"Savoir poser les bonnes questions."

La première question que l'on posait naturellement était celle-ci :

" Qui êtes-vous ?"

Et de celle-ci découlaient toujours des myriades de questions qui encerclaient le prisonnier dans un filet de plus en plus serré.

Adresse, famille, amis, travail, relations...

On pouvait prendre des notes devant lui. Cela donnait du poids aux paroles. L'écrit rendait les choses plus concrètes. Mais le prisonnier risquait de se surveiller.

Si on souhaitait plus de spontanéité, il ne valait mieux pas noter.

A charge de quelqu'un de s'occuper du secrétariat. Discrètement.

Dans une pièce toute proche par exemple.

Et grâce à ces questions anodines mais bien posées, on obtenait : des noms, des adresses, des relations...

De futures pistes à suivre.

De futurs prisonniers à interroger.

Savoir poser les bonnes questions.

Commençons !

" Nom ! Prénom ! Matricule !"

L'officier serra les dents.

Oui, il avait oublié ! Il y avait aussi le matricule.

Dans les montagnes, il y avait les loups mais il y avait aussi les hommes.

Et les hommes étaient pires que les loups, même les couples d'alphas.

Où était sa belle louve ?

Il espéra qu'elle avait échappé à la traque.

" Nom, prénom, matricule."

Il donna ces informations aux terroristes qui l'avaient capturé et sourit en les voyant tomber des nues.

" Vous êtes l'officier XXXX ?!"

Oui !

De vrais gamins.

Il leur accorda un sourire bienveillant.

" Mais que foutez-vous là ?"

Une autre question.

Mhmmm.

Il y avait différentes façons d'interroger.

On pouvait asséner les questions et attendre l'argumentation.

" Qu'avez-vous fait d'Adrien XXXX ?"

Face à ce genre de questions, il fallait répondre et développer sa réponse.

On pouvait s'en contenter. Et ainsi le bourreau pouvait abréger l'interrogatoire.

Cela marchait bien avec les bavards et les peureux. Ou avec les orgueilleux.

L'officier n'était aucun de ces types d'hommes.

" Je cherche la piste du fils de l'ingénieur. Pierre XXXX."

Il avait répondu en développant sa réponse.

Il les voyait assimiler et se regarder les uns et les autres.

" Il n'est pas là !," fit l'un d'eux, surpris.

Sans blague ?!

" Vous voulez le gamin pour faire pression sur l'Organisation ou juste pour le torturer afin de faire peur aux autres ?"

Ha !

Une autre manière d'interroger : la question à multiples réponses.

On laissait le choix mais en réalité, on était déjà en train de manipuler le prisonnier. Souvent, on avait quelque chose déjà en tête.

Comme faire avouer un crime.

" Juste le torturer. Et lui faire avouer qui rencontrait son père.

- Mais c'est un gamin !? Que voulez-vous qu'il vous dise ?

- La vérité !

- Salopard ! "

Une gifle lui marqua la joue.

Petits joueurs !

L'officier sourit.

Où était sa louve et son envie de meurtre ?

Ou alors...elle l'avait trahi ?!

" Vous êtes un salopard ! Vous allez crever dans ces foutues montagnes et personne ne retrouvera votre corps. Vous avez quelque chose à ajouter ?"

Mhmmm.

Il apprécia le coup en connaisseur.

Jouer sur sa peur et espérer qu'il se mette à parler.

Cela pouvait marcher pour les personnes désespérées.

En était-il une ?

Honnêtement, il se posa la question.

Il y avait longtemps que tout était mort en lui.

" Le gamin est-il en sécurité ? Ou vous l'avez perdu aussi ?," demanda l'officier en souriant, gentiment.

Le sourire ne se reflétait pas dans ses yeux clairs.

C'était le seul défaut de son personnage.

" Il est en sécurité ! Nous prenons soin de nos hommes !"

Pauvre con !

L'officier remercia en hochant la tête.

Il sentit le canon froid d'un revolver se poser sur sa nuque.

La forêt et les montagnes formaient un merveilleux écrin.

Où était sa louve ?