Je n'ai pas gardé le meilleur

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- Ferme les yeux. Allez souviens-t'en !

Je n'y arrive pas, je n'y arrive plus. J'ai laissé le chagrin l'emporter sur nos souvenirs et les années sur ta mémoire. Si tu savais. Je donnerais toutes les richesses, toutes les promesses pour toi.

Je t'assure, je voulais tout garder de toi. Ton sourire. Ton rire. Ton regard. Tes paroles. Tes recettes. Ton amour. Je m'en veux à m'en arracher les tripes. Qu'est-ce qu'il me reste de toi ? Des photos imparfaites et des souvenirs flous. Pourtant j'entends ton rire. Je vois même ton sourire. Mais ton visage ne se dessine plus aussi parfaitement qu'avant. Je n'entends plus ta voix. J'ai mal ! Ça me manque tellement. On n'a si peu conscience des beautés simples de la vie. On cherche à briller, à gagner mais on oublie que les plus belles choses résident en chaque jour dans ceux que nous aimons. Et je m'en veux. J'essaie, parfois même ça me vient comme ça ! Comme une brise. Ton souvenir m'effleure, me saisit, et s'en va de nouveau. Je ne veux pas t'oublier. Je ne peux pas t'oublier. Je t'aime trop.

Mais tu sais, le souvenir de la maladie est trop fort. Je t'ai vu souffrir pendant de longs mois. Et ça, je voudrais l'oublier. Oublier l'agonie dans ton regard, dans tes larmes et tes gémissements. Put***, je voudrais oublier ce jour. J'étais là, allongée, récupérant d'une soirée entre amis qui s'était un peu trop éternisée. Le téléphone sonne dans la chambre d'à côté ! Papa décroche. Et j'entends tout le monde faire les sacs. Je me lève sans trop comprendre, la peur au ventre. Juste t'es partie. Et j'étais là à profiter égoïstement de ma vie alors que tu rendais ton dernier souffle. Je voudrais oublier la sensation de voir ta soeur, ma grand-mère, pleurait ton départ. Je voudrais oublier l'état fébrile de mon corps devant ce trou de terre qui aurait dû le rester. Au lieu de ça, c'est devenu ta demeure.

Non j'ai trop mal. Parce que quand je me rappelle de toi, j'ai d'abord tous ces souvenirs de douleur qui remontent. Et je les combats, je les affronte, je les pleure, je les hais ! Et là, enfouie sous les dégâts du deuil, j'aperçois une lumière. Qui se bat pour briller. Parce que je t'aime. Je t'aime! J'aperçois enfin l'amour dans ton souvenir.

- Ferme les yeux ! Allez souviens-t'en ! Bats-toi pour elle, pour son souvenir.

[Le manque est aussi grand que l'amour que tu nous as laissé]

Aku seneng koe

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