Personne ne nous dit sur l'après de la transformation. Comment ça se passe, combien de temps ça prend, et notre esprit, notre conscience ou est-elle ?

On nous disait, assez souvent, que la transformation dépendait de la personne, de son ADN, et surtout de son métabolisme. Ça pouvait durer, une heure, deux ou plus. On ne savait pas à quoi s'attendre dès que notre entourage était infecté, et à vrai dire, on avait peur.

Je regarde autour de moi, essayant de me souvenir de ce qu'il s'était passé, et essayant de comprendre pourquoi mes mains étaient liés. Je souffle de soulagement, en comprenant que je m'étais pas transformés et que j'avais eu beaucoup de chance. Un autre soupire se fait entendre. Je tourne la tête sur le côté droit, et aperçoit Aaron, assit, passant une main sur son visage, et l'autre main, avec une arme.

Il devait me tuer, si tout se passait mal, si je le devenais, mais heureusement, ce n'est pas le cas.

- Ravis que tu sois en vie, dit-il en lâchant l'arme.

- Ouais..je suis rassuré.

Il quitte ma chambre, sans oublier de défaire mes liens et me laisse tranquille. Je pense que je devais me reposer, surtout que j'étais attaché et dans une mauvaise position. En plus de cela, je venais de découvrir que ma blessure c'était refermé, tout seule, alors que nous n'avions pas eu le temps de me soigner. J'étais différente, j'avais la chance de m'auto-guérir, après être blesser, et c'était une bonne nouvelle pour moi, mais pas pour les autres.

Ne voulant pas penser à eux, et cette histoire de changement d'avis, je décide de me changer, et de me reposer.

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Toute l'après-midi, j'étais rester sur mon lit, à comprendre comment nous étions arrivé à un point de non-retour. Être mordu, est quelque chose de normal pour nous, on devient un zombie, on mange la chair d'un humain et on perd complètement l'esprit, mais c'était autre chose.

J'avais évité cette étape horrible, et le plus important dans tout cela, c'était que je pourais respirer des spores sans avoir peur de devenir comme eux. Tout compte fait, j'étais spéciale, comme le répéter souvent ma mère avant mes compétions. Pour une fois, que ses compétitions de sport m'ont servis à quelque chose.

La porte s'ouvre sur Aaron qui dépose des boîtes de conserve sur mon lit accompagner d'une cuillère et reprend la même place que hier. Il ne parle toujours pas, trop perturbé du fait que je sois toujours là, avec lui. Je le remercie avec un sourire et mange le plus rapidement possible, tellement j'avais faim.

- Il est temps qu'on parle de ce qu'il s'est passé non ? Demande-t-il en regardant par la fenêtre.

- Ouais.. dis-je en terminant mon repas.

Je dépose les boîtes de conserves sur mon lit, essuie ma bouche et boit un peu d'eau avant de lui dire.

- Écoute, le mieux est que nous restions ici, pendant un temps, pour éviter que les autres viennent ici.

- Ei si ils se pointent ?

J'ai l'impression qu'il a peur.

- Ça ne sera pas le cas, car on va devoir changer d'endroit pour quelques jours.

- D'accord.

- Et..pour ce que tu m'as dis hier, si tu veux avoir ma confiance, ne les revois plus.

Je sais que dit ainsi c'est juste incompréhensible, mais c'était la seule façon d'être éloigné d'eux et surtout d'être tranquille le temps que je reprenne des forces. Rester assis toute une nuit était épuisant, et avoir des courbatures l'était aussi. Je ne comptais pas aller bien loin, je tenais trop à notre maison, mais si je voulais les éviter, il le fallait. Aaron tourne la tête vers moi, voulant m'analyser, si je blaguais ou pas puis hoche la tête, en comprenant que ce n'était pas le cas. Il quitte un peu plus tard ma chambre, me laissant seule.

Une fois que je suis seule, je sors de mon lit en faisant des efforts pour ne pas tomber, ouvre mon armoire, prend un sac de sport et mets des vêtements, sans les plier. Je devais partir ce soir, afin de laisser du temps à mon ami de se préparer de son côté. Le but était d'être discrète sur le fait que je n'étais toujours pas morte et surtout de surveiller la maison si ces chasseurs revenaient pour parler à Aaron.

Aaron

Elle m'avait dit qu'on devait changer d'endroit, que c'était préférable pour elle, car s'ils savaient, ils n'allaient plus la lâcher. Et comme je voulais avoir sa confiance, j'ai décidé d'aller les voir pour leur dire qu'elle était morte, afin de ne plus les avoir sur notre dos. Parce que oui, je voulais changer, certes, j'aurais toujours la culpabilité d'avoir fait tout ça, mais au fond, j'aurais compris une chose, que si on ne veut pas aller dans une équipe, c'était parce que nous n'avions pas envie. Et qu'il ne fallait pas forcer.

J'enfile un pull, porte une arme, prend un sac et met des munitions avant de quitter ma chambre. Je quitte la maison, en espérant ne pas être entendu, puis commence à prendre le même chemin qu'hier. Je me rappelais du chemin que nous avons parcourue, des endroits que nous avons traversé, des ruelles que nous avons passé avant de s'arrêter au niveau du parking à cause des infectés.

C'était bien, on avait oublié juste durant quelques secondes ces personnes. Ce ne sont même pas mes amies, ce sont juste des personnes qui m'ont retrouvés à moitié mort dans une maison, et m'ont aidé. J'ai vécu avec eux, et lorsque nous avions croisé le chemin de Elona, tout à changer. Ils ont décidé de la prendre dans l'équipe. Au début, on avait envoyé un ami la voir, pour lui demander simplement de nous rejoindre, elle avait refusé l'offre et Marcus n'aimait pas trop sa réponse, alors ils ont décidé de l'aider à chasser des infectés, mais elle n'a jamais changé d'avis. Et j'étais leur dernière option.

Je ne voulais pas, je refusais de tomber dans leur jeu malsain. Obliger quelqu'un à venir dans votre équipe tout ça pour ses compétences qui sont sans le mentir, géniaux, mais non. Je n'étais pas cette personne, et je ne voulais pas le devenir, mais ils ont menacé de s'en prendre à ma famille, ma seule famille, ma soeur. Elle n'avait que quatorze lorsqu'on était séparé, et lorsque je l'ai revue, j'étais heureuse d'apprendre qu'elle était vivante. Mais maintenant, il l'utilise comme chantage contre moi, et j'ai dû accepté, à contre-coeur.

Je décide de continuer ma route, une arme dans la poche. Je me disais que si je leur disais qu'elle était morte, ils me laisseront tranquille, et qu'ils oublieront ma soeur. Une infime espoir que tout revienne dans l'ordre. Enfin, je l'espère.

J'arrive au bout de plusieurs minutes aux portails. Les gardes me regardent avant de sourire et de crier à leur camarades de m'ouvrir. Je ne dis rien, montre aucune émotion. Fallait que je sois le plus crédible possible. Qu'il me croit lorsque je leur dirais qu'elle n'a pas survécu à ses blessures et à cette morsure.

Le portail fait un énorme bruit pendant qu'il souvre. Les personnes dans le village me regardent, certains froncent des sourcils et d'autres continuent leur activité. Je remercie le gars puis avance tranquilement, les mains dans les poches vers l'épicerie. C'est là qu'il travaille quand il ne fait pas de chasse aux infectés. Éric travaille pour Marcus en tant que bras droit, alors lui dire la mauvaise nouvelle ne va pas lui plaire et j'ai hâte de voir cette peur sur son visage à ce moment-là. Au moins, je sais que cette perte va rendre dingue Marcus plus que lui.

J'arrive devant le magasin, attend qu'il me voit et dès que c'est le cas, ferme la vitre qui les sépare de ces clients. Certains rouspète, attendant depuis un moment, d'autres s'en vont, sans rien rajouter à part que des injures. Il dépose son tablier, se nettoie les mains et sort par une petite porte à l'arrière pour me rejoindre. Je profite pou ranger ma casquette que j'ai enfilé lorsque je suis arrivé ici, puis croise les bras avant de répliquer.

- Si je disais à Marcus qu'elle est morte il fera quoi à ton avis ?

Le choc et la peur se lisent sur son visage. Je le savais ! Il met trop d'espoir en cette fille en oubliant que nous ne sommes plus dans l'ancien monde, mais dans un nouveau et que tout peut arriver.

Les secondes passent, et rien de sa part. Pas de réponse. Même pas un chuchotement.

- Dis lui la nouvelle, répliquais-je sans le regarder.

Toujours pas de réponse de sa part.

Je lui lance un regard, puis décide au bout de quelques secondes de quitter l'endroit, sans me retourner. Je pense que rien que l'information que je venais de donner, allait créer des disputes entre eux. Mais bon..

Maintenant, ce n'est qu'une question de temps avant qu'il se rend compte que j'ai menti et qu'elle ait survécu face à cette épreuve.