Espérance et foi
" Nous serons les vainqueurs !"
Oui, nous serons les vainqueurs !
Car nous avons raison !
Le monde ancien doit être détruit.
Le Phénix doit mourir pour renaître de ses cendres.
C'est ainsi.
Il faut faire table rase pour bâtir sur de nouvelles fondations.
Et ainsi changer le monde !
Ce monde est pourri et les hommes souffrent !
Ecoutez les paroles et suivez les actualités !
Chacun le dit et le répète !
Il faut changer !
Alors, nous serons les vainqueurs !
Lorsque le monde sera purifié, un nouveau monde apparaîtra.
Fait de bonheur et de joie.
Fait de droiture et d'égalité !
Fait de liberté et d'unité !
Un nouveau monde bâti sur les ruines de l'ancien !
Nous serons les vainqueurs car nous portons la bonne parole !
C'est ainsi que cela doit être !
Sinon...à quoi sert de lutter ?
L'officier croyait en ses idéaux de paix et d'équité.
Il s'était engagé pour combattre en leur nom.
Si les autres n'en voulaient pas, alors il fallait les imposer !
C'est ainsi pour l'homme.
L'homme est une créature aveugle, faite d'habitude et de routine.
Il faut lui imposer son bonheur.
A coups de canon et d'épée.
A coups de matraque et de revolver.
Par la prison et par la terreur.
Car l'homme est une créature stupide, elle ne voit pas son intérêt.
Ou plutôt, si.
Elle est égoïste, égocentrique et individualiste.
Elle voit son propre intérêt.
Il faut la forcer à voir celui des autres.
" Le commandant XXXX est mort, officier, annonça le jeune soldat au bourreau de la prison de XXXX.
- Dommage. J'aurais pu en tirer davantage."
L'officier fumait sa cigarette en silence.
Il était dehors et regardait le ciel au-dessus de la prison.
Il voyait les nuages qui s'accumulaient en promesse de pluie et de tempête.
" Il n'a pas supporté le dernier interrogatoire, officier, se permit de remarquer le jeune homme.
- Ne vous inquiétez pas, soldat, rétorqua le bourreau. Il en viendra d'autres."
L'officier se mit à rire.
Mais son rire n'avait plus rien d'un rire.
Il avait la foi et l'espérance.
Il croyait en ces idées que diffusaient son parti.
Il croyait en des lendemains qui chanteraient et au bonheur de l'humanité.
Il croyait que sur les charniers d'aujourd'hui pousseraient les fleurs de l'avenir.
Il y croyait.
Car cela ne pouvait pas en être autrement.
Il fallait d'abord labourer le monde et le briser par le soc et la charrue pour pouvoir l'ensemencer.
Il fallait l'ensemencer de force pour pouvoir le voir enfin germer.
De nouvelles idées.
Des idées de grandeur et de bonheur.
De pureté et d'égalité.
Etaient-ce de mauvaises idées ?
L'officier avait l'espérance et la foi.
L'espérance et la foi suffiraient-elles ?
Non.
Mais nous avons raison !
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