" Il y avait aussi la vengeance."

Et il se vengeait.

" Avez-vous participé à l'attentat contre notre Chef ?

- Non, voyons."

Tout sourire et charmeur, l'officier déambulait dans les salons et côtoyait les grands de ce monde, les frôlant d'un geste. Juste le temps de passer tout contre et d'aller plus loin.

" Avez-vous participé à l'attentat contre notre Chef ?

- NON !"

Des mains qui se posaient sur ses épaules. Il faisait danser ces dames et souriait à ces messieurs.

Un homme agréable et respectueux.

" Vous a-t-on parlé du conseiller XXXX ? Sa femme était très proche de XXXX.

- Non, madame, s'étonnait ce bel officier.

- Quel dommage !"

On se souriait, on se comprenait et le jeune officier se penchait vers sa cavalière, quel que soit son âge, quel que soit son rang.

" Voulez-vous m'en parler ?"

Un souffle chaud sur une joue.

" Avez-vous participé à l'attentat contre notre Chef ?

- NON, PITIE NON !"

La vengeance. L'ambition. La haine.

L'officier trouvait autant de malfaisance parmi les grands de ce monde que parmi les plus bas des criminels.

La condition humaine.

Et il en jouait à merveille.

" Ainsi, l'officier est un traître ?

- Mais oui, mon cher, lui racontait cette femme, dépouillée de ses fourrures et de ses bijoux. Que voulez-vous ? Il veut la place de Chef."

Un rire cristallin que l'officier savait transformer en gémissements.

" Avez-vous participé à l'attentat contre notre Chef ?

- NONNNNNN !"

Une valse et encore une valse.

Des sourires et des mains sur ses épaules.

Le jeune officier avait du succès.

On pensait même tout bas à l'approcher.

L'envie de danser avec le diable.

Il faisait peur et attirait à la fois.

" Avez-vous participé à l'attentat contre notre Chef ?

- Oui."

" Alors, mon cher. Où en êtes-vous de votre enquête ?

- J'avance, monsieur.

- Montrez-moi ça."

Une liste de noms.

Une liste écrite par la vengeance, l'ambition, la haine.

" Je suis content de vous, mon ami."

L'officier s'inclina avec déférence.

L'ambition faisait marcher le monde.

La haine.

La vengeance.

" Vous êtes un merveilleux danseur, mon cher."

Un léger sourire et l'officier s'inclina.

" J'ai appris.

- Et bien appris. Continuez ainsi et nous verrons ce que nous ferons de vous !"

Le plus proche.

Mais terriblement solitaire.

Au-milieu de tous ces danseurs, l'officier rêvait de sa prison.

L'homme a besoin de se sentir utile.