Gueule de travers
Ma femme triche. Ma femme frime. Ma femme friche. Ma femme m'a quitté.
Je me perds depuis un peu. Je ne sais trop pour quoi, pour qui, je me perds voilà tout. Plus d’orchestre dans le ciboulot, plus de fanfare dans le calbar. Tout ça devient mou, flasque et gluant. Ça pourrit de l’intérieur en somme.
Quand encore je suis saoul, seul, saoul et sous. Je l’appelle, elle ne répond plus. Elle a changé de téléphone, pris un i-phone, changé de numéro après avoir changé de mec et accessoirement porté plainte contre bibi pour harcèlement.
C'est pas du joli de m'écraser plus encore dans mon état. que je lui ai dit. Salope ! Moi je voulais juste qu'en reviennne, qu'on se la coule douce ensemble encore des siècles. C’est ce que j’ai fini par chialer la toute dernière fois que nous nous sommes parlés de manière sensée ( ou presque)
Elle m’avait ri au nez.
Je voulais pourtant des choses simples moi, rire, bouffer et surtout aimer. Voilà, qu’elle m’enlève tout. D’un coup. Plus le bide à manger, plus la bouche à sourire. Plus rien. Alors, je deviens méchant depuis. Contre elle, contre tous.
Je n’ai plus de rêves, que des cauchemars. Avec ma petite volonté, j’essaie de les réaliser. Mais c’est pas du folichon, du grand succès. On s’fout plus de moi qu’autre chose quand je beugle dans la rue, un peu la gueule de travers.
C’est certain que si j’avais brandi un grand drapeau noir avec un coupe-coupe, feraient moins les marioles. Mais là, tout honnête, je n’avais pas envie de devenir tout à fait un gros enculé, je n’étais pas encore assez stupide pour.
Ça se barre, ça se crane, ça s’avère beau et riche partout pendant que je dégueule. On s’étonne que j’aie la rage et que je picole encore plus. Ils font dans le paraître je me dis, c’est que du toc, du stuc. Ça me chiffonne encore plus et je continue de les haïr autant que je me déteste.
Dans la vie, il y a donc tout ça les gagnants, les perdants. Fallait me faire une raison, je faisais partie des seconds. Toute entreprise, y compris mes dernières rages depuis, devenaient un gouffre, une banqueroute. Je ne réussissais définitivement rien de ma vie. Y compris mes défaites.
Dans le trou du trou en somme.
C’est à ce moment-là qu’il n’y a plus grand-chose à dire.
C’est à ce moment-là qu’on se retrouve tout à fait tout seul comme un con.
Pour longtemps.
C’est à ce moment-là que nous renaissons tous.
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