Philéas
La corporation disposait d’un grand domaine aménagé, à ce que l’on disait, sur l’emplacement exact où le premier navire s’était posé.
Un grand bâtiment de plusieurs centaines de mètres abritait les archives ainsi que les orbes de cristal. L’édifice s’était allongé au cours des ans et chaque époque y avait apposé son style. L’ensemble plutôt disparate donnait l’impression de voyager dans le temps.
De l’autre côté de l’imposant parc arboré, s’élevait la tour des vents. Son sommet accueillait les appartements du maître.
Philéas observa un moment, les allées et venues des membres de la guilde. Certains se reposaient dans le parc pendant que d’autre se pressaient d’entrer ou sortir au gré de leurs occupations.
Il se détourna de ce manège hypnotique et consulta la clepsydre en verre qui trônait dans un angle de la pièce. Dix heures s’était écoulée depuis le lever du soleil, elle avait dû commencer.
Des coups résonnèrent contre la porte.
— Entre, je t’attendais Roméric.
— Bonjour maître.
— Inutile pour un ami d’enfance d’être aussi cérémonieux en privé, je t’écoute.
— Tout s’est déroulé comme prévu. Elle a brisé la boule contrefaite, pris la boule authentique cachée dans la réserve et l’a déposé sur le socle.
— Et la porte ?
— Elle est apparue, Réannelle l’a franchi. Elle arpente la Voie dorénavant.
Les souvenirs de leur tentative passée, revinrent peupler leurs pensées. Allait-elle réussir là où ils avaient échoué ?
Philéas sortit deux verres et une bouteille d’alcool de fruits. Où qu’ils se trouvassent, les êtres humains découvraient toujours le moyen de distiller une boisson destinée à réchauffer les âmes.
— C’est un peu tôt, non ?
— Tu as mieux à faire ?
Roméric avala d’un trait le premier verre.
— Pourvu qu’il ne lui arrive rien de fâcheux.
— Elle est douée, elle peut réussir.
Réannelle s’efforça de rouvrir la porte, mais celle-ci ne cédait pas d’un pouce. Elle décrocha la torche de son support et entama la descente.
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