Cher corps
Vaisseau de mon âme, porteur de mon espoir, de ma mélancolie et soutien de mes jours, je t'écris ceci.
Après t'avoir vu changer, te déformer pour embrasser toute l'ampleur de mon être, je ne peux que te remercier d'être là malgré toutes les souffrances et les diatribes que je t'ai fait endurer.
Si j'avais su plus tôt à quel point tu étais important et la chance que j'ai de t'avoir...
Tu n'es pas svelte, tu n'es pas délié et aussi lisse que les photos retouchées des mannequins, certes, mais tu es fort, souple, grand, intimidant et grandiose. Tu n'as pas à t'avouer vaincu face aux poids, grâce à toi je ne quémande pas que l'on m'attrape le paquet tout en haut, et je ne supplie pas qu'on prenne ce carton trop lourd. Je le porte et en redemande. Un vrai déménageur. Une vraie indépendance qui fait peur aux autres. J'ai crapahuté dans la montagne, escaladé des falaises, grimpé aux arbres et briser des portes à coups de pied sans problème grâce à toi.
Peu féminin mais si résistant. Jamais entravé par un rhume, une plaie ou tout autre cassure. Tu endures et me laisse maîtresse de ma douleur.
Tu m'as fait douter de ma place dans ce monde, trop grand, trop large, trop fort. Tu fais complexer les garçons et surprend les hommes mais aucun d'eux n'a été aussi injuste que moi envers toi. Je m'en excuse aujourd'hui et maintenant, plutôt que de te rayer, te blesser plus ou moins volontairement, je m'engage à te décorer et à t'honorer pour savoir me porter sans limiter mes rêves et ma volonté. Merci à toi, mon corps.
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