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J'ouvre les yeux dans un hurlement de terreur. Seule la pénombre m'entoure, aggravant mon angoisse déjà présente. En serrant les poings, je reconnais le contact de mes draps en coton sur ma peau. Aussitôt, je m'apaise. Je n'en peux plus... Ces derniers temps, je n'arrête pas de rêver de lui. Parfois, j'ai même l'impression de le voir devant mon lit, en train de m'observer, un sourire morbide au visage. Mais ça ne peut pas être réel. Je l'ai tué de mes propres mains et j'ai vu son cercueil être scellé six pieds sous terre. Alors pourquoi... Pourquoi j'ai l'impression qu'il m'observe en permanence ?
J'attrape fébrilement ma couverture et la place au-dessus de ma tête. Comme une enfant, j'ai l'impression que la couette me protège de tous les dangers, qu'elle forme un bouclier impénétrable. Rapidement, la chaleur devient insoutenable, mais je refuse de sortir. Par je ne sais quel miracle, j'arrive à trouver le sommeil.
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La nuit précédente ne m'a pas revigorée, c'est même tout le contraire. Je suis épuisée et n'arrive pas à me concentrer sur mes cours. De toute évidence, une nouvelle séance chez le psy s'impose. Qu'allait-il m'apprendre que je ne sais pas déjà ? Je ne suis pas responsable, j'ai agi en légitime défense, je dois me recentrer sur l'essentiel, m'occuper l'esprit... D'accord, j'admets les séances me font du bien, mais je ne peux pas me résoudre à avouer toute la vérité. Je ne peux pas dire à mon psy que, chaque fois que je mets un pas dehors, j'ai l'impression qu'il est derrière moi. Que chaque soir, quand je vais dans mon lit, je ressens son regard oppressant sur mon corps. Si je fais l'erreur de lui en parler, je suis sûre qu'il m'enverra en psychiatrie.
L'après-midi touchant à sa fin, je m'empresse de quitter l'établissement. Quelques copines me proposent de sortir, mais je décline poliment. Je ne veux pas me retrouver dehors la nuit, même accompagnée. Je cours presque sur le chemin du retour, étonnant les passants qui me regardent comme si j'étais ahurie. Puis, arrivée chez moi, je m'enferme à double tour. Mes parents ne sont pas là. Ouf. Pas de questions harassantes sur ma journée. J'entre dans la cuisine pour attraper un sachet de biscuits et étale mes affaires sur le bar pour faire tranquillement mes devoirs.
Quelques heures plus tard, j'envisage de prendre ma douche et range toutes mes affaires. Je me faufile dans la salle de bain, retire mes vêtements puis glisse sous l'eau chaude. En voulant me laver les cheveux, je réalise que le shampoing n'est pas là. Je peste. Encore un coup de ma mère ! J'ouvre le rideau et écarquille les yeux en apercevant sa silhouette dans le miroir. Non ! Non, non, non, non... Ce dernier esquisse un sourire glaçant et je pousse un cri d'effroi. Je me retourne à la recherche d'un objet quelconque pour me défendre et, lorsque je pivote dans sa direction avec une lime pour les pieds, je réalise qu'il a disparu. C'en est trop. Je m'effondre, pleurant à chaudes larmes.
Après cet évènement terrorisant, j'avance d'un pas lent jusque dans ma chambre. Ma gorge se noue d'appréhension. Je ne sais pas si je pourrai supporter une nuit de plus. Il faut définitivement que j'aille chez le médecin pour exiger des somnifères. J'enfile un pyjama aux motifs floraux et me glisse dans mon lit en soufflant. À peine ai-je fermé les yeux que, déjà, une sensation désagréable vient comprimer ma cage thoracique. Je me cramponne à ma couverture lorsque, soudain, des miaulements raisonnent au bas de ma fenêtre. Irritée, je m'écris à voix haute.
— Papa, maman ! Lili est restée dehors !
Personne ne me répond. Je recommence... Toujours rien. Je décide d'ignorer l'animal mais les plaintes de celui-ci m'arrachent un râle de compassion. Bordel de merde. Je me lève comme une furie, enfile mes chaussons et descends pour rejoindre le rez-de-chaussée. Les lumières sont éteintes, mes parents sont probablement en train de dormir. Dans ma névrose, je décide d'attraper le couteau suisse de mon père à l'intérieur de son blouson pour le mettre dans ma poche. Je soupire et déverrouille la porte d'entrée. En l'ouvrant, j'aperçois Lili qui me regarde avec ses grands yeux ronds. Et, alors que je m'approche pour l'attraper, celle-ci recule.
— Putain, Lili, c'est vraiment pas le moment !
J'avance d'un pas, mais elle s'éloigne davantage.
— Tant pis pour toi !
Furieuse, je fais demi-tour et referme la porte. Aussitôt fait, la chatte se remet à miauler. Je jure entre mes dents, me débarrasse de mes chaussons afin d'enfiler mes chaussures à la place. Cet animal me perdra ! À nouveau, j'ouvre et m'engage dehors. L'idiote recule pour aller se cacher dans un buisson à quelques mètres de là. Mais pourquoi faut-il toujours qu'elle fasse ça ?! Je la suis et l'attrape sans qu'elle ait le temps de réagir.
— Un jour, tu te retrouveras à passer la nuit dehors, crois-moi !
Je me retourne et hoquette de surprise, libérant sans le vouloir la chatte qui court à l'intérieur de la maison. Je le vois. Ce n'est pas possible, ça ne peut pas être vrai. Je recule, mais, la silhouette que je pensais être une hallucination, s'approche de moi. Je me pince, ferme les yeux, les rouvre... Et constate avec horreur qu'il se tient maintenant face à moi. Il me fixe de ses yeux vides, un sourire carnassier au visage. Sa peau est affreusement pâle, ses cheveux corbeaux sont désordonnés, ses lèvres bleutées. Je ne peux pas y croire. C'est forcément un cauchemar.
— Bonsoir, mon amour. souffle-t-il.
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