effet, ils exposent leur véritable figure à la lumière lunaire.

Tu as longtemps caché ta peine sous tes poèmes, ton apparence sous des vêtements trop grands, étouffé tous tes rires avec ta divine main. A tes yeux, toutes ces chimères sont absentes de beauté. Dans mon univers, tes mirages sont sublimement inexistants. Ecoute mon cœur qui appréciait toutes les illusions que tu te créais. J'aimerais oser te dire qu'il n'y a rien de plus utopique qu'un humain sans complexe. La perfection est amorphe et inorganique. Cette dernière nous culpabilise de nos plaisirs et nous contraint à des pensées stériles. La diversité des défauts est un projecteur qui éclaire par ricochet nos propres existences. La vision d'un individu est un pays différent qui est propre à chacun.

Tu n'as pas un corps de photographie de magazine et tu n'es pas aussi désirée que tu le souhaiterais. Tu es agressée par les reflets de la société absurde qui arrive malheureusement à modifier la beauté humaine pour de la falsification commerciale. Balaye à la force de ta sueur rempli d'efforts, tout ce qui te déplait chez toi, néanmoins sache que tu es tout aussi jolie de cette manière. Tente ce que tu n'as jamais osé être par peur du jugement qui demeure constant. Vis, amuse-toi et ris parce que dans quelque temps la vieillesse t'emportera, puis ces nombreuses prises de tête t'auront étourdi inutilement. Et tu te moqueras de tes désespoirs futiles d'antan.

Date d'écriture : Juillet 2017